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Vous pensez peut-être que vous avez "de l’argent en banque". Détrompez-vous

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  • Vous pensez peut-être que vous avez "de l’argent en banque". Détrompez-vous

    En Europe, on se croirait dans un vieux western. La Grèce d’un côté, l’Allemagne de l’autre. Chacun à un bout de la rue, face à face, attendant que l’autre cligne des paupières ou dégaine. Et attendant. Et attendant. Une date limite passe. Une autre arrive.

    Il y a des détails complexes et inquiétants, dans cette confrontation — tout comme il y en a dans les guerres zombie. Si nous étions en Syrie ou en Irak, nous voudrions probablement sortir. Et si nous avions de l’argent en Grèce, nous veillerions à ce que le passeport dudit argent soit à jour.

    Apparemment, bon nombre de Grecs partagent notre point de vue. Le Wall Street Journal rapporte que les flux de cash sortant des banques grecques ont doublé ces derniers jours. L’argent intelligent vote — pour le départ.

    Les grandes banques sont des sociétés privées. Mais elles sont si étroitement liées au gouvernement et si lourdement réglementées qu’elles pourraient aussi bien être considérées comme des services publics. Elles aident les autorités à financer leurs déficits. Les autorités les renflouent quand elles ont des soucis. Et en période de crise, les banques deviennent des outils pour la mise en place de "politiques" — c’est-à-dire de mesures de planification centrale maladroites et contre-productives.

    Vous pensez peut-être que vous avez "de l’argent en banque". Détrompez-vous. Vous avez un contrat avec la banque. Vous lui versez votre argent. Elle accepte de vous le rendre — sous certaines conditions. Et elle peut changer ces conditions — unilatéralement — quand elle a l’appui des autorités.


    A mesure que la crise se précise, ils commenceront par limiter les retraits à un certain montant quotidien. Le montant en question semblera raisonnable ; la plupart des gens verront ça comme une mesure nécessaire et n’en seront pas incommodés. Un nombre croissant, cependant, verra la suite arriver et retirera autant d’espèces que possible. Le montant maximum des retraits sera alors à nouveau abaissé. Puis les retraits seront entièrement stoppés.

    Une fois les banques réouvertes, vos dépôts pourraient être soumis à une taxe (un taux d’intérêt négatif) ou pourraient même être transformé en une devise différente. C’est ce qui s’est passé en Argentine… et c’est ce qui pourrait arriver à la Grèce.

    ▪ Des questions qu’il vaut la peine de poser
    Nous avons été impliqué personnellement, quoique de manière mineure, dans la situation argentine. C’était à la fin des années 90. Le gouvernement de Carlos Menem avait lié le peso au dollar. Mais la dette augmentait. Et l’argent intelligent commençait à parier que le peg ne tiendrait pas.

    Nous avons rendu visite à Menem à la Casa Rosada (les Etats-Unis ont une Maison Blanche. L’Argentine a une Maison Rose).

    "Allez-vous maintenir le lien entre peso et dollar ?" avons-nous demandé.

    "Bien entendu. Nous ne l’abandonnerons jamais. Il est désormais au coeur de notre économie. C’est pourquoi des étrangers comme vous sont prêts à investir en Argentine : vous savez que la devise est sûre. C’est la raison pour laquelle nous avons une économie en plein boom".

    Quelques mois plus tard, l’Argentine abandonnait le peg. Les banques furent fermées. Les gens avaient tenté de se protéger d’une dévaluation du peso en ouvrant des comptes en dollar. Mais lors de la réouverture des banques, ils découvrirent que leurs dollars avaient été convertis en pesos — avec une perte de 66% !

    L’idée à retenir, c’est que le gouvernement et les banques travaillent toujours ensemble pour se protéger eux-mêmes — non pour vous protéger vous.

    A Chypre, par exemple, le gouvernement (en collaboration avec les grandes banques) a changé les termes de l’accord — de manière soudaine et, pour les déposants, catastrophique. Il a taillé un short aux grands déposants possédant plus de 100 000 $ ; un short équivalent à près de la moitié de leur argent.

    Pourquoi ? Les banques chypriotes avaient acheté la dette gouvernementale des Grecs. Les obligations grecques ont ensuite vu leur prix chuter (parce que les Grecs ne pouvaient pas les payer à l’époque non plus), laissant les banques au bord de la faillite. La perte était réelle. Qui allait la payer ? Les banques, qui avaient fait les mauvais investissements ? Le gouvernement qui réglementait les banques et les avait pratiquement forcées à acheter des obligations gouvernementales ? Non : ce serait les déposants ! Innocents — mais naïfs, peut-être, les déposants se sont fait plumer.

    Aujourd’hui, les déposants grecs — ceux qui sont intelligents, du moins — prennent des précautions.

    Bien sûr, les autorités garantissent les dépôts bancaires… jusqu’à un certain montant. Mais que vaut une telle garantie ? Quand les choses tournent mal, toutes sortes de choses qu’on tenait pour acquises prennent soudain des points d’interrogation. Combien vaut vraiment le nantissement de la banque ? Combien la banque a-t-elle dans ses réserves ? Combien a le fonds de sauvegarde ? Combien de temps devrais-je attendre avant d’avoir mon argent ? Que vaudra-t-il à ce moment-là ? Que ferai-je d’ici là ?

    Peut-être que vous voudrez prendre vous aussi des précautions.

    Agora
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