Plusieurs hauts dirigeants de la FIFA ont été arrêtés ce matin à Zurich, soupçonnés de corruption par les autorités américaines. Si Sepp Blatter n’est pas directement responsable de cela, il a trop longtemps fermé les yeux sur les problèmes au sein de l’organisation qu’il dirige, estime le chroniqueur du Temps.
Le 65e congrès de la Fédération internationale de football (FIFA), qui doit s’ouvrir jeudi au Hallenstadion de Zurich, devait être une grande fête diffusée en live streaming avec, pour point d’orgue, la réélection du président Sepp Blatter vendredi. La belle réunion de “la grande famille du football” a tourné au vinaigre tôt mercredi matin, lorsque la police cantonale zurichoise, en réponse à une requête de la justice américaine, est venue arrêter six dirigeants de la FIFA soupçonnés de corruption.
Ce scandale ternit d’une manière définitive la fin de règne de Sepp Blatter. Le Valaisan, qui rêvait – et rêve toujours à l’heure qu’il est – d’un cinquième mandat consécutif à la tête “du plus grand état de la planète”, doit désormais gérer la plus grave crise politique de sa carrière.
Les yeux fermés
C’est de sa faute. S’il n’est pas impliqué directement dans cette affaire, qui concerne majoritairement des membres issus de la zone Concacaf (confédération d’Amérique du nord, centrale et des Caraïbes), Sepp Blatter est coupable d’avoir trop longtemps fermé les yeux. Pire, son système de gouvernance repose précisément sur l’encouragement implicite à “se payer sur la bête” et la volonté de ne pas aller mettre son nez dans les petites affaires des autres.
La plupart des hauts dirigeants du monde sportif actuel sont entrés dans la carrière à l’époque où le sport était déconsidéré, et où les fédérations vivaient chichement. Ils étaient là lorsque l’argent est soudainement apparu, à partir des années 80, dans le sillage de la multiplication des chaînes de télévision et de l’explosion des droits de retransmission des images sportives. Ils étaient là et ils n’allaient certainement pas laisser la place, devenue si confortable. Il aurait fallu, au sommet de l’institution, une volonté de moderniser les structures, le courage d’installer des barrières face à la tentation.
Pas l’homme de la modernité
Pas plus que son prédécesseur, le Brésilien Joao Havelange, Sepp Blatter ne fut l’homme de la modernité. Au tournant du siècle, lorsque le CIO fût pareillement frappé par le scandale et dût entreprendre le grand ménage, le Suisse refusa de prendre le problème à bras-le-corps, une fois encore autant par ruse politique que par paresse intellectuelle. Il en paye le prix aujourd’hui.
Il le paye parce que la justice américaine s’en est mêlée, à sa manière. Forte. En Suisse, justice et politiques ont toujours accordé à la FIFA le bénéfice du doute, la solution la plus commode. En août 2011, le Conseil fédéral, interpellé par Hans-Jürg Fehr, refusait de lever son statut d’organisation d’utilité publique et l’exemption fiscale qui va avec.
Que le Ministère public de la Confédération ouvre aujourd’hui une procédure pénale contre inconnu pour “soupçon de gestion déloyale et de blanchiment d’argent entourant les attributions des Coupes du monde de football 2018 et 2022” arrive bien tard. Le coup de filet a eu lieu à Zurich, Suisse, la FIFA est basée à Zurich, Suisse, son président est Suisse. Une fois encore, le nom de notre pays est associé pour le monde entier à un scandale financier. Celui-ci était évitable.
Laurent favre
Le 65e congrès de la Fédération internationale de football (FIFA), qui doit s’ouvrir jeudi au Hallenstadion de Zurich, devait être une grande fête diffusée en live streaming avec, pour point d’orgue, la réélection du président Sepp Blatter vendredi. La belle réunion de “la grande famille du football” a tourné au vinaigre tôt mercredi matin, lorsque la police cantonale zurichoise, en réponse à une requête de la justice américaine, est venue arrêter six dirigeants de la FIFA soupçonnés de corruption.
Ce scandale ternit d’une manière définitive la fin de règne de Sepp Blatter. Le Valaisan, qui rêvait – et rêve toujours à l’heure qu’il est – d’un cinquième mandat consécutif à la tête “du plus grand état de la planète”, doit désormais gérer la plus grave crise politique de sa carrière.
Les yeux fermés
C’est de sa faute. S’il n’est pas impliqué directement dans cette affaire, qui concerne majoritairement des membres issus de la zone Concacaf (confédération d’Amérique du nord, centrale et des Caraïbes), Sepp Blatter est coupable d’avoir trop longtemps fermé les yeux. Pire, son système de gouvernance repose précisément sur l’encouragement implicite à “se payer sur la bête” et la volonté de ne pas aller mettre son nez dans les petites affaires des autres.
La plupart des hauts dirigeants du monde sportif actuel sont entrés dans la carrière à l’époque où le sport était déconsidéré, et où les fédérations vivaient chichement. Ils étaient là lorsque l’argent est soudainement apparu, à partir des années 80, dans le sillage de la multiplication des chaînes de télévision et de l’explosion des droits de retransmission des images sportives. Ils étaient là et ils n’allaient certainement pas laisser la place, devenue si confortable. Il aurait fallu, au sommet de l’institution, une volonté de moderniser les structures, le courage d’installer des barrières face à la tentation.
Pas l’homme de la modernité
Pas plus que son prédécesseur, le Brésilien Joao Havelange, Sepp Blatter ne fut l’homme de la modernité. Au tournant du siècle, lorsque le CIO fût pareillement frappé par le scandale et dût entreprendre le grand ménage, le Suisse refusa de prendre le problème à bras-le-corps, une fois encore autant par ruse politique que par paresse intellectuelle. Il en paye le prix aujourd’hui.
Il le paye parce que la justice américaine s’en est mêlée, à sa manière. Forte. En Suisse, justice et politiques ont toujours accordé à la FIFA le bénéfice du doute, la solution la plus commode. En août 2011, le Conseil fédéral, interpellé par Hans-Jürg Fehr, refusait de lever son statut d’organisation d’utilité publique et l’exemption fiscale qui va avec.
Que le Ministère public de la Confédération ouvre aujourd’hui une procédure pénale contre inconnu pour “soupçon de gestion déloyale et de blanchiment d’argent entourant les attributions des Coupes du monde de football 2018 et 2022” arrive bien tard. Le coup de filet a eu lieu à Zurich, Suisse, la FIFA est basée à Zurich, Suisse, son président est Suisse. Une fois encore, le nom de notre pays est associé pour le monde entier à un scandale financier. Celui-ci était évitable.
Laurent favre
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