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Le roman d’un jeune Sénégalais, Terre ceinte, reçoit le prix Kourouma 2015

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  • Le roman d’un jeune Sénégalais, Terre ceinte, reçoit le prix Kourouma 2015

    Le Salon africain du livre de Genève a fermé ses portes dimanche 3 mai. Point d’orgue de ce rendez-vous incontournable des lettres africaines : la remise du prix Ahmadou Kourouma au sénégalais Mohamed Mbougar Sarr pour son premier roman « Terre ceinte ». Un livre magnifique qui nous fait pénétrer au cœur de l’âme des habitants d’une petite ville sahélienne, sous la coupe de milices islamistes qui font régner le silence et la terreur. Son nom ? Kalep, sorte de contraction entre Kidal au Mali et Alep en Syrie. Il ne s’agit cependant pas d’un roman « à la mode », qui surferait sur la vague de l’« actualité djihadiste ». Non, « Terre ceinte » rejoint l’universel, en posant la question de savoir comment chacun de nous réagirait dans une situation de tyrannie et d’oppression - collaboration, résistance, lâcheté, héroïsme – sans proférer le moindre jugement.

    Lorsqu’on rencontre le lauréat du Prix Kourouma 2015, l’intensité et la profondeur de ses propos surprennent de la part d’un si jeune homme, qui fêtera ses 25 ans le 20 juin prochain. Cette gravité a également marqué le public présent au Salon africain du livre, lors de l’hommage rendu par Mohamed Mbougar Sarr à l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, reçu des mains du professeur Jacques Chevrier, président du jury : « Tout auteur africain francophone, en même temps qu’il admire Kourouma, l’envie un peu ; car il a accompli ce que chaque écrivain rêve peut-être secrètement de faire : réinventer une langue littéraire ». Il a enchaîné en dédiant son prix « à tous ces anonymes qui vivent dans une terre ceinte quelque part en ce monde, qui y composent avec la terreur et, trop souvent en meurent (…), ces drames silencieux qu’aucune caméra ne filmera parce que, voyez-vous, ce n’est pas très sensationnel ».
    L’élément déclencheur qui lui a donné envie d’écrire « Terre ceinte » fut l’exécution d’une jeune fille et d’un jeune homme maliens, mis à mort pour s’être aimés sans être mariés. Même s’il n’a jamais mis les pieds à Bamako ou à Tombouctou, il s’est alors immergé dans cette réalité. « Il était important pour moi de mettre en scène toutes les formes de sentiments qu’on peut ressentir dans un univers assiégé, où règne la peur, décrire l’instinct de survie, de résistance, autant de sentiments qui se mêlent et dont mes personnages sont le reflet », raconte-t-il d’une voix posée, en buvant un thé à la menthe dans le brouhaha du salon du livre de Genève.


    Mais que pense-t-il de ces nombreux jeunes qui en Afrique s’engagent aux côtés de groupes islamistes armés et autres Boko Haram ? Selon lui, la responsabilité des dirigeants africains est écrasante, incapables qu’ils sont d’offrir un avenir à leur jeunesse, privée de formation et de travail. « De nombreux jeunes n’ont aucune perspective ; ils se laissent alors séduire par des discours religieux intégristes, qui semblent porteurs de solutions à leurs problèmes, ou alors cherchent à gagner l’Europe, au péril de leur vie », constate-t-il, tout en relevant que les islamistes intégristes « détruisent les manuscrits, les bibliothèques, parce qu’ils n’aiment pas le savoir » – une réalité qu’il met précisément en scène dans son livre.
    Né à Dakar, Mohamed Mbougar Sarr a, lui, passé son enfance à lire une vaste palette d’écrivains, de tous horizons, qui ont inspiré ses réflexions, et l’ont poussé à écrire à son tour. Une de ses nouvelles intitulée « La cale » a reçu l’année dernière le prix Stéphane Hessel 2014. Il poursuit actuellement ses études en France à l’École des Hautes études en sciences sociales, et prépare une thèse de doctorat sur la question du corps, dans le contexte du génocide rwandais. Un écrivain est né, une jeune pousse prometteuse, à suivre absolument.

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