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« L’homme dévasté » de Jean-François Mattéi

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  • « L’homme dévasté » de Jean-François Mattéi

    Mattéi conclut son ultime ouvrage en s’inspirant de celui qui a accompagné sa vie, Albert Camus.

    Philosophe discret, mais majeur, Jean-François Mattéi a longtemps enseigné à l’université de Nice, avant de décéder brutalement en 2014. L’homme dévasté est son dernier ouvrage, entièrement rédigé, mais non publié avant sa mort. Le titre même est une référence très explicite à Albert Camus et son homme révolté. Mattéi fut en effet largement inspiré par la pensée de Camus, avec qui il partageait l’origine de la même terre. Dans cet ouvrage, il réfléchit aux idéologies de la mort de l’homme, il analyse les différents mouvements de pensée qui veulent effacer l’humanité pour la réduire à une chose. Il y voit la substitution de l’anthropocentrisme par le biocentrisme, dans lequel l’homme est perçu comme dangereux.

    Les idéologies de la déconstruction, nous dit Mattéi, veulent rompre avec la culture de l’Occident. Elles promeuvent l’idée selon laquelle l’homme est périmé, comme les choses, et qu’il peut donc être jeté. C’est la promotion de la facticité de l’homme, c’est-à-dire de sa fausseté. L’homme n’est plus un être, mais une chose. Or l’ontologie fut une des grandes réflexions de Mattéi, toutes ses œuvres portent la trace de la réflexion sur l’Un et sur l’Être. Et c’est bien cet être que les courants de pensée actuels veulent effacer, afin d’aboutir à cet homme dévasté.

    L’œuvre de la déconstruction
    La déconstruction est une méthodique entreprise de liquidation et d’élimination du sujet, initiée par des philosophes marxistes comme Althusser et Derrida. L’ensemble des chapitres du livre analyse la marche de la déconstruction dans les différents aspects de l’homme : le langage, le monde, l’art et le corps. Mais c’est partout la même logique, celle de chosifier l’être, le couper de ses racines culturelles et intellectuelles, en faire un objet périssable et consommable. La déconstruction est une critique perpétuelle des fondements de la civilisation. Une fois que la déconstruction est achevée, il ne reste que la vacuité, le néant. Des hommes qui sont des ombres errantes, incapables d’entrer en eux-mêmes, terrorisés par le silence intérieur de leur être qui leur montre leur immense vacuité.

    « Le désert croît. Malheur à celui qui abrite en lui des déserts » nous dit Nietzsche. Le philologue allemand accompagne toute la réflexion de Mattéi dans ce livre, lui qui a bien montré que la mort de Dieu n’était que le prélude à la mort de l’homme. Homme sans étoile, sans racine, sans généalogie. L’homme chose.

    Et Mattéi conclut son ultime ouvrage en s’inspirant une nouvelle fois de celui qui a accompagné sa vie, Albert Camus. L’homme n’est pas condamné à être dévasté, s’il se révolte, s’il accepte de devenir l’homme révolté. Qui est l’homme révolté ? C’est l’homme qui dit non à ce qui transgresse les frontières de l’humain, et qui dit oui à la part précieuse de lui-même. L’homme dévasté est un homme qui a déserté la chaîne de l’humanité. Il est le dernier homme, ce qui a effacé l’horizon. L’homme révolté est l’homme de la naissance, de la paternité retrouvée, de la généalogie restaurée ; généalogie humaine, culturelle et civilisationnelle. Seule l’architectonique de la culture permet de contrecarrer les effets dévastateurs de la déconstruction.

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