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L'affaire Gaïd : défendre un pays, pas une kasma par Kamel Daoud

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  • L'affaire Gaïd : défendre un pays, pas une kasma par Kamel Daoud

    L'affaire Gaïd : défendre un pays, pas une kasma



    Pour une lettre de félicitation voulue anodine à l'actuelle direction du FLN, l'actuel Chef (délégué) de l'armée algérienne a reçu des critiques virulentes. Elles sont justifiées. Car depuis quelques années, l'idée que l'armée était dans les casernes et pas dans nos rues, gardienne du pays et arbitres de ses crises, a fini par nous laisser croire à sa neutralité et donc à notre possibilité de jouer le jeu de la politique, de l'opposition ou de la dénonciation. La fin de la mainmise de l'armée sur le jeu politique était un acquis « formel » auquel on a voulu croire. Encore plus après la « fin » présumé du DRS. Une armée qui protège la nation contre les autres et contre elle-même s'il le faut, qui ne s'implique pas dans le politique et les élections, est pour nous le début d'une maigre démocratie mais une démocratie quand même. Du coup, la lettre de ce général, adressée à un parti politique qui maque le pays au nom de l'histoire, a été perçu comme une dérive, un coup de non-Etat, un parti pris insupportable et une dérive. Cela a signifié la fin de la parenthèse 88, la consécration du nouveau parti unique et un usage abusif de l'armée algérienne pour de sordides calculs flnistes de familles et de clans. Gaid Salah a fait voter l'armée algérienne avant l'heure, l'implique dans un jeu politique qui nous fait violence et abuse de son emploi pour prouver ses loyautés. Les Algériens, beaucoup d'Algériens, ont donc ressenti de la colère, de la peur de voir revenir les années des « généraux » et une fin d'illusion avec, en prime, un retour du parti unique soutenu par une armée qui l'a choisi au détriment de tous les Algériens. Le choix d'une kasma au lieu d'un pays.

    Ce général n'avait pas le droit de le faire ni de jouer au naïf sous prétexte d'un usage mondain des lettres de félicitation. L'explication que ce genre de lettre avait déjà été adressée au RND est risible. On n'a pas vu le chef d'Etat-major féliciter le RCD ou le PT. Et, surtout, ce n'est pas là son emploi et sa mission L'armée ne sert pas de kasma et ne devrait pas servir à bourrer des urnes ou à peser sur la scène partisane. Depuis des mois que l'on nous serine avec les éditos alambiqués d'El Djeich sur une armée qui ne s'implique pas dans le politique, voilà que l'on nous sert une lettre d'obédience qui fait de l'ANP un bras armée du cet FLN de rabatteurs d'électeurs et de clients. Cela est insoutenable, n'augure rien de bon ou de quelque chose de pire que la dictature molle subie depuis une décennie et demie. Les soldats de l'armée algérienne ont le droit de voter, mais un par un, et pas au nom de toute l'armée, quelque soit leur grade.

    Lettre inédite, geste violent, message indirecte et sens évident d'une fin d'époque, cette lettre a donc été condamnée, dénoncée et reste préoccupante. Mais la question n'est plus de son sens, elle est sur ce que nous pouvons. Que faire quand un chef de l'armée choisi de faire de la politique, opte pour un parti et fait usage de l'armée pour des besoins propres de manœuvres claniques ? Quels sont les choix des algériens quand un chef de l'Etat major fait violence à leur acquis ? Que faire contre un coup d'Etat contre la petite démocratie algérienne ? Espérer un mouvement de redressement au sein de ce corps comme fantasment certains ? Dénoncer jusqu'à faire reculer ? Il y a dans les airs une sorte de sentiment d'impunité et de sécurité qui donnent droit à de l'outrecuidance : le régime sent qu'il peut toute faire sans risque ni soulèvement, ni révolte ni contestations : les gens sont soient client, soit fatalistes soi peureux, soit peu nombreux. Depuis le vote du 17 avril dernier, on sent, chez certains, la certitude que tout est possible pour eux et la conclusion que ce peuple ne pourra jamais rien contre eux. L'ancienne illusion de puissance et de sécurité de tout les régimes ou dictature. Cela semble jouer aujourd'hui, additionné à un amateurisme politique dangereux, un Non-Etat consacré, une régence collégiale au nom d'un président affaiblit. Pourtant Gaïd Salah et l'armée algérienne ont fort à faire avec ce qui entoure le pays comme menace. Faire de l'ANP une kasma épistolaire n'est pas digne, ni utile. L'ALN a été le bras armé du FLN quand le FLN était un parti de libération. Aujourd'hui, l'armée ne doit pas lui servir de main courante pour reprendre la position perdue du parti unique.

    La lettre de ce Général est une faute grave, un recul, un danger donc. Elle n'est pas digne de notre armée. Elle nous replonge dans le souvenir des années noires. Certains espèrent qu'elle ne fut qu'une maladresse et pas une grossière manœuvre. On peut en douter.


    par Kamel Daoud

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    L'ALN a été le bras armé du FLN quand le FLN était un parti de libération. Aujourd'hui, l'armée ne doit pas lui servir de main courante pour reprendre la position perdue du parti unique.
    C'est avec des légendes qu'on gouverne les peuples , et les légendes ont besoin de de temps en temps d’êtres convoquées pour que l'on continue de croire en son destin .

    C'est ce que font exactement de tout temps et toutes circonstances les "responsables" , plutôt les coupables Algériens: arranger , abuser , mentir , travestir ,...

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