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Diplomatie : Tunis dans le traquenard libyen

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  • Diplomatie : Tunis dans le traquenard libyen

    À vouloir ménager les gouvernements de Tobrouk et de Tripoli, le pouvoir tunisien de Béji Caïd Essebsi perd sur les deux tableaux. Décryptage.

    Pragmatique. Il se voulait pragmatique, Béji Caïd Essebsi (BCE). Expliquant pendant la campagne présidentielle qu'il conseillait "aux Tunisiens de ne pas se mêler de ce conflit". Une attitude prudente dictée par "la loi du baroud" en vigueur sur le territoire libyen. Sitôt élu, BCE et son ministre des affaires étrangères Taïeb Baccouche ont voulu satisfaire le gouvernement légitime de Tobrouk, issu des urnes, et celui installé à Tripoli par un cartel de milices islamistes dont celle de Fajr Libya ("Aube de la Libye"). Le président de la République expliquait cette décision, rouvrir un consulat à Tripoli, par le facteur proximité. La ville est à portée de main de la frontière, autant minimiser les risques. Cette reconnaissance de facto d'un gouvernement illégitime, élu pas la force des armes, offrait en apparence un aplanissement des différents entre les deux pays. Un peu moins d'un million de Libyens vivent en Tunisie, chiffre écrasant pour une nation qui compte plus de dix millions d'habitants.

    Nitroglycérine diplomatique

    Le 14 mai dernier, un milicien du nom de Walid Klib a été arrêté à l'aéroport de Tunis-Carthage. Suspecté de terrorisme, il doit être entendu par un juge. Sitôt la nouvelle ébruitée, 172 Tunisiens (sans doute plus) ont été arrêtés à proximité de Tripoli, à Salaheddine. Par une phalange affiliée à Fajr Libya et aux forces de Misrata. Motif officiel : vérification de la validité de leurs titres de séjour. Motif officieux : une monnaie d'échange pour récupérer le milicien. Ce que dément Mokhtar Chaouachi, porte-parole du ministère des affaires étrangères de Tunisie. Une situation ubuesque qui est la résultante de l'attitude ambiguë du nouveau pouvoir présidentiel de Carthage. Avant l'élection de BCE, seul le Parlement de Tobrouk était reconnu par les gouvernements tunisiens. Sous la houlette de l'ex-président Moncef Marzouki, la doctrine était simple : seules les autorités légitimés par les élections législatives avaient l'aval de Tunis.

    Plus de 1 600 milices

    Dans une Libye fractionnée en trois morceaux (Tripoli, Benghazi, Tobrouk), où l'on dénombre plus de 1 600 milices, où Daesh a planté son sombre drapeau à Derna (à l'est), difficile de s'y retrouver, diplomatiquement parlant. Avec un tel voisin, la Tunisie manie malgré elle de la nitroglycérine. Les assassinats récents de deux journalistes tunisiens - Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari – enveniment le dossier entre les deux pays. Afin de ne pas perdre la face, Walid Klib sera entendu par la justice. Puis libéré. Ce que le consul de la Tunisie à Tripoli, Brahim Rezgui, explique de façon pudique, disant que la justice ferait son travail et que si rien n'était à reprocher au milicien, il sortirait libre du bureau du juge. Et les Tunisiens retenus par la Katibat el-Madfayia wel sawarikh pourront alors recouvrer leur liberté. Un schéma à l'image de la situation en Libye : tortueux.

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