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Maroc-France : ensemble vers l’Afrique !

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  • Maroc-France : ensemble vers l’Afrique !

    Au niveau patronal comme gouvernemental, le Maroc et la France sont convenus de construire un nouvel axe Nord-Sud-Sud vers les marchés du continent africain

    Jeudi 28 mai à Paris, la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le patronat français, le Medef, semblent réellement sur le pied de guerre. La salle comble de près de trois cents entreprises marocaines et françaises réunis dans l’hôtel Hyatt Regency est là pour mettre encore plus la pression aux deux confédérations patronales afin d’intensifier les échanges économiques entre les deux pays. Ces plus hauts dirigeants ont tous été conviés par le Club des Chefs d’entreprise France-Maroc, en marge de la rencontre de haut niveau qui se tenait à Matignon. La thématique retenue “France-Maroc, nouvelles réalités, nouvelles coopérations, nouvelles frontières”. Après une année de brouille diplomatique, qui a aussi touché le secteur économique, selon plusieurs opérateurs économiques présents, il était urgent pour les entreprises de relancer leurs opérations non seulement dans les deux pays mais aussi de réfléchir à une nouvelle approche triangulaire, un tryptique Nord-Sud-Sud qui permette de “mieux cerner le risque, voire le partager” - le tout de manière complémentaire.

    Le tandem patronal Medef-CGEM
    À la tête de toute cette journée de réflexion, le Club des Chefs d’entreprise France-Maroc (Medef International-CGEM), fruit de la fusion du Conseil de chefs d'entreprises France-Maroc, créé en 1980 par Medef International, et du Groupe d'impulsion des relations économiques franco-marocaines (GIEFM), créé à l'issue de la Commission mixte intergouvernementale franco-marocaine, réunie en 2005 à Rabat. Le Club fait chaque année des recommandations pour améliorer le succès des relations entre les entreprises des deux pays, notamment à la suite des rencontres entre chefs d'entreprise français et marocains. Des groupes de travail mixtes dans huit filières ont été mises en place en 2012 pour permettre au secteur privé de se développer dans les meilleures conditions et de réfléchir à la situation du secteur dans le cadre d'une concurrence internationale, tout en faisant des propositions visant à améliorer la compétitivité des entreprises au Maroc. Le Club est aujourd’hui coprésidé par Saida Lamrani Karim, vice-président directeur général délégué du Groupe Safari, et Mohamed El Kettani, président directeur général d'Attijariwafa bank pour la partie marocaine, et Xavier Beulin, président du groupe Avril, et Jean-Paul Herteman, président du Conseil d'administration du CNAM et ancien PDG de Safran, pour la partie française.



    La France est là, le Maroc aussi

    Dans les faits, la France est encore le premier partenaire économique du Maroc. Elle y détient, de loin, le premier stock d’investissement direct étranger, soit environ 30 % du total. De très nombreuses grandes entreprises françaises y conduisent des activités industrielles : Airbus, Danone, Engie, Edf, Avril, Vinci,Bouygues, Orange.. sans compter des centaines de PME. En matière d’échanges, si les exportations françaises sont désormais légèrement dépassées par celles de l’Espagne, le total du commerce entre les deux pays n’est, pour le Maroc, dépassé par aucun autre partenaire. PDG de la banque panafricaine Attijariwafa Bank, Mohamed El Kettani explique : "La France est notre premier partenaire, notre premier investisseur, notre premier fournisseur en touristes, mais cette proéminence de la France au Maroc se retrouve dans beaucoup d’autres domaines. Mieux combinés, nous pourrons conquérir ensemble de nouveaux marchés, africains notamment. On ne réfléchit plus Nord-Sud. On réalise aussi que le vecteur Sud-Nord est aussi créateur de valeurs en France.” Une mutation largement actée et désormais affichée par tous les experts qui ne parlent plus d’économies nationales mais bien d’économies régionales notamment autour de la Méditerranée ou du continent africain.

    À la recherche de nouveaux relais de croissance

    Les chefs d’entreprise marocains et français sont actuellement à la recherche de ces nouveaux relais de croissance. "L’essentiel de ces chefs d’entreprise ont pour ambition commune de faire réussir davantage le couple franco-marocain dans la compétition internationale ; nous cherchons à mieux combiner les forces respectives des opérateurs économiques des deux pays en termes de recherche et développement, d’innovation, de ressources humaines, de coûts du risque dans l’objectif de bâtir de niveaux avantages compétitifs à l’export et conquérir ensemble de nouveaux marchés, à cet égard le co-investissement des entreprises françaises et marocaines est de plus en plus ciblé et à double sens”, ajoute Mohamed El Kettani.

    S'adapter à une nouvelle logique Nord-Sud-Sud

    À l’ouverture, Pierre Gattaz a indiqué : "Si nous souhaitons renforcer nos partenariats, nous devons reconnaître les nouvelles réalités de nos deux pays, pousser plus loin la notion de partenariats pour investir en Afrique et dans le monde arabe (...) l’Afrique est une priorité pour le Medef et pour le Maroc donc nous devons voir comment renforcer les initiatives." De nombreuses entreprises françaises se développent déjà sur le continent africain depuis le Maroc, mais jusqu’à présent l’approche était assez individuelle. Et puis la stratégie africaine du Maroc, qui n’est plus à démontrer, connaît une accélération avec ce voyage du roi en Afrique qui se poursuit d'ailleurs. C'est ce qui intéresse la France qui, depuis l’an dernier, prône la complémentarité - face aux autres acteurs internationaux intéressés par les marchés africains. Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, venu clôturé la journée, a appelé à un partenariat novateur entre le Maroc et la France en Afrique qui soit bénéfique pour toutes les parties. "On a besoin d’une touche maroco-française en Afrique, dans un esprit de partenariat et d’association pour que tout le monde se développe", a dit le Premier ministre du royaume chérifien. Des propos intéressants mais qui conduisent à se poser la question de savoir comment faire pour que les entreprises françaises et marocaines se partagent la chaîne de valeur, répondent ensemble à des appels d'offres en Afrique subsaharienne et prennent des marchés ensemble.

    Une convention signée entre les patronats français et marocain...

    Pour donner corps à cette coopération France-Maroc-Afrique, une convention a été signée par la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chaqroun, et le président du Medef, Pierre Gataz. Les deux patronats s'engagent à "échanger informations et expériences, à délibérer sur les questions d'intérêt commun de leurs membres et à représenter ceux-ci auprès des institutions pertinentes ou lors des sommets bilatéraux en se reposant sur les principes de coordination et de coopération, dans le respect total de l'autonomie de chaque partie ainsi que des dispositions légales des deux pays". Les deux patronats s'engagent aussi à encourager l'établissement des entreprises marocaines en France et celui des entreprises françaises au Maroc, outre la mise en place de projets communs pouvant contribuer au partage des expériences et à la formation des membres des organisations respectives en matière notamment d'entreprenariat, de marketing et de communication, de lobbying, de nouvelles technologies, de création d'emplois dans les deux pays et de formation des salariés, d'exportation, d'internationalisation et d'assistance aux PME.

    Un accord entre les deux gouvernements

    À côté des patronats, les gouvernements français et marocains qui ont signé un accord qui "mettra en place une facilité financière à hauteur de 25 millions d’euros pour financer les projets conjoints et répondre ensemble à un marché dans un pays africain". Ce champ d’action doit englober les domaines de l’énergie, des infrastructures, de l’exploitation des matières premières ou du numérique. Des possibilités de coopération et de débouchés inattendus, comme ce fut le cas lors de la deuxième table ronde consacrée aux ressources humaines, en présence de Jamal Bellarach, à l’initiative d’un rapport du patronat marocain sur "Un nouveau modèle social marocain". Son propos va dans le sens d’une prise de conscience que les PME sont porteuses d’innovation et d’emplois. Et de dire combien il serait dommageable de ne pas utiliser ce capital humain, source de richesses pour une meilleure compétitivité marocaine. Quoi qu'il en soit, un élément nouveau de plus pour les deux pays.

    le Point fr
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