Après sa chute de 60 % en six mois, le prix du baril de pétrole remonte depuis le début de l'année. Il est au plus haut depuis fin novembre. La stratégie anti-américaine de l'Opep a marché. Explications.
Pendant que l'on se réjouit des effets macroéconomiques de la baisse du prix du pétrole entamée il y a onze mois, les cours remontent. Sans discontinuer depuis le début de l'année. Jeudi matin, le baril de Brent, principale référence du marché mondial, cotait 68 dollars. Soit plus de vingt dollars de hausse depuis le creux de la mi-janvier, une progression de 46 %.
Certes, par rapport aux 115 dollars de la mi-juin 2014, le cours de l'or noir est toujours 40 % moins cher. Mais la remontée continue observée depuis le début de l'année l'a ramené à son niveau de début décembre. Que s'est-il passé sur le marché?
• Coup de frein aux États-Unis
La baisse entamée l'été dernier s'explique fondamentalement parce que l'offre mondiale de brut excédait la demande. Et ce en raison du spectaculaire essor de la production de pétrole de schiste des États-Unis qui a permis un bond de 60 % de la production nationale de brut en cinq ans. En novembre dernier, l'Opep, emmenée par l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir, décidait de ne pas réduire sa production. L'objectif des Saoudiens était de laisser filer les prix afin d'étrangler les producteurs américains. Le pétrole de schiste est plus cher à produire que le brut saoudien, facile à extraire. En dessous, de 70 dollars le baril, et a fortiori de 60 dollars, l'Opep espérait que les foreurs américains fermeraient des puits, devenus non rentables financièrement. Ce qui finirait par réduire l'offre mondiale et donc ferait remonter les cours.
C'est exactement ce qu'il s'est passé, résume Jesper Dannesboe, stratégiste pétrole à la Société générale. «Avec plusieurs mois de décalage, on mesure à présent l'impact de l'arrêt des forages sur la production aux États-Unis, explique-t-il au Figaro. La production américaine a même légèrement baissé dernièrement, c'est la raison principale de la hausse du pétrole».
• Jusqu'où va durer cette hausse?
La remontée des cours pourrait rendre de nouveau rentables des puits américains qui ont été gelés ou dont l'exploitation a été différée. Les petits producteurs aux États-Unis sont flexibles. Ils peuvent remettre en chantier leurs forages rapidement. Du coup, en quelques mois, la production américaine pourrait repartir à la hausse. L'offre mondiale de brut redeviendrait excédentaire, les prix repartiraient à la baisse.
En attendant, Jesper Dannesboe estime que l'offre et la demande devraient se trouver à l'équilibre au troisième trimestre. La demande mondiale de pétrole, toujours tirée par les pays émergents, continue de progresser, au rythme de près d'un million de barils par jour supplémentaire sur l'année, soit un peu plus de 1 %.
• La géopolitique ne pèse pas sur le marché
Dans ce paysage pétrolier, renouvelé où la production nord-américaine conditionne désormais l'équilibre du marché et non plus celle de l'Opep, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ne pèsent pratiquement pas sur les cours actuels, estime l'analyste de la Société générale. La guerre au Yémen, petit producteur, a pu ajouter tout au plus 2 dollars au baril, estime Jesper Dannesboe. Quant aux champs saoudiens, ils sont éloignés du Yémen et «très bien protégés». La plupart des experts excluent tout retour du baril au niveau de 100 dollars des années 2011-2014 et le voient plutôt autour de 70-80 dollars dans les prochains mois.
lefigaro
Pendant que l'on se réjouit des effets macroéconomiques de la baisse du prix du pétrole entamée il y a onze mois, les cours remontent. Sans discontinuer depuis le début de l'année. Jeudi matin, le baril de Brent, principale référence du marché mondial, cotait 68 dollars. Soit plus de vingt dollars de hausse depuis le creux de la mi-janvier, une progression de 46 %.
Certes, par rapport aux 115 dollars de la mi-juin 2014, le cours de l'or noir est toujours 40 % moins cher. Mais la remontée continue observée depuis le début de l'année l'a ramené à son niveau de début décembre. Que s'est-il passé sur le marché?
• Coup de frein aux États-Unis
La baisse entamée l'été dernier s'explique fondamentalement parce que l'offre mondiale de brut excédait la demande. Et ce en raison du spectaculaire essor de la production de pétrole de schiste des États-Unis qui a permis un bond de 60 % de la production nationale de brut en cinq ans. En novembre dernier, l'Opep, emmenée par l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir, décidait de ne pas réduire sa production. L'objectif des Saoudiens était de laisser filer les prix afin d'étrangler les producteurs américains. Le pétrole de schiste est plus cher à produire que le brut saoudien, facile à extraire. En dessous, de 70 dollars le baril, et a fortiori de 60 dollars, l'Opep espérait que les foreurs américains fermeraient des puits, devenus non rentables financièrement. Ce qui finirait par réduire l'offre mondiale et donc ferait remonter les cours.
C'est exactement ce qu'il s'est passé, résume Jesper Dannesboe, stratégiste pétrole à la Société générale. «Avec plusieurs mois de décalage, on mesure à présent l'impact de l'arrêt des forages sur la production aux États-Unis, explique-t-il au Figaro. La production américaine a même légèrement baissé dernièrement, c'est la raison principale de la hausse du pétrole».
• Jusqu'où va durer cette hausse?
La remontée des cours pourrait rendre de nouveau rentables des puits américains qui ont été gelés ou dont l'exploitation a été différée. Les petits producteurs aux États-Unis sont flexibles. Ils peuvent remettre en chantier leurs forages rapidement. Du coup, en quelques mois, la production américaine pourrait repartir à la hausse. L'offre mondiale de brut redeviendrait excédentaire, les prix repartiraient à la baisse.
En attendant, Jesper Dannesboe estime que l'offre et la demande devraient se trouver à l'équilibre au troisième trimestre. La demande mondiale de pétrole, toujours tirée par les pays émergents, continue de progresser, au rythme de près d'un million de barils par jour supplémentaire sur l'année, soit un peu plus de 1 %.
• La géopolitique ne pèse pas sur le marché
Dans ce paysage pétrolier, renouvelé où la production nord-américaine conditionne désormais l'équilibre du marché et non plus celle de l'Opep, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ne pèsent pratiquement pas sur les cours actuels, estime l'analyste de la Société générale. La guerre au Yémen, petit producteur, a pu ajouter tout au plus 2 dollars au baril, estime Jesper Dannesboe. Quant aux champs saoudiens, ils sont éloignés du Yémen et «très bien protégés». La plupart des experts excluent tout retour du baril au niveau de 100 dollars des années 2011-2014 et le voient plutôt autour de 70-80 dollars dans les prochains mois.
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