RyadH, je t'aime moi non plus
par Moncef Wafi
S'il n'y a que les canaux diplomatiques qui croient encore à l'excellence des relations algéro-saoudiennes, les fuites de Wikileaks renseignent si besoin est sur le regard que nous porte Ryadh. Le royaume wahhabite, un habitué des incidents diplomatiques avec Alger, ne porte pas trop en estime notre pays à en croire les correspondances de sa représentation diplomatique en Algérie mises en ligne par Wikileaks. On y retrouve, entre autres révélations, l'inconsistance de la politique extérieure algérienne par rapport au dossier malien, la médiocrité de ses services médicaux et bancaires ainsi que des correspondances sur la politique intérieure algérienne dont le remaniement gouvernemental de 2012.
Des interrogations ont été également soulevées sur l'écartement de Belkhadem et de Zerhouni de la pyramide décisionnelle. Mais le plus édifiant dans ces fuites est la demande de l'ambassadeur saoudien en poste à Alger adressée au ministre de la Communication, dont le nom n'a pas été cité, pour intervenir auprès de certains titres de la presse algérienne coupable de s'attaquer à l'Arabie saoudite. Le diplomate demandera au ministre de faire pression sur ces titres «de quelque façon que ce soit» pour que cessent ces campagnes médiatiques. Wikileaks nous apprendra que le ministre a promis d'agir dans ce sens.
Grave qu'un ambassadeur exige d'un ministre de la République de faire pression sur une presse nationale censée être indépendante pour faire plaisir aux rois du désert. Mais ce qui est encore plus grave, c'est que ce ministre se montre aussi docile, selon toujours la même source d'informations. A travers ces révélations, un pan du voile sur les relations bilatérales est mis à nu et on comprend un peu mieux l'animosité que nous voue Ryadh. Mais ce que le citoyen algérien n'arrive pas à digérer est la réaction de la diplomatie algérienne en mode «silencieux» face aux agressions caractérisées des Saoudiens.
La position de l'Algérie face au dossier yéménite prouve pourtant que la diplomatie algérienne est souveraine et qu'elle défend ses principes de non-ingérence privilégiant la voie du dialogue pour désamorcer les conflits régionaux, mais n'empêche le silence gêné après l'épisode de l'A330 d'Air Algérie rapatriant nos expatriés de Sanaa ou encore face aux accusations saoudiennes de ne pas s'impliquer suffisamment dans la lutte antiterroriste a de quoi interpeller. L'Algérien attend de sa diplomatie, qui a retrouvé un peu de crédit depuis que Lamamra est en poste, qu'elle mette fin, une bonne fois pour toutes, à ces dépassements saoudiens d'un autre âge.
par Moncef Wafi
Le Quotidien d'Oran
par Moncef Wafi
S'il n'y a que les canaux diplomatiques qui croient encore à l'excellence des relations algéro-saoudiennes, les fuites de Wikileaks renseignent si besoin est sur le regard que nous porte Ryadh. Le royaume wahhabite, un habitué des incidents diplomatiques avec Alger, ne porte pas trop en estime notre pays à en croire les correspondances de sa représentation diplomatique en Algérie mises en ligne par Wikileaks. On y retrouve, entre autres révélations, l'inconsistance de la politique extérieure algérienne par rapport au dossier malien, la médiocrité de ses services médicaux et bancaires ainsi que des correspondances sur la politique intérieure algérienne dont le remaniement gouvernemental de 2012.
Des interrogations ont été également soulevées sur l'écartement de Belkhadem et de Zerhouni de la pyramide décisionnelle. Mais le plus édifiant dans ces fuites est la demande de l'ambassadeur saoudien en poste à Alger adressée au ministre de la Communication, dont le nom n'a pas été cité, pour intervenir auprès de certains titres de la presse algérienne coupable de s'attaquer à l'Arabie saoudite. Le diplomate demandera au ministre de faire pression sur ces titres «de quelque façon que ce soit» pour que cessent ces campagnes médiatiques. Wikileaks nous apprendra que le ministre a promis d'agir dans ce sens.
Grave qu'un ambassadeur exige d'un ministre de la République de faire pression sur une presse nationale censée être indépendante pour faire plaisir aux rois du désert. Mais ce qui est encore plus grave, c'est que ce ministre se montre aussi docile, selon toujours la même source d'informations. A travers ces révélations, un pan du voile sur les relations bilatérales est mis à nu et on comprend un peu mieux l'animosité que nous voue Ryadh. Mais ce que le citoyen algérien n'arrive pas à digérer est la réaction de la diplomatie algérienne en mode «silencieux» face aux agressions caractérisées des Saoudiens.
La position de l'Algérie face au dossier yéménite prouve pourtant que la diplomatie algérienne est souveraine et qu'elle défend ses principes de non-ingérence privilégiant la voie du dialogue pour désamorcer les conflits régionaux, mais n'empêche le silence gêné après l'épisode de l'A330 d'Air Algérie rapatriant nos expatriés de Sanaa ou encore face aux accusations saoudiennes de ne pas s'impliquer suffisamment dans la lutte antiterroriste a de quoi interpeller. L'Algérien attend de sa diplomatie, qui a retrouvé un peu de crédit depuis que Lamamra est en poste, qu'elle mette fin, une bonne fois pour toutes, à ces dépassements saoudiens d'un autre âge.
par Moncef Wafi
Le Quotidien d'Oran
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