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Syrie. Opération relations publiques pour le Front Al-Nosra

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  • Syrie. Opération relations publiques pour le Front Al-Nosra

    Le chef du Front Al-Nosra, Abou Mohamed Al-Joulani, s’est exprimé sur la chaîne Al-Jazira. Sans renier son allégeance à Al-Qaida, il a voulu “rassurer l’Occident” selon beaucoup d’observateurs. Avec plus ou moins de bonheur.

    Depuis des jours, la chaîne qatarie Al-Jazira avait annoncé l’entretien avec le chef de l’organisation Front Al-Nosra, Abou Mohamed Al-Joulani, le 27 mai”, écrit le journal libanais As-Safir. “La chaîne avait même affiché un compte à rebours sur l’écran pour indiquer le temps qui restait avant le début de l’émission, comme on l’aurait fait pour les Jeux olympiques ou d’autres ‘événements’ internationaux.”

    Quand Joulani apparaît finalement à l’écran, il est couvert d’un grand tissu noir et filmé de dos, de telle sorte qu’on ne voit de lui que ses mains et “son nez qui dépasse, comme si le journaliste chargé de mener l’entretien parlait à un nez”. Or, poursuit le quotidien, “le journaliste s’adresse à celui-ci comme s’il parlait à un chef d’Etat, à un émir ou à un roi d’une pétromonarchie, si ce n’est au vicaire de Dieu sur Terre, usant de toutes les formules de respect et de flagornerie. Il n’a pas non plus hésité à parler des ‘zones libérées où les gens vivent en sécurité grâce à Al-Nosra’.” Bref, conclut le journal, “cet entretien aura servi à faire briller l’étoile de l’organisation”.

    Selon le journal libanais L’Orient-Le Jour, le but était de présenter le Front Al-Nosra comme “une organisation fréquentable” : “Si Al-Joulani a bien réaffirmé son allégeance à Al-Qaida, il s’est empressé de rassurer et d’offrir des garanties. Al-Nosra ne serait pas dans une logique de violence aveugle et n’a pas pour projet de s’attaquer à l’Occident, position qui contraste avec la férocité brutale des pratiques de Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique (EI)].” Et de souligner qu’il s’agit d’une “initiative voulue par le Qatar, avec l'appui tacite de la Turquie et de l’Arabie Saoudite, qui misent aujourd’hui sur le Front Al-Nosra et veulent le réhabiliter”.

    D’autres médias sont beaucoup plus critiques : “Au palais présidentiel de Bachar El-Assad, on a dû faire la fête après cet entretien”, écrit le site Al-Modon, selon lequel Al-Joulani offre au régime de Damas une occasion en or de se présenter comme le “rempart contre l’islamisme” :“Quel besoin avait-il de répéter un discours qui n’est plus acceptable, même en Afghanistan ?”
    Et de pointer un discours pour le moins ambigu sur les minorités. Certes, il a longuement souligné la “clémence” pour les “Alaouites qui se rendent” et souligné qu’il ne menait pas “actuellement de guerre contre les chrétiens – alors même qu’ils soutiennent le régime”. Il n’en reste pas moins qu’il a “parlé du fait de remettre les gens dans le droit chemin, de redresser les groupes confessionnels [qui se seraient égarés] et de ramener tout le monde à l’islam”, voire “de vengeance contre des pans entiers de la population”.

    Bref, “c’est un revers majeur pour la révolution”. Et de se demander pourquoi on n’a pas plutôt donné la parole à des représentants de l’Armée syrienne libre (ASL), composée de révolutionnaires non djihadistes, qui continuent, eux aussi, de se battre contre le régime.


    le courrier international
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