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L’islam, variable électorale de Sarkozy

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  • L’islam, variable électorale de Sarkozy

    C’est l’histoire d’une grande ambition qui s’est peu à peu dégonflée. Annoncée le 7 février par Nicolas Sarkozy devant le conseil national de l’UMP, la « journée de travail sur l’islam » aura certes lieu jeudi 4 juin au siège des Républicains. Mais elle se tiendra à huis clos en « petit comité, avec les élus du mouvement intéressés », selon une source du parti. Autant dire en toute discrétion…
    Le président du parti a d’abord rencontré une vive opposition interne. Sa vice-présidente déléguée, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait dénoncé, le 10 mai, « une mauvaise idée, parce que cette question, ce n’est pas le seul sujet ». Aucun des principaux rivaux de M. Sarkozy, comme Alain Juppé, François Fillon ou Bruno Le Maire, ne devrait d’ailleurs être présent jeudi.
    Les participants ne pourront pas non plus compter sur la présence de nombreuses personnalités musulmanes. Malgré un appel au boycott lancé par son organisation, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Dalil Boubakeur a répondu présent.
    Mardi soir, une source évoquait seulement « quelques membres des fédérations » sans citer de noms. Les deux organisateurs, les députés Henri Guaino (Yvelines) et Gérald Darmanin (Nord), espéraient pourtant faire venir une myriade d’intellectuels, des représentants d’associations, des responsables de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et du CFCM, institution créée en 2003 par M. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur.
    Une ligne de plus en plus dure
    Les relations entre l’ancien président de la République et le CFCM se sont nettement dégradées ces dernières semaines. Peu après le retour de M. Sarkosy à l’UMP, les représentants de l’institution chargée de représenter les musulmans avaient eu un aperçu de son état d’esprit lors d’une rencontre au siège du parti. « Il nous a dit que s’il avait été battu à la présidentielle, c’était parce que nous avions fait voter pour François Hollande », témoigne M. Zekri.
    M. Sarkozy a néanmoins tenté de les enrôler dans son projet de convention sur l’islam. Le 3 mars, à la sortie d’un déjeuner à la Mosquée de Paris avec le bureau du CFCM élargi à l’UOIF et aux représentants de plusieurs mosquées, il affirme publiquement vouloir obtenir un « texte commun » entre son parti et le CFCM. Pendant le repas, il n’avait pourtant pas été question de ce texte. Peu désireux de se laisser embarquer dans une initiative partisane, les responsables musulmans publient le lendemain un communiqué affirmant leur intention d’éviter « toute instrumentalisation ».
    C’est surtout la ligne adoptée par l’ancien chef de l’Etat, de plus en plus dure à l’égard de l’islam, qui indispose les responsables musulmans. Lors du déjeuner du 3 mars, « dans une ambiance franche », selon un proche du président du parti, M. Sarkozy a déclaré que certaines « pratiques » des musulmans devaient évoluer. Il a cité comme exemple le port du voile par les étudiantes à l’université, jugé problématique. Il a aussi affirmé que la notion d’intégration était « dépassée » et qu’il fallait maintenant parler d’« assimilation ».
    Déclarations « stigmatisantes »
    Le climat s’est encore détérioré, en avril, après une série de déclarations « stigmatisantes » de la part de certains dirigeants de l’UMP, selon la formule d’Anouar Kbibech, qui prendra la présidence du CFCM le 1er juillet. Le 26 avril, le maire de Nice, Christian Estrosi, a par exemple affirmé sur France 3 que la France devait faire face à des « cinquièmes colonnes » islamistes et qu’une « troisième guerre mondiale » était déclarée à la « civilisation judéo-chrétienne » par « l’islamo-fascisme ». « Il est entouré d’idéologues de l’islamophobie qui pensent récupérer les voix du Front national », accuse Abderrahmane Dahmane, qui fut conseiller pour la diversité à l’Elysée avant d’être limogé, en mars 2011, pour désaccord au sujet du débat sur l’islam et la laïcité.
    Remonter les méandres de la pensée sarkozyste sur l’islam et la laïcité peut donner le tournis. En 2004, dans son livre La République, les religions, l’espérance (éd. Cerf), celui qui est alors ministre de l’Intérieur expose sa vision d’une « laïcité positive » où les religions sont décrites comme « le support d’une espérance ». « Aujourd’hui, l’islam (…) a un nouveau rôle à jouer. Partout en France, et dans les banlieues plus encore qui concentrent toutes les désespérances, il est bien préférable que des jeunes puissent espérer spirituellement plutôt que d’avoir dans la tête, comme seule “religion”, celle de la violence, de la drogue ou de l’argent », écrit-il.
    Arrivé à l’Elysée en 2007, M. Sarkozy n’abandonne pas ce plaidoyer en faveur du fait religieux. Mais un glissement sémantique se dessine, puisqu’il va peu à peu y ajouter la prédominance de la chrétienté. « La laïcité positive (…) ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout », déclare-t-il lors de son discours à la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome, le 21 décembre 2007, où il s’enthousiasme pour la « profondeur de l’inscription du christianisme dans notre histoire ». Une formule va alors choquer durablement les défenseurs de la laïcité : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur. »
    Laïcité rigoriste
    Rien à voir avec le Nicolas Sarkozy version 2015. De meeting en meeting, il se dresse en défenseur d’une République forte qui ne survivra que par l’application d’une laïcité rigoriste. « Ce sont les religions qui s’adaptent à la République, pas la République qui s’adapte à la religion », déclare-t-il à chacun de ses discours avant de longuement évoquer la question de l’islam. « Ce débat-là, il faut qu’on l’ait pour avoir un islam de France qui intègre les valeurs de la République », déclare-t-il lors d’un meeting à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), le 20 mars, faisant lui-même le deuil de l’action du CFCM. « Celui qui nous rejoint doit s’assimiler, adopter notre mode de vie, notre culture. (…) Garde-t-on ses chaussures quand on visite une mosquée à l’étranger ? », lance-t-il également lors de ce discours prononcé à deux jours du premier tour des élections départementales.
    Même s’il n’est pas pratiquant, Nicolas Sarkozy s’est toujours dit « intéressé et intrigué » par le fait religieux, selon son entourage. Mais ses analyses sont souvent conditionnées par le contexte dans lequel il s’exprime. Entre 2002 et 2007, figure montante de son parti cherchant à incarner une rupture par rapport à la droite classique, il préempte la thématique de la discrimination positive et du respect de l’islam, des thèmes assez novateurs dans sa famille politique. Un pragmatisme teinté parfois d’électoralisme. A l’approche des élections départementales de mars 2015, il durcit son discours sur l’islam « qui ne doit pas se vivre dans les caves et les garages » et se prononce contre les repas de substitution dans les cantines. Un appel du pied peu discret aux électeurs du FN.
    « Il ne m’apparaît pas comme un homme pétri de religion, mais il en a une vision bonapartiste, c’est-à-dire qu’il y voit un fait social important dont il faut tenir compte pour diriger les Français », analyse un de ses anciens conseillers à l’Elysée, où son entourage a toujours beaucoup pesé dans ses orientations. Patrick Buisson l’a incité sans relâche à faire référence aux racines chrétiennes de la France. Henri Guaino, qui défend une ligne assimilatrice, l’a convaincu de l’importance de la loi contre la burqa alors qu’il était plutôt dubitatif lors des premières réunions sur le sujet en 2010.
    Pourquoi M. Sarkozy a-t-il encore accentué son discours depuis son retour à la vie politique ? Entre 2012 et 2014, l’ancien chef de l’Etat rencontre plusieurs fois des jeunes catholiques lors de réunions informelles organisées par le médiatique abbé Grosjean. Mais il consulte peu sur le sujet de l’islam. Ses proches disent aujourd’hui qu’il a surtout été marqué par ses rencontres avec des élus qui constatent un « durcissement de l’électorat sur la question ». Il lit également le livre Allah est grand, la République aussi (ed. JC Lattès, 2014), de Lydia Guirous. Cette jeune femme d’origine kabyle y décrit une France qui a abdiqué face à la montée du communautarisme musulman. « Le prétexte de la stigmatisation est devenu le cache-misère des républicains lâches », écrit Lydia Guirous, promue mardi 2 juin porte-parole des Républicains.
    Matthieu Goar
    Journaliste au Monde

  • #2
    a force de parler et de stigmatiser l , L ISLAM devient un phantasme pour tout les non croyants et autres relegions!

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