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Léo Ferré - Tu ne dis jamais rien

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  • Léo Ferré - Tu ne dis jamais rien

    Je vois le monde un peu comme on voit l'incroyable
    L'incroyable c'est ça c'est ce qu'on ne voit pas
    Des fleurs dans des crayons Debussy sur le sable
    A Saint-Aubin-sur-Mer que je ne connais pas
    Les filles dans du fer au fond de l'habitude
    Et des mineurs creusant dans leur ventre tout chaud
    Des soutiens-gorge aux chats des patrons dans le Sud
    A marner pour les ouvriers de chez Renault
    Moi je vis donc ailleurs dans la dimension quatre
    Avec la Bande dessinée chez mc 2
    Je suis Demain je suis le chêne et je suis l'âtre
    Viens chez moi mon amour viens chez moi y a du feu
    Je vole pour la peau sur l'aire des misères
    Je suis un vieux Bœing de l'an quatre-vingt-neuf
    Je pars la fleur aux dents pour la dernière guerre
    Ma machine à écrire a un complet tout neuf
    Je vois la stéréo dans l'œil d'une petite
    Des pianos sur des ventres de fille à Paris
    Un chimpanzé glacé qui chante ma musique
    Avec moi doucement et toi tu n'as rien dit

    Tu ne dis jamais rien tu ne dis jamais rien
    Tu pleures quelquefois comme pleurent les bêtes
    Sans savoir le pourquoi et qui ne disent rien
    Comme toi, l'œil ailleurs, à me faire la fête

    Dans ton ventre désert je vois des multitudes
    Je suis Demain C'est Toi mon demain de ma vie
    Je vois des fiancés perdus qui se dénudent
    Au velours de ta voix qui passe sur la nuit
    Je vois des odeurs tièdes sur des pavés de songe
    A Paris quand je suis allongé dans son lit
    A voir passer sur moi des filles et des éponges
    Qui sanglotent du suc de l'âge de folie
    Moi je vis donc ailleurs dans la dimension ixe
    Avec la bande dessinée chez un ami
    Je suis Jamais je suis Toujours et je suis l'ixe
    De la formule de l'amour et de l'ennui
    Je vois des tramways bleus sur des rails d'enfants tristes
    Des paravents chinois devant le vent du nord
    Des objets sans objet des fenêtres d'artistes
    D'où sortent le soleil le génie et la mort
    Attends, je vois tout près une étoile orpheline
    Qui vient dans ta maison pour te parler de moi
    Je la connais depuis longtemps c'est ma voisine
    Mais sa lumière est illusoire comme moi

    Et tu ne me dis rien tu ne dis jamais rien
    Mais tu luis dans mon cœur comme luit cette étoile
    Avec ses feux perdus dans des lointains chemins
    Tu ne dis jamais rien comme font les étoiles

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