Rafik Khalifa a-t-il conclu un deal avec le pouvoir ?
08:47 dimanche 10 mai 2015 | Par Hadjer Guenanfa | Entretiens
Khaled Bourayou - TSA Algérie
Me Khaled Bourayou est constitué pour Yssir Idir, ex-directeur de l’agence de BDL à Staouali (Alger) accusé d’avoir accordé des prêts à Abdelmoumène Rafik Khalifa pour créer sa banque.
Comment voyez-vous le déroulement du procès Khalifa ?
Dans un procès pénal, l’accusé est l’acteur principal. Khalifa remplit parfaitement cette fonction. Un homme très svelte qui donne une grande portée à ce qu’il dit en cherchant un certain équilibre du corps. Nous sommes derrière lui et on le voit croiser les jambes. Avec cette posture, il cherche à donner une harmonie à ses déclarations. À vrai dire, j’ai rarement vu un accusé aussi équilibré soignant sa posture et maîtrisant son dossier. À la question sur l’inauguration des stations de dessalement (deux stations offertes par Khalifa à l’Algérie, NDLR) par exemple, il a renvoyé le président du tribunal criminel aux archives de la télévision nationale. Khalifa connaît bien le dossier et ses arcanes.
Quel message voulait-il transmettre, selon vous ?
Il y a des choses qu’il ne voulait pas dire devant le tribunal. C’est évident et il l’a dit d’ailleurs.
On ne doit pas s’attendre à des révélations au cours de ce procès ?
Quelque part, il y a une lueur de concertation.
Une concertation avec qui ?
Je pourrais vous le dire à la fin du procès. Cela étant dit, Khalifa a indiqué qu’il n’avait pas de secrétaire particulière pour ne pas avoir à répondre à des questions embarrassantes portant sur des personnalités politiques qui lui rendaient visite.
Vous voulez parler d’un deal ?
Personnellement, je pense que le procès Khalifa est un procès de relations. C’est-à-dire le procès d’un golden boy qui a accédé au plus haut sommet de l’État. C’est toute la problématique du procès et celle-ci ne me semble pas évoquée. En fait, nous sommes devant une infraction d’un système. Certes, Khalifa n’est pas victime. Mais il endosse tout. Les faits pour lesquels il est poursuivi sont liés à notre système. Un système où celui qui exécute ne décide pas et celui qui décide ne gère pas et où le cadre accepte d’exécuter et d’être exécuté pour sauver le système.
Lors de l’extradition de Khalifa, vous avez évoqué, dans un entretien à TSA, la possibilité qu’il y ait un deal consistant à ne pas donner des noms…
Aujourd’hui, beaucoup de voix le disent. Et la façon avec laquelle Khalifa répond au juge semble, d’après les observateurs, confirmer ce deal. Jusqu’à maintenant, ces observateurs qui en parlent aujourd’hui confirment ce que j’ai dit il y a une année et demi. Et l’appréhension de ces mêmes observateurs est que ce grand procès soit ramené à des considérations liées à la gratuité des billets d’avion et le bénéfice des cartes de thalassothérapie. Ainsi vont nos procès.
08:47 dimanche 10 mai 2015 | Par Hadjer Guenanfa | Entretiens
Khaled Bourayou - TSA Algérie
Me Khaled Bourayou est constitué pour Yssir Idir, ex-directeur de l’agence de BDL à Staouali (Alger) accusé d’avoir accordé des prêts à Abdelmoumène Rafik Khalifa pour créer sa banque.
Comment voyez-vous le déroulement du procès Khalifa ?
Dans un procès pénal, l’accusé est l’acteur principal. Khalifa remplit parfaitement cette fonction. Un homme très svelte qui donne une grande portée à ce qu’il dit en cherchant un certain équilibre du corps. Nous sommes derrière lui et on le voit croiser les jambes. Avec cette posture, il cherche à donner une harmonie à ses déclarations. À vrai dire, j’ai rarement vu un accusé aussi équilibré soignant sa posture et maîtrisant son dossier. À la question sur l’inauguration des stations de dessalement (deux stations offertes par Khalifa à l’Algérie, NDLR) par exemple, il a renvoyé le président du tribunal criminel aux archives de la télévision nationale. Khalifa connaît bien le dossier et ses arcanes.
Quel message voulait-il transmettre, selon vous ?
Il y a des choses qu’il ne voulait pas dire devant le tribunal. C’est évident et il l’a dit d’ailleurs.
On ne doit pas s’attendre à des révélations au cours de ce procès ?
Quelque part, il y a une lueur de concertation.
Une concertation avec qui ?
Je pourrais vous le dire à la fin du procès. Cela étant dit, Khalifa a indiqué qu’il n’avait pas de secrétaire particulière pour ne pas avoir à répondre à des questions embarrassantes portant sur des personnalités politiques qui lui rendaient visite.
Vous voulez parler d’un deal ?
Personnellement, je pense que le procès Khalifa est un procès de relations. C’est-à-dire le procès d’un golden boy qui a accédé au plus haut sommet de l’État. C’est toute la problématique du procès et celle-ci ne me semble pas évoquée. En fait, nous sommes devant une infraction d’un système. Certes, Khalifa n’est pas victime. Mais il endosse tout. Les faits pour lesquels il est poursuivi sont liés à notre système. Un système où celui qui exécute ne décide pas et celui qui décide ne gère pas et où le cadre accepte d’exécuter et d’être exécuté pour sauver le système.
Lors de l’extradition de Khalifa, vous avez évoqué, dans un entretien à TSA, la possibilité qu’il y ait un deal consistant à ne pas donner des noms…
Aujourd’hui, beaucoup de voix le disent. Et la façon avec laquelle Khalifa répond au juge semble, d’après les observateurs, confirmer ce deal. Jusqu’à maintenant, ces observateurs qui en parlent aujourd’hui confirment ce que j’ai dit il y a une année et demi. Et l’appréhension de ces mêmes observateurs est que ce grand procès soit ramené à des considérations liées à la gratuité des billets d’avion et le bénéfice des cartes de thalassothérapie. Ainsi vont nos procès.
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