Les djihadistes de l'Etat islamique ont multiplié les conquêtes au cours de la semaine. La coalition semble impuissante.
Depuis plusieurs mois, le groupe djihadiste était décrit comme en crise. Las. En quelques jours, il a multiplié les conquêtes d'importance. Ramadi, en Irak, Palmyre, en Syrie. Le poste-frontière syrien de Al-Tanaf est lui aussi passé sous sa coupe. Le régime de Damas ne contrôle plus aucune frontière avec l'Irak. La moitié du territoire syrien, même si ces zones sont essentiellement désertiques, est désormais sous le joug des djihadistes.
Quelle sera la prochaine étape? Damas? Bagdad? Pour l'heure, Daech semble, au moins en Syrie, vouloir plutôt asseoir ses positions dans les zones nouvellement conquises. À Palmyre, le groupe terroriste tente de s'attirer la sympathie de la population en rétablissant l'électricité et en distribuant de la nourriture. Les djihadistes ne se sont pas non plus encore attaqués aux trésors archéologiques que recèle le site. Le chef des Antiquités syriennes a affirmé hier qu'ils avaient pénétré jeudi dans le musée, avaient cassé quelques statues de plâtre avant de repartir.
"A Bagdad ou à Damas, il n'y a plus d'interlocuteur crédible"
En Irak, une contre-offensive sur la route de Ramadi a été lancée hier par les forces de sécurité loyalistes. Celles-ci, qui s'appuient surtout sur des milices chiites pro-iraniennes que le pouvoir irakien a appelé à la rescousse, sont parvenues à s'emparer de la ville de Houssayba, à 7 kilomètres à l'est de Ramadi. Un succès en trompe l'œil selon Myriam Benraad, politologue au Centre d'études et de recherches internationales : "Comme à Tikrit, ces milices chiites risquent de commettre des exactions car elles se battent davantage avec un esprit de vengeance que pour libérer le pays." Et la spécialiste de craindre un nouveau conflit confessionnel, identique à celui de 2006. "Dans les régions sunnites irakiennes, les populations délaissées se retrouvent comme des réfugiés dans leur propre pays, abonde Victoria Fontan, professeure de sciences politiques à l'université américaine de Duhok, au Kurdistan. Elles voient l'État islamique comme un moindre mal."
Se pose surtout le problème de la stratégie poursuivie par la coalition occidentale et arabe qui combat Daech. "Le problème est qu'il n'y a plus d'interlocuteur crédible, que ce soit à Bagdad ou Damas", explique Myriam Benraad. Conséquence : à l'autorité centrale se sont substituées des milices (chiites pro-iraniennes en Irak, milices alaouites, Hezbollah en Syrie).
À l'inverse, l'État islamique semble avancer avec un plan précis. En s'emparant de nouveaux territoires, il augmente son trésor de guerre en imposant des taxes à la population. Dans la région de Palmyre, les djihadistes ont mis la main sur plusieurs sites gaziers. "Et dans la région de l'Anbar, en Irak [Ouest], ils exécutent tous les sunnites qui les combattent, conclut Myriam Benraad. Daech prive ainsi la coalition d'alliés sur le terrain.
le JDD
Depuis plusieurs mois, le groupe djihadiste était décrit comme en crise. Las. En quelques jours, il a multiplié les conquêtes d'importance. Ramadi, en Irak, Palmyre, en Syrie. Le poste-frontière syrien de Al-Tanaf est lui aussi passé sous sa coupe. Le régime de Damas ne contrôle plus aucune frontière avec l'Irak. La moitié du territoire syrien, même si ces zones sont essentiellement désertiques, est désormais sous le joug des djihadistes.
Quelle sera la prochaine étape? Damas? Bagdad? Pour l'heure, Daech semble, au moins en Syrie, vouloir plutôt asseoir ses positions dans les zones nouvellement conquises. À Palmyre, le groupe terroriste tente de s'attirer la sympathie de la population en rétablissant l'électricité et en distribuant de la nourriture. Les djihadistes ne se sont pas non plus encore attaqués aux trésors archéologiques que recèle le site. Le chef des Antiquités syriennes a affirmé hier qu'ils avaient pénétré jeudi dans le musée, avaient cassé quelques statues de plâtre avant de repartir.
"A Bagdad ou à Damas, il n'y a plus d'interlocuteur crédible"
En Irak, une contre-offensive sur la route de Ramadi a été lancée hier par les forces de sécurité loyalistes. Celles-ci, qui s'appuient surtout sur des milices chiites pro-iraniennes que le pouvoir irakien a appelé à la rescousse, sont parvenues à s'emparer de la ville de Houssayba, à 7 kilomètres à l'est de Ramadi. Un succès en trompe l'œil selon Myriam Benraad, politologue au Centre d'études et de recherches internationales : "Comme à Tikrit, ces milices chiites risquent de commettre des exactions car elles se battent davantage avec un esprit de vengeance que pour libérer le pays." Et la spécialiste de craindre un nouveau conflit confessionnel, identique à celui de 2006. "Dans les régions sunnites irakiennes, les populations délaissées se retrouvent comme des réfugiés dans leur propre pays, abonde Victoria Fontan, professeure de sciences politiques à l'université américaine de Duhok, au Kurdistan. Elles voient l'État islamique comme un moindre mal."
Se pose surtout le problème de la stratégie poursuivie par la coalition occidentale et arabe qui combat Daech. "Le problème est qu'il n'y a plus d'interlocuteur crédible, que ce soit à Bagdad ou Damas", explique Myriam Benraad. Conséquence : à l'autorité centrale se sont substituées des milices (chiites pro-iraniennes en Irak, milices alaouites, Hezbollah en Syrie).
À l'inverse, l'État islamique semble avancer avec un plan précis. En s'emparant de nouveaux territoires, il augmente son trésor de guerre en imposant des taxes à la population. Dans la région de Palmyre, les djihadistes ont mis la main sur plusieurs sites gaziers. "Et dans la région de l'Anbar, en Irak [Ouest], ils exécutent tous les sunnites qui les combattent, conclut Myriam Benraad. Daech prive ainsi la coalition d'alliés sur le terrain.
le JDD
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