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Une contribution de Djoghlal Djemâa – L’écrivain Rachid Boudjedra et la confession publique

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  • Une contribution de Djoghlal Djemâa – L’écrivain Rachid Boudjedra et la confession publique

    ARTICLE | 8. JUIN 2015 - 9:43
    Rachid Boudjedra. L'Algérie de 2015 est-elle l'Espagne de l'Inquisition ? D. R.
    Comment le peuple de l'action révolutionnaire et des pensées progressistes a-t-il pu accoucher du peuple des panses insatiables et de la soumission à l'absolutisme wahhabite ? Le peuple algérien n'avait-il pas contredit toutes les thèses essentialistes de la race en menant des révoltes pendant cent vingt-quatre ans contre son colonisateur, et conduit avec abnégation une révolution durant sept ans et demi, révolution qui lui avait rendu sa dignité et provoqué l'admiration de tous les peuples opprimés ? Comment ce peuple pratiquant du rite malékite, depuis le IXe siècle (ère chrétienne), s'est-il retrouvé soumis au sectarisme wahhabite depuis quarante ans ? Ce sectarisme dont les théoriciens ont fait apparaître, depuis 1980, l'inégalité parmi les classes sociales algériennes et instauré juridiquement la mise sous tutelle des Algériennes depuis 1984, sans que ces dérives politiques anticonstitutionnelles n'émeuvent les dirigeants du pays. Ce sectarisme qui a voilé notre mémoire nationale, qui a appauvri notre langage et nos arts, qui a défiguré nos villes et nos villages et qui nous soumet, du plus anonyme au plus célèbre, à la confession publique et à la damnation wahhabite sans que cela ne fasse réagir les intellectuels nationaux ou étrangers. Ce sectarisme wahhabite dont les adeptes avaient refusé en octobre 1989 l'enterrement, parmi les siens, d'un des plus illustre fils de l'Algérie, Kateb Yacine, sans que les musulmans algériens ne s'expriment pour condamner cet affront. Les paroles et les écrits de ces sectaires rappelaient à certains étudiants algériens le sort réservé au philosophe de l'Ethique, Baruch Spinoza, qui avait échappé à une tentative d'assassinat d'un fanatique de sa communauté. Si l'assassinat ne réussit pas, il ne put éviter l'exclusion dont il fut l'objet le 27 juillet 1656, exclusion dont le texte fondateur, le Herem, ressemble à s'y méprendre aux préceptes wahhabites, car on peut y lire : «(...) Qu'il soit maudit le jour, qu'il soit maudit la nuit ; qu'il soit maudit à son entrée et qu'il soit maudit à sa sortie. Veuille l'Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l'Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Loi : que son nom soit effacé dans ce monde et à tout jamais... » Spinoza fut exclu de sa communauté, Kateb fut porté en terre par les siens parmi les siens malgré les dangers et les prises de position de ses ennemis obscurantistes à l'affût de chaque geste ou de chaque parole hors de leur champ sectaire. Aujourd'hui, comment accepter qu'un penseur algérien, Rachid Boudjedra, soit soumis à une confession publique devant des millions d'intégristes n'attendant que l'occasion pour l'assassiner, ce qu'ils n'ont pu accomplir lors de leur guerre contre le peuple algérien. Quel est le passage du Coran ou d'un autre texte religieux qui oblige le citoyen algérien à se soumettre à la confession publique, pratique relevant uniquement des religions juive et chrétienne qui possèdent un clergé à la différence de l'islam, selon les pratiques ancestrales depuis 14 siècles. L'Algérie dans laquelle vit Rachid Boudjedra est-elle à l'image du monde chrétien de Léon X où le pardon des péchés était accordé contre la vente de certificats d'absolution nommés Indulgences. L'Algérie de 2015 est-elle l'Espagne de l'Inquisition catholique des rois Ferdinand et Isabelle conseillés par Thomas Torquemada (descendant de marranes) pour mener la guerre contre les Maures et la lutte contre les infidèles conversos et morisques. Aucun pouvoir politique algérien ne put museler cet auteur, aucun lecteur algérien en désaccord avec lui ne l'avait menacé, aucun religieux algérien ne l'avait condamné à la damnation sur terre ou au ciel, seuls les intégristes veulent réussir leurs desseins par la terreur vu la faiblesse de leurs débats intellectuels. Depuis l'indépendance, Rachid Boudjedra grâce à son œuvre prolifique a pointé les contradictions régissant la société algérienne, il a appris à des milliers d'Algériennes et d'Algériens à devenir acteur de leur histoire et de l'histoire nationale, il fut et reste l'un des derniers éclaireurs de ce monde en recolonisation occidentale. Lecteur ou pas, en accord ou pas, Algérien ou étranger, pratiquant ou pas, imam ou pas, se taire devant les attaques dont il est l'objet c'est contribuer à hurler avec la meute meurtrière. Quelle est l'autorité malékite, qui, tel Martin Luther en 1517, viendra délivrer la foi ancestrale des Algériens de cette bigoterie commerciale wahhabite qui débute par une condamnation verbale, se poursuit par un autodafé et finit par le bûcher.
    Djoghlal Djemaâ
    Militante associative

  • #2
    Comment le peuple de l'action révolutionnaire et des pensées progressistes a-t-il pu accoucher du peuple des panses insatiables et de la soumission à l'absolutisme wahhabite ?


    J'essaie humblement de répondre à cette question fondamentale :
    D'abord par ce paternalisme affiché par les tenants de l'Etat algérien depuis sa naissance en 1962 et soutenu par les différents gestionnaires qui injectaient à perte des finances précieuses sur des produits dit de large consommation. Les gens ont appris à dormir profondément et se réveiller tardivement.
    Le peuple a longtemps été chatouillé dans son ego pour se croire vraiment le centre du monde. On lui a chanté ses mérites et ses valeurs religieuses. Se croyant sur le bon droit chemin et le laisser-allez du pouvoir, les mosquées ensuite l'ecole ont été livrées à l'islamisme ..
    La déliquescence de l'Etat durant la période de Chadli a fait le reste ...
    Nous continuons à le payer !

    Commentaire


    • #3
      SALAM ALIKOUM GETULE...


      TROU NOIR...ET LARGEUR DE L'OESOPHAGE...

      je renchéri volontiers dans ton sens ,pour insister sur le caractère non productif que les politiques suivi depuis l'indépendance, ont donné à l'Algérien.
      La conception de l'état-nation ,centralisatrice, et dissimulatrice, , telle que voulu par Boumediene et son entourage, a effectivement sapé toute culture du travail et de l'effort, de l'inconscient national, transformant ainsi le peuple en un immense tube digestif , pour une société de consommateurs , sans producteurs...ni créateurs de richesses.

      Si les sommes colossales englouties dans des importations superflues , subventions généralisées ,et autres gouffres financiers n'avaient été victimes d'une planification de Zambies, même le fameux projet budgétivore sur" l'industrie industrialisante" chère à Belaid Abdeslam n'aurait pas bouclé la boucle et aggravé les choses avec toutes ces baudruches industrielles clés en main, qu'il a fait pousser comme des champignons sur des périphéries urbaines,
      on imagine bien l ampleur de l'exode rurale que cela a généré, touchant même les fellahs qui vivaient de leur agriculture pastorale, que l'appel d'air de l'usine à happé comme des mouches, laissant derrière eux de milliers d'hectares qui se sont retrouvés en friche...au mieux pris d'assaut par la broussaille , le chiendent et autres graminées envahissantes , au pire, par des bétonnages en constructions anarchiques ,illicites et douteuses...

      En somme, le lancement de notre modèle politique, économique et social étant mal parti du milieu des années 60...nous le voyons bien arriver aujourd'hui, mais dans un trou noir...

      Par conséquence, quand un pays avance dans le noir , il fait toujours de mauvaises rencontres et l'intégrisme religieux en est le plus sanglants des différents croisements que notre société à subit.
      Bien entendu tout va de cause à effet...
      Nous savons tous que la cause subsiste encore, toujours en amont des choses avec pignon sur rue, et notoriété artificielle et marchande et ce n'est autre que ce colonialisme intérieur brut que le Parti FLN ...a institutionnalisé après le départ de nos anciens ancêtres les Gaulois.

      Admirons son œuvre de destruction massive et toutes ses nuisances collatérales.. ! mais ne demandons pas à Rachid Boudjedra pourquoi il n'admire pas le coucher de soleil au dessus des ghettos dogmatiques , surtout quand il a un petit caillou dans la chaussure...il n'aime pas trop...

      N'est pas escargot entêté qui veut ! clin d'œil.

      cordialement...
      Dernière modification par tayeb el Ouatani, 10 juin 2015, 15h36.
      "Parfois, c'est en retournant le chatiment contre soi même qu'on atteint le vrai coupable" (Y.Ait-Ali, Ecrivain-Essayiste Algerien)

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