L’occasion était en or, elle a été saisie au vol. Une erreur dans l’épreuve d’arabe du baccalauréat attribuant à Mahmoud Derrouich un poème de Nizar Tawfiq Qabbani, et voilà toute la planète des opposants à la ministre de se déployer dans certains médias qui n’attendaient que ça pour crier à la négligence, à l’incompétence et, pire encore, à «la dérive» d’un secteur mis entre les mains d’une femme qui plus est ne maîtrisant pas la langue arabe, ô infamie !
Il en fut même, depuis dimanche, à demander la démission de celle qui tient tête au nid de baâthistes et autres terroristes amnistiés, qui ont fait de l’école algérienne un laboratoire d’apprentissage des pratiques obscurantistes et autres charlatanismes introduits insidieusement depuis des années dans un programme qu’aucun ministre du secteur, en dehors de Benghebrit, n’a osé aborder pour assainir la situation. L’erreur commise n’est évidemment pas pardonnable et ses auteurs devraient être sanctionnés. Mais au-delà, et sans préjuger des résultats de l’enquête qu’a décidé de lancer la ministre, il est difficile de ne pas se poser cette question : et s’il ne s’agissait pas d’une «bourde», d’une «faute», mais bien d’une cabale montée de toutes pièces contre la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, qui fait, depuis sa nomination à la tête de ce secteur, l’objet d’attaques les plus abjectes, les plus méprisables venant de ceux qui ont squatté ce secteur ? Ils sont légion dans ce département ministériel qui ont vu qu’à travers Nouria Benghebrit, l’enseignement et non les prêches de classe, la connaissance, l’ouverture sur l’autre et sur l’universel allaient enfin reprendre leur place et que la pédagogie, taboue pour les ministres qui l’ont précédée et qui ne s’y sont jamais consacrés, allait être reconsidérée, que la formation des enseignants et leur recyclage allaient être déployés et que la connaissance et l’épanouissement et l’ouverture d’esprit des élèves devaient à l’avenir constituer la priorité du secteur. Un acharnement sans pareil s’est abattu sur celle que l’on a, sans honte bue, d’abord présentée comme étant juive et comme cela n’a pas résisté aux faits, l’on a voulu la précipiter dans un tourbillon de grèves qu’elle a, d’une main tendue mais ferme et sans concession sur l’essentiel, réussi à gérer. Le langage populiste n’étant pas sa tasse de thé, dans toutes ses interventions, la ministre s’est gardée de plaire aux uns et autres, son cap et la lettre de mission qu’elle s’est fixés (et non que l’on lui a fixés, sachant que dans ce domaine, son expérience et sa compétence sont avérées et n’ont pas besoin d’orientation), elle compte poursuivre son objectif : changer l’école contre vents et marées et y aller malgré toutes les embûches. Les obstacles mis sur sa route sont colossaux. Ils viennent du secteur lui-même miné par ceux qui l’ont squatté depuis des lustres pour faire de nos enfants des terroristes en puissance, des businessmen ayant pour seule morale l’argent, que l’on présente aux enfants comme valeur cardinale de la réussite. Ces obstacles viennent aussi dans un environnement social et politique caractérisé aujourd’hui par une montée en puissance d’islamistes véreux revenus triomphalement, par la grâce du pouvoir en place, dire aux citoyens que l’unique solution à nos problèmes de toutes natures, l’enseignement comme les actes quotidiens et privés, est le retour à la Charia, seule source de bonheur du peuple. Les épisodes marquant ce nouvel environnement sont nombreux : l’école, la jupe à l’université, la condamnation à mort d’hommes de lettres parce que laïques et l’appel pour qu’ils ne soient pas enterrés dans nos cimetières, le gel, pour l’instant, du projet de loi sur la violence faite aux femmes, le rejet du texte sur l’importation des boissons alcoolisées et son scandaleux gel par le gouvernement… Et beaucoup d’autres décisions de ce tonneau qui ne peuvent nous empêcher de penser que le haro fait sur Benghebrit suite à cette erreur dans l’épreuve du baccalauréat n’est pas un acte de sabotage et d’annihilation de tous les efforts qu’elle mène pour sortir l’école de son marasme.
Khedidja Baba Ahmed
Le Soir
Il en fut même, depuis dimanche, à demander la démission de celle qui tient tête au nid de baâthistes et autres terroristes amnistiés, qui ont fait de l’école algérienne un laboratoire d’apprentissage des pratiques obscurantistes et autres charlatanismes introduits insidieusement depuis des années dans un programme qu’aucun ministre du secteur, en dehors de Benghebrit, n’a osé aborder pour assainir la situation. L’erreur commise n’est évidemment pas pardonnable et ses auteurs devraient être sanctionnés. Mais au-delà, et sans préjuger des résultats de l’enquête qu’a décidé de lancer la ministre, il est difficile de ne pas se poser cette question : et s’il ne s’agissait pas d’une «bourde», d’une «faute», mais bien d’une cabale montée de toutes pièces contre la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, qui fait, depuis sa nomination à la tête de ce secteur, l’objet d’attaques les plus abjectes, les plus méprisables venant de ceux qui ont squatté ce secteur ? Ils sont légion dans ce département ministériel qui ont vu qu’à travers Nouria Benghebrit, l’enseignement et non les prêches de classe, la connaissance, l’ouverture sur l’autre et sur l’universel allaient enfin reprendre leur place et que la pédagogie, taboue pour les ministres qui l’ont précédée et qui ne s’y sont jamais consacrés, allait être reconsidérée, que la formation des enseignants et leur recyclage allaient être déployés et que la connaissance et l’épanouissement et l’ouverture d’esprit des élèves devaient à l’avenir constituer la priorité du secteur. Un acharnement sans pareil s’est abattu sur celle que l’on a, sans honte bue, d’abord présentée comme étant juive et comme cela n’a pas résisté aux faits, l’on a voulu la précipiter dans un tourbillon de grèves qu’elle a, d’une main tendue mais ferme et sans concession sur l’essentiel, réussi à gérer. Le langage populiste n’étant pas sa tasse de thé, dans toutes ses interventions, la ministre s’est gardée de plaire aux uns et autres, son cap et la lettre de mission qu’elle s’est fixés (et non que l’on lui a fixés, sachant que dans ce domaine, son expérience et sa compétence sont avérées et n’ont pas besoin d’orientation), elle compte poursuivre son objectif : changer l’école contre vents et marées et y aller malgré toutes les embûches. Les obstacles mis sur sa route sont colossaux. Ils viennent du secteur lui-même miné par ceux qui l’ont squatté depuis des lustres pour faire de nos enfants des terroristes en puissance, des businessmen ayant pour seule morale l’argent, que l’on présente aux enfants comme valeur cardinale de la réussite. Ces obstacles viennent aussi dans un environnement social et politique caractérisé aujourd’hui par une montée en puissance d’islamistes véreux revenus triomphalement, par la grâce du pouvoir en place, dire aux citoyens que l’unique solution à nos problèmes de toutes natures, l’enseignement comme les actes quotidiens et privés, est le retour à la Charia, seule source de bonheur du peuple. Les épisodes marquant ce nouvel environnement sont nombreux : l’école, la jupe à l’université, la condamnation à mort d’hommes de lettres parce que laïques et l’appel pour qu’ils ne soient pas enterrés dans nos cimetières, le gel, pour l’instant, du projet de loi sur la violence faite aux femmes, le rejet du texte sur l’importation des boissons alcoolisées et son scandaleux gel par le gouvernement… Et beaucoup d’autres décisions de ce tonneau qui ne peuvent nous empêcher de penser que le haro fait sur Benghebrit suite à cette erreur dans l’épreuve du baccalauréat n’est pas un acte de sabotage et d’annihilation de tous les efforts qu’elle mène pour sortir l’école de son marasme.
Khedidja Baba Ahmed
Le Soir
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