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Crise : Trichet se justifie devant les parlementaires irlandais

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  • Crise : Trichet se justifie devant les parlementaires irlandais

    Après avoir accepté de s'expliquer hors du cadre officiel devant la commission d'enquête du parlement irlandais sur les causes de la crise, Jean-Claude Trichet a nié toute responsabilité de la BCE dans la crise irlandaise. Sans convaincre.


    Après avoir tenté pendant des années d'échapper à toute explication sur le comportement de la BCE pendant la crise, Jean-Claude Trichet, l'ancien président de l'institution de Francfort, a dû céder. Mais en posant ses conditions. Le parlement irlandais (l'Oireachtas), qui a diligenté une commission d'enquête sur la crise irlandaise, voulait en effet entendre l'ancien banquier central, notamment pour éclaircir les conditions dans lesquelles l'Irlande avait dû faire appel en 2010 à « l'aide » du FMI et de l'Union européenne, sous la pression de la BCE. La publication d'une lettre à l'ancien ministre de l'Economie irlandais Brian Lenihan où Jean-Claude Trichet menaçait de couper à l'Irlande le financement d'urgence (le fameux programme ELA, une arme depuis utilisée contre Chypre et la Grèce) si le pays refusait de renflouer les banques en faillites, avait rendu encore plus urgentes les explications nécessaires.
    « Contournement » pour éviter une audition formelle

    Mais Jean-Claude Trichet, soutenu en cela par la BCE, a toujours refusé de comparaître devant la commission, considérant qu'il n'avait, en tant que président de la BCE, aucun compte à rendre devant les juridictions nationales. La pression a sans doute été trop forte (pas de France, où l'on a à peine évoqué le sujet, mais d'Irlande). Jean-Claude Trichet a donc décidé de parler. Il a cependant refusé de comparaître devant la commission en tant que telle.
    On a donc trouvé un « contournement. » L'ancien président de la BCE s'est rendu ce jeudi 30 avril à l'invitation d'un think tank irlandais, l'IIEA, à une conférence à l'hôpital royal de Kilmainham « à titre personnel. » Il y a prononcé un discours et « a accepté » » de répondre aux questions des membres du comité. De son côté, l'Oireachtas a accepté de considérer cette intervention comme une « preuve » dans le cadre de l'enquête. Tout le monde s'en sort bien, donc, tant il est vrai que la majorité des députés irlandais - qui ont soutenu l'austérité dans la majorité actuelle (Fine Gael-Labour) ou dans la précédente (Fianna Fail) - ne voulait pas « charger » de culpabilité la BCE sans pour autant, devant l'opinion, pouvoir se passer de ce témoignage.
    Justification et déni

    Qu'a dit Jean-Claude Trichet dans son intervention ? Rien d'autre que ce qu'il dit depuis des mois. Il n'y a pas eu de pression de la part de la BCE sur le gouvernement irlandais. « La BCE a simplement donné des conseils, mais c'était une affaire qui relevait du gouvernement », a-t-il indiqué. De fait, pour lui, la question ne se pose pas, le gouvernement irlandais en 2010 n'envisageait aucune autre possibilité que celle qu'il a suivi. « Il y avait un consensus au niveau européen sur le fait que le partage du fardeau du défaut était une proposition trop risquée et aux conséquences imprévisibles», a ajouté l'ancien directeur du Trésor français. Autrement dit, le risque de faire payer les créanciers était jugé trop dangereux. Et c'est pour cela que Dublin, sur les conseils « amicaux » de la BCE, a décidé de renflouer les banques. Jean-Claude Trichet, sans répondre réellement à la question d'un éventuel « chantage » sur l'ELA, s'est contenté d'affirmer que l'Irlande avait été soutenue « très largement » par la BCE durant la crise. L'ancien président de la BCE s'est donc retranché derrière les « règles. » « La seule chose qui est absolument claire, c'est qu'il y avait un soutien fantastique de l'Eurosystème dans son ensemble à l'Irlande. Le message était le même pour tous les pays - tous sans exceptions. Et tous les pays ont réagi comme l'Irlande », a souligné Jean-Claude Trichet. Lorsque le mot « menace » arrive dans la discussion, il est proche de s'énerver et affirme « qu'il n'a jamais menacé l'Irlande. »
    En ce qui concerne les causes de la crise, Jean-Claude Trichet estime que c'est le manque de discipline budgétaire des Etats de la zone euro (la « négligence bénine », souligne l'ancien président de la BCE) qui, pour l'ancien président de la BCE, est à l'origine de tous les maux. Pour lui, ce sont les gouvernements qui sont donc à l'origine de la crise, notamment parce qu'ils n'ont pas écouté les « mises en garde » de la BCE. Concernant l'Irlande, il a blâmé la hausse des salaires qui a dégradé la compétitivité du pays.
    C'est donc à une leçon de doctrine néoclassique que s'est livré le Français devant un auditoire irlandais qui a dû rester sur sa faim. Car Jean-Claude Trichet, tout occupé à disculper la BCE - et à se disculper lui-même - oublie beaucoup de données. Certes, il est juste, comme il le souligne, qu'il est plus aisé de regarder cette histoire « avec les lunettes d'aujourd'hui », mais le storytelling de celui qui fut le chantre du « franc fort » manque de conviction sur plus d'un point.
    Les faiblesses du storytelling de Jean-Claude Trichet

    La crise irlandaise n'est pas une crise de compétitivité. C'est une crise bancaire alimentée par les taux réels bas de la BCE qui ont régné dans les années où Jean-Claude Trichet était président de la BCE. Ces taux ont alimenté une bulle immobilière très spéculative, aggravée par le développement d'une plate-forme financière démesurée, liée à la fiscalité. Le détonateur a été la fameuse garantie de l'État accordée aux banques après la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. C'est cette garantie qui, deux ans plus tard, a déclenché la crise irlandaise. Jean-Claude Trichet a indiqué que Dublin n'avait pas consulté la BCE sur cette garantie. Le Français a farouchement nié avoir appelé trois jours avant cette garantie (posée le 29 septembre 2008) Brian Lenihan, comme ce dernier l'avait affirmé. Rappelons que Brian Lenihan est aujourd'hui décédé. Pour autant, Jean-Claude Trichet indique que cette garantie était « juste. » Tout ceci manque singulièrement de cohérence et dénote un manque de prévoyance de la BCE à cette époque, n'en déplaise à son ancien patron.
    Quant à l'absence « d'alternative » concernant les banques irlandaises, le cas islandais prouve que les choses ne sont pas si simples. Plusieurs questions restent ouvertes : quelle était la connaissance de la BCE de la situation des banques irlandaises ? Quel rôle a joué le fait que les créanciers des banques irlandaises étaient les banques françaises et allemandes ? Comment expliquer la pression de la BCE, instance non élue, sur l'accès à la liquidité d'un pays qui a pour monnaie l'euro et sur son gouvernement ? Il est vrai que la position de Jean-Claude Trichet, témoin « volontaire », soumis à aucune responsabilité, menacé d'aucune sanction, est confortable et laisse peu de place à une enquête sérieuse.
    Réactions négatives en Irlande

    On a pu le percevoir dans certaines questions. Le sénateur Fine Gael (conservateur) Michael D'Arcy a ainsi demandé à Jean-Claude Trichet s'il est « croyable qu'il n'eût pas été au courant en 2008 qu'une grande banque soit sur le point de faire faillite. » La réponse de l'ancien patron de la BCE a été qu'il n'avait « aucune information sur des banques précises. » En fin de séance, Jean-Claude Trichet semblait peu soucieux de répondre aux députés et répondait avec de nouvelles questions. Ou avec emportement lorsque les questions portaient sur le "chantage" de la BCE.
    On comprend que le sénateur indépendant irlandais Sean Barrett ne décolérait pas à l'issue de cette réunion. Il a ainsi twitté son indignation (avant de supprimer le tweet peu après) contre « une inacceptable volonté de se dérober de ses responsabilités de la part de Jean-Claude Trichet dans les réponses aux membres de la commission d'enquête bancaire. »
    Elayne Birne, journaliste irlandaise, estime, elle, que, si elle était membre de la commission d'enquête, elle aurait quitté la salle. « C'est une farce. Absolument irrespectueuse pour la démocratie irlandaise. Humiliant. »


    source: latribune.fr

  • #2
    la BCE, le parrain de l'Europe.

    bien sûr que la BCE est responsable de la crise irlandaise ainsi que de toutes les crises dans la zone euro (les banques en faillite suite à la crise des subprimes)

    La publication d'une lettre à l'ancien ministre de l'Economie irlandais Brian Lenihan où Jean-Claude Trichet menaçait de couper à l'Irlande le financement d'urgence (le fameux programme ELA, une arme depuis utilisée contre Chypre et la Grèce) si le pays refusait de renflouer les banques en faillites, avait rendu encore plus urgentes les explications nécessaires.
    ce n'est pas aux pays de renflouer les banques en faillite suite à des combines en Bourse. avec l'avènement de l'euro les états ont perdu tout contrôle sur les banques devenues libres de tout mouvement et ne rendant compte qu'à la BCE. si elles magouillent en bourse et que ça foire, c'est à la BCE de colmater la bêche en actionnant la planche à billets (QE).

    en ayant la possibilité de refuser de renflouer les banques voyouses, la BCE se comporte en Tyran sauf que tyran est un mot un peu trop noble. en obligeant les Etats à régler la note en pompant ds l'épargne des contribuables, la BCE se comporte en gangster.
    Dernière modification par Neutrino, 07 mai 2015, 11h56.

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