Source RFI Publié le 15-05-2015 Modifié le 15-05-2015 à 19:52
Syrie-Liban: percée du Hezbollah dans le maquis jihadiste du Qalamoun
Par Paul Khalifeh
Après dix jours de violents combats, le Hezbollah et l'armée syrienne ont pris le contrôle d'une grande partie du massif montagneux du Qalamoun, entre le Liban et la Syrie, chassant les jihadistes d'al-Qaïda, qui y étaient implantés depuis quatre ans.
De notre correspondant à Beyrouth,
Le Hezbollah et l'armée syrienne ont déployé d'importants moyens pour attaquer les positions des jihadistes dans la chaîne de montagnes du Qalamoun, le seul maquis islamiste du Liban situé à l'est du pays. Cette région s'étend sur 70 kilomètres de long et 15 kilomètres de large, à cheval à la frontière libano-syrienne.
Des milliers de combattants libanais et de soldats syriens, appuyés par des canons de gros calibre, des lance-roquettes multitubes, des avions de combat, des hélicoptères, et dotés de drones de surveillance, sont partis le 6 mai dernier à l'assaut de sommets difficiles d'accès, culminant à près de 2 600 mètres d'altitude.
Face à eux, quelque 2 500 jihadistes, appartenant essentiellement au Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda, et à d'autres brigades islamistes disposant d'armes lourdes, de véhicules de transport de troupes et de chars, pris à l'armée syrienne.
Des corps de jihadistes gisant au sol
En une dizaine de jours, le Hezbollah et les troupes régulières syriennes sont parvenus à chasser les jihadistes de plus du tiers du territoire qu'ils occupaient, les repoussant vers les collines entourant la localité libanaise de Ersal, à majorité sunnite, au nord-ouest.
Les combats, parfois au corps à corps, ont permis au Hezbollah de s'emparer d'une série de hauts sommets, surplombant de vastes étendues des deux côtés de la frontière. Les images diffusées par les médias du parti chiite ont montré des positions fortifiées, sur des crêtes rocailleuses, détruites ou endommagées.
On voit aussi des tentes vides, des armes et des munitions, ainsi que des véhicules tout terrain calcinés, qui auraient été abandonnés par les jihadistes dans leur retraite précipitée. Des corps de combattants gisent autour de certaines positions.
Sécuriser la route Damas-Homs
La bataille n'est pas encore terminée, mais le maquis du Qalamoun est déjà sérieusement affaibli. Les jihadistes d'al-Nosra et leurs alliés sont désormais encerclés dans un territoire étroit, ne disposant pratiquement plus de voies de ravitaillement, à part celles qui viennent de Ersal et qui sont contrôlées ou surveillées par l'armée libanaise.
Les troupes régulières libanaises ne participent pas à l'offensive. Elles sont déployées sur un front de 35 kilomètres de long, face au nord du Qalamoun, pour protéger une série de villages chrétiens contre d'éventuelles attaques du groupe Etat islamique (EI), qui contrôle cette partie du massif montagneux. Pour l'instant, l'offensive n'a pas visé les régions tenues par l'EI.
A ce stade de l'offensive, le Hezbollah et l'armée syrienne ont déjà atteint plusieurs objectifs. Ils ont écarté toute menace contre l'autoroute reliant Damas à la ville de Homs, dans le centre, qui passe dans la plaine longeant les montagnes du Qalamoun côté syrien.
Ils ont aussi sécurisé l'ouest de la capitale syrienne et coupé les voies de ravitaillement entre le maquis du Qalamoun et la ville de Zabadani, tenue par les rebelles à l'ouest de Damas, non loin de la frontière libanaise. Cette ville est maintenant presque entièrement encerclée et pourrait être la prochaine cible de l'armée syrienne.
Le 14-Mars critique le Hezbollah
Ces succès interviennent après une série de revers subis par l'armée syrienne, qui a perdu en avril Idleb et Jisr al-Choughour, deux des dernières villes qui étaient encore sous son contrôle, dans le nord du pays, près de la frontière turque.
Pour le Hezbollah, l'avancée dans le Qalamoun permet surtout d'éloigner le danger représenté par ce maquis jihadiste, adossé à la plaine libanaise de la Bekaa, qui constitue l'un des principaux fiefs du parti de Hassan Nasrallah. Certains villages chiites de la région étaient d'ailleurs bombardés par al-Nosra et ses alliés, en représailles au soutien apporté par le Hezbollah au régime syrien.
Mais l'offensive du Hezbollah ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique libanaise, même si la majorité de la population est soulagée des revers infligés aux jihadistes. Les ténors de la coalition anti-syrienne du 14-Mars reprochent au parti chiite son implication grandissante dans la guerre syrienne, sans prendre en considération ses éventuelles répercussions sur le Liban.
L'ancien Premier ministre et principal leader sunnite, Saad Hariri, a qualifié d' « immorale » l'opération du Hezbollah, s'inquiétant de ses retombées sur la sécurité du Liban. Le chef chrétien anti-syrien, Samir Geagea, a, quant à lui, estimé que l'offensive du Hezbollah ne vise pas à protéger le Liban mais défendre le régime syrien. Le Hezbollah peut toutefois compter sur le soutien du principal leader chrétien, Michel Aoun, qui met en garde contre le danger que représentent, pour le Liban en général et les chrétiens en particulier, la présence d'al-Qaïda aux frontières du pays.
Syrie-Liban: percée du Hezbollah dans le maquis jihadiste du Qalamoun
Par Paul Khalifeh
Après dix jours de violents combats, le Hezbollah et l'armée syrienne ont pris le contrôle d'une grande partie du massif montagneux du Qalamoun, entre le Liban et la Syrie, chassant les jihadistes d'al-Qaïda, qui y étaient implantés depuis quatre ans.
De notre correspondant à Beyrouth,
Le Hezbollah et l'armée syrienne ont déployé d'importants moyens pour attaquer les positions des jihadistes dans la chaîne de montagnes du Qalamoun, le seul maquis islamiste du Liban situé à l'est du pays. Cette région s'étend sur 70 kilomètres de long et 15 kilomètres de large, à cheval à la frontière libano-syrienne.
Des milliers de combattants libanais et de soldats syriens, appuyés par des canons de gros calibre, des lance-roquettes multitubes, des avions de combat, des hélicoptères, et dotés de drones de surveillance, sont partis le 6 mai dernier à l'assaut de sommets difficiles d'accès, culminant à près de 2 600 mètres d'altitude.
Face à eux, quelque 2 500 jihadistes, appartenant essentiellement au Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda, et à d'autres brigades islamistes disposant d'armes lourdes, de véhicules de transport de troupes et de chars, pris à l'armée syrienne.
Des corps de jihadistes gisant au sol
En une dizaine de jours, le Hezbollah et les troupes régulières syriennes sont parvenus à chasser les jihadistes de plus du tiers du territoire qu'ils occupaient, les repoussant vers les collines entourant la localité libanaise de Ersal, à majorité sunnite, au nord-ouest.
Les combats, parfois au corps à corps, ont permis au Hezbollah de s'emparer d'une série de hauts sommets, surplombant de vastes étendues des deux côtés de la frontière. Les images diffusées par les médias du parti chiite ont montré des positions fortifiées, sur des crêtes rocailleuses, détruites ou endommagées.
On voit aussi des tentes vides, des armes et des munitions, ainsi que des véhicules tout terrain calcinés, qui auraient été abandonnés par les jihadistes dans leur retraite précipitée. Des corps de combattants gisent autour de certaines positions.
Sécuriser la route Damas-Homs
La bataille n'est pas encore terminée, mais le maquis du Qalamoun est déjà sérieusement affaibli. Les jihadistes d'al-Nosra et leurs alliés sont désormais encerclés dans un territoire étroit, ne disposant pratiquement plus de voies de ravitaillement, à part celles qui viennent de Ersal et qui sont contrôlées ou surveillées par l'armée libanaise.
Les troupes régulières libanaises ne participent pas à l'offensive. Elles sont déployées sur un front de 35 kilomètres de long, face au nord du Qalamoun, pour protéger une série de villages chrétiens contre d'éventuelles attaques du groupe Etat islamique (EI), qui contrôle cette partie du massif montagneux. Pour l'instant, l'offensive n'a pas visé les régions tenues par l'EI.
A ce stade de l'offensive, le Hezbollah et l'armée syrienne ont déjà atteint plusieurs objectifs. Ils ont écarté toute menace contre l'autoroute reliant Damas à la ville de Homs, dans le centre, qui passe dans la plaine longeant les montagnes du Qalamoun côté syrien.
Ils ont aussi sécurisé l'ouest de la capitale syrienne et coupé les voies de ravitaillement entre le maquis du Qalamoun et la ville de Zabadani, tenue par les rebelles à l'ouest de Damas, non loin de la frontière libanaise. Cette ville est maintenant presque entièrement encerclée et pourrait être la prochaine cible de l'armée syrienne.
Le 14-Mars critique le Hezbollah
Ces succès interviennent après une série de revers subis par l'armée syrienne, qui a perdu en avril Idleb et Jisr al-Choughour, deux des dernières villes qui étaient encore sous son contrôle, dans le nord du pays, près de la frontière turque.
Pour le Hezbollah, l'avancée dans le Qalamoun permet surtout d'éloigner le danger représenté par ce maquis jihadiste, adossé à la plaine libanaise de la Bekaa, qui constitue l'un des principaux fiefs du parti de Hassan Nasrallah. Certains villages chiites de la région étaient d'ailleurs bombardés par al-Nosra et ses alliés, en représailles au soutien apporté par le Hezbollah au régime syrien.
Mais l'offensive du Hezbollah ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique libanaise, même si la majorité de la population est soulagée des revers infligés aux jihadistes. Les ténors de la coalition anti-syrienne du 14-Mars reprochent au parti chiite son implication grandissante dans la guerre syrienne, sans prendre en considération ses éventuelles répercussions sur le Liban.
L'ancien Premier ministre et principal leader sunnite, Saad Hariri, a qualifié d' « immorale » l'opération du Hezbollah, s'inquiétant de ses retombées sur la sécurité du Liban. Le chef chrétien anti-syrien, Samir Geagea, a, quant à lui, estimé que l'offensive du Hezbollah ne vise pas à protéger le Liban mais défendre le régime syrien. Le Hezbollah peut toutefois compter sur le soutien du principal leader chrétien, Michel Aoun, qui met en garde contre le danger que représentent, pour le Liban en général et les chrétiens en particulier, la présence d'al-Qaïda aux frontières du pays.
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