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Très haut débit : le retard de la France est préjudiciable pour les entreprises

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  • Très haut débit : le retard de la France est préjudiciable pour les entreprises

    Lors d’une table ronde sur les infrastructures télécoms, les dirigeants d’Objectif Fibre, de la Mission très haut débit, ou de l’Arcep, le régulateur du secteur, ont fait le point sur leurs stratégies pour permettre à la France de rattraper son retard dans le déploiement du très haut débit.

    Il faut passer à la vitesse supérieure. Sans perdre de temps. Si la France veut tirer pleinement les fruits de la révolution numérique, elle doit se doter sans traîner des infrastructures nécessaires pour offrir du très haut débit à tous, aux foyers comme aux entreprises. Tel est le principal enseignement de la table ronde organisée par le Medef ce jeudi, sur le secteur des télécoms en France et en Europe.

    La France n'a plus de marge de manœuvre. En février dernier, la Commission européenne a établi un indice lié à la société et à l'économie numériques. D'après celui-ci, l'Hexagone pointe à une piètre 14ème place sur les 28 états membres de l'UE, derrière l'Autriche et devant Malte. La France apparaît plombée par le volet « connectivité », où elle se situe à la 19ème position. Explications de la Commission :

    « Les ménages français bénéficient d'une couverture intégrale pour le haut débit fixe et 74% des ménages ont un abonnement au haut débit fixe. En revanche, seulement 41% des ménages français disposent d'un réseau d'accès de nouvelle génération (permettant un très haut débit d'au moins 30 Mbps, Ndlr). »

    6 millions de kilomètres de fibre installés en France l'an passé
    Ce constat ne constitue pas une surprise. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a lancé au printemps 2013 son plan très haut débit. Celui vise à fournir des accès à Internet dernier cri en fixe ou en mobile à tous les Français sur tout le territoire à horizon 2022. L'initiative repose en priorité sur le déploiement de réseaux de FttH (Fiber to the Home), qui amène la fibre optique directement au domicile de l'abonné. D'un montant de 20 milliards d'euros, ce plan repose sur une action coordonnée des secteurs public et privé.

    Comme le rappelle Antoine Darodes, le directeur la Mission très haut débit, en charge de l'exécution du plan, celui-ci repose sur « deux moteurs » essentiels. Le premier concerne les zones denses (comme les grandes agglomérations). Ici, les opérateurs déploient la fibre sur leurs fonds propres, pour un montant global de 6 à 7 milliards d'euros. Le second concerne les zones moins denses, où les opérateurs ne vont pas spontanément car celles-ci sont bien moins (voire pas du tout) rentables. Dans ce cas, les collectivités territoriales (départements ou régions) bénéficient d'aides de l'Etat pour assurer le déploiement. Sachant que ces investissements représentent 13 à 14 milliards d'euros.

    Evidemment, la mise en œuvre d'un programme aussi vaste que complexe n'est pas chose aisée. Président d'Objectif Fibre, Jean-Pierre Bonicel représente les industriels et fournisseurs impliqués dans le déploiement de la fibre optique dans l'Hexagone. A la conférence du Medef, il a indiqué qu'en 2014 « 6 millions de kilomètres de fibre ont été installés en France ». « On a su répondre à la demande. Mais la question est maintenant de savoir quels seront les besoins en 2016 et pour les prochains exercices... Va-t-il falloir produire 6, 8 ou 12 millions de kilomètres de fibre ? Nous avons besoin de visibilité, car de telles quantités nécessitent la mobilisation de gros moyens industriels », s'inquiète-t-il. Avant de fustiger « une certaine inertie » à ce sujet.

    Vers une « accélération » du plan très haut débit
    Dans la foulée, Antoine Darodes assure que « cette visibilité, on est en train de la construire ». Du côté des acteurs privés, il concède « qu'on a de la visibilité chez certains, pas encore chez d'autres »... Mais au niveau de « l'initiative publique », il affirme que « les projets, qui sont en construction depuis deux ans, sont en train de se concrétiser ». Plus précisément, « cela veut dire que les marchés de DSP (délégation de service public, Ndlr) concessives, sont sur le point d'être attribués. Ce sont des processus un peu longs, mais la plupart et les plus importants de ces marchés vont être attribués à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine. » Un exemple ? « L'Alsace, cela représente 500.000 prises FttH à construire. L'attribution du marché est prévue pour la fin de l'année. En clair, dès 2016, on aura une production de quelques 50.000 prises. » Il en va de même pour le Nord-Pas-de-Calais. « Nous allons lancer une procédure dans les tous prochains jours. Celle-ci concerne 600.000 prises FttH, pour une attribution début 2016. Là aussi, il va falloir lancer la production très rapidement. »

    Antoine Darodes se veut rassurant auprès des fabricants et fournisseurs de fibre. « On est en train d'agréger toutes ces données pour livrer dès que possible un calendrier aux industriels [...] pour leur permettre de réaliser les investissements dans leurs outils de production. » Au total, la mission très haut débit prévoit la construction de 6 millions de prises FttH d'ici à 2020. Pour atteindre cet objectif, Antoine Darodes promet « une accélération ».

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    « Les premières prises du plan sont sorties en décembre dernier, notamment en Auvergne et en Eure-et-Loir. On sera en vitesse de croisière d'ici le deuxième semestre 2016. Cela veut dire qu'on en sera à plus d'un million de prises publiques produites chaque année, à côté des 1,5 millions de prises déployées aujourd'hui par les opérateurs privés. »

    Une montée en puissance qui, si elle est respectée, semble satisfaire Jean-Pierre Bonicel, qui a plusieurs fois souligné que le rythme actuel n'était pas suffisant.

    Or pour la France, il s'agit d'un enjeu crucial. Les télécoms et ses « tuyaux » sont bel et bien le moteur de la révolution numérique. Et de sa compétitivité dépend celles de bien d'autres secteurs. « L'enjeu est effroyable », lâche Benoit Loutrel, le DG de l'Arcep, le régulateur français des télécoms. En faisant référence à des travaux récents de France Stratégie, il rappelle que bien souvent, la compétitivité des secteurs exposés à la concurrence internationale se joue dans les secteurs non exposés. Ainsi, « si l'industrie aéronautique européenne (Airbus et ses sous-traitants, Ndlr), est compétitive », c'est notamment « parce qu'elle est bien servie par le secteur des télécoms », illustre Benoit Loutrel.


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