Pourrai-je jamais l’oublier ?
Voyez, ses bulles d’argent courent
Entre les mêmes fleurs encore.
Robe pourpre à la fin du jour
Etendue sur le ciel à l’ouest.
Entre les trembles je voyais
Le visage de la lune.
Las de chanter, de disparaître,
Le chanteur du printemps sombra,
Sombra mais pour de son aimée
Avoir un baiser, et bien plus.
Cette vue, qu’elle me touchait !
Mon cœur pourtant me semblait vide :
Personne, là, pour m’écouter,
Personne, pour me récompenser.
La lyre me tomba des mains ;
La couronne, avec joie nouée,
Je la jetai, et dans le sable
Volèrent les débris de feuilles.
Mais que vois-je ? est-ce délire ?
Est-ce vrai ? De nouveau entière
La couronne est près de ma lyre,
Avec une branche de Myrte.
Ciel, dis-moi, quelle ange-femme
Me laisses-tu voir sur la terre !
Je n’avais jamais vu ainsi
rougir, sourire et regarder.
C’était toi, qui, comme autrefois
Selma, était l'amie, la muse ;
Toi, si belle au loin déjà, qui
désormais me revenait là.
Assis-toi, écoute-moi jouer ;
Mais ne me fixe pas ainsi :
Sinon mes notes seront fausses ;
Elles manquent assez de justesse.
Chanterais-je avec ton génie,
Tes charmes innocents,
Je mépriserais les trésors,
Ainsi que les faveurs des rois.
Frans Mikael FRANZÉN
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