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Normes et concessionnaires automobiles: Sellal, un Premier ministre expert en reculades

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  • Normes et concessionnaires automobiles: Sellal, un Premier ministre expert en reculades

    19:48 dimanche 17 mai 2015 | Par Achira Mammeri @achiramammeri | Actualité


    Il a tenu à peine quarante jours. Avant de céder aux pressions des concessionnaires. Le gouvernement a décidé d’annuler, sans préavis et surtout sans bruit, certaines dispositions prévues dans l’arrêté ministériel signé le 23 mars 2015, les nouvelles conditions et modalités d’exercice des activités de concessionnaires de véhicules. Le projet a été défendu bec et ongles par le ministre de l’Industrie, Abdessalam Bouchouareb, et présenté comme une victoire sur le lobby des importateurs qui dépensent les réserves de change pour acheter des produits de piètre qualité au prix fort. Une victoire de courte durée.

    Une fermeté de façade

    Pourtant, Abdelmalek Sellal semblait déterminé à faire appliquer sa nouvelle loi. Une fois n’est pas coutume, le premier ministre s’est même montré ferme et menaçant. Dans une lettre datée du 22 avril adressée au ministre des Finances et au gouverneur de la Banque d’Algérie, il accusait clairement des concessionnaires automobiles de délit d’initié. Il leur reprochait d’avoir procédé à « des domiciliations bancaires d’importation durant la période du 23 mars au 9 avril, de volume de véhicules sans rapport avec la moyenne enregistrée pour la même période en 2014 ».

    En d’autres termes, il accuse les concessionnaires de vouloir tricher en procédant à des importations massives de véhicule avant l’entrée en vigueur du nouveau cahier des charges. Son ministre du Commerce, Amara Benyounes, promettait, dès le lendemain, d’appliquer la loi. « Il y a des lois de la République et les lois seront appliquées dans toute leur rigueur », a déclaré M. Benyounès au cours d’une conférence de presse en marge du lancement de la campagne « consommons algérien ».

    Mais en guise de représailles, le gouvernement vient d’offrir un cadeau inespéré aux concessionnaires. Il ne recule pas seulement sur les normes de sécurité, mais il autorise aussi les concessionnaires automobiles à commercialiser les véhicules importés durant la période citée dans la note de Sellal.

    Comment justifier cette reculade du gouvernement? Fidèle à ses habitudes, le gouvernement choisi le silence. Ni le ministre de l’Industrie ni le premier ministre n’osent s’exprimer sur le sujet. Après tout, ce gouvernement n’a jamais fourni la moindre explication aux Algériens. Pourtant la chose est grave. Le gouvernement peut reculer sur un avant-projet de loi mais une fois la loi est publiée au Journal officiel, c’est la parole de l’État qui est en jeu.




    Pressions françaises

    Mais certaines indiscrétions évoquent des pressions diplomatiques exercées sur l’Algérie. Des représentants des ambassades de France, de Chine et du Japon se sont déplacés à plusieurs reprises au ministère de l’Industrie pour assister aux travaux de la Commission chargé d’élaborer le projet de loi régissant les importations et l’activités des concessionnaires, précise à TSA une source au ministre de l’Industrie. Les diplomates entaient là pour défendre leurs entreprises. Une mission qu’ils ont poursuivie même après la publication de la loi au Journal officiel.

    Coïncidence ou simple hasard, cette spectaculaire reculade du gouvernement intervient quelques jours seulement après le passage de Laurent Fabius à Alger. On peut difficilement imaginer que le chef de la diplomatie française n’a pas évoqué le sujet avec les responsables algériens. Pour Paris, Renault et Peugeot sont deux entreprises importantes, surtout en cette période de crise économique qui touche de plein fouet la France.

    Sellal, l’indécis

    Mais peu importent les raisons de cette reculade. En l’espace de quelques jours donc le gouvernement s’est vu contraint de défendre la chose et son contraire. Et c’est loin d’être un fait inédit pour le premier ministre. Le 14 avril, Sellal désavouait son ministre du Commerce en annulant son instruction sur la vente d’alcool, sans fournir la moindre explication. Sur ce dossier, il a reculé face aux islamistes.

    Mais c’est loin d’être fini. Des sources au gouvernement n’écartent pas la possibilité de décaler l’application du décret exécutif fixant les seuils applicables pour les opérations de paiement, devant être effectués à travers les circuits bancaires et financiers (chèque, virement bancaire, etc), dont l’entrée en vigueur est prévu le 1er juillet 2015 (lire nos informations).

    Aujourd’hui, l’équipe Sellal renvoie l’image d’un gouvernement indécis, fragile et surtout incohérent. Une image qui pèse lourdement sur son autorité et la légitimité de ses décisions. Pire : le pas franchit aujourd’hui par le gouvernement met sérieusement en doute son impartialité. En effet, le gouvernement aurait-il envisagé de revoir son cahier des charges si cela ne touchait pas aux intérêts des concessionnaires qui s’appuient sur des puissances économiques et de surcroît des partenaires traditionnels de l’Algérie? À priori, non.

    En Algérie, le gouvernement fait la sourde oreille aux nombreux opérateurs nationaux qui ne cessent de dénoncer la bureaucratie et appellent à la lever de certaines mesures dissuasives pour promouvoir les investissements et encourager la concurrence. À chaque fois, il répond que les lois sont faites pour être appliquées et non contestées. Une fermeté qui s’applique uniquement aux Algériens. Quand les intérêts étrangers sont en jeu, Sellal et son gouvernement savent se montrer compréhensifs.
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