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Tunisie : « Le rôle de l’Algérie est important au même titre que celui des USA ou de l’UE »

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  • Tunisie : « Le rôle de l’Algérie est important au même titre que celui des USA ou de l’UE »

    Hatem M’rad est un politologue tunisien, professeur de science politique à la faculté des sciences juridique, politique et sociale de Tunis. Dans cet entretien, il revient sur les mesures sécuritaires « urgentes » prises par le gouvernement tunisien afin de combattre le terrorisme, et l’importance du rôle de l’Algérie.

    Le chef du gouvernement tunisien a annoncé des mesures urgentes pour lutter contre le terrorisme suite à l’attentat qui a eu lieu à Sousse. Comment évaluez-vous ces mesures ?

    Ce que pense l’opinion publique tunisienne c’est que ces mesures ont été prises un peu en retard. Il aurait fallu les prendre après l’attentat du Bardo. Apres cet attentat, l’opinion publique, l’élite et les responsables politiques ont demandé le renforcement des mesures de sécurité. Ils ont également demandé un peu de fermeté de la part du gouvernement pour limiter tout débordement salafiste.

    Le problème en Tunisie est que notre armée n’est pas forte. Ce n’est pas un secret. Depuis l’ère de Bourguiba, on n’a pas misé sur l’armement, faute de moyens et de ressources. Nous n’avons pas une armée pour faire une guerre. C’est juste pour surveiller nos frontières. Aujourd’hui, on se rend compte qu’on a pris beaucoup de retard. Chez nous il n’y a pas assez de policiers et de soldats. Ben Ali a instauré un régime policier. Mais il y avait beaucoup de mensonges qui circulaient sur l’importance du quadrillage policier du pays. Après la révolution nous n’avions que 70 à 80 000 policiers et c’est très insuffisant.

    Aujourd’hui, ce qu’on reproche au gouvernement ce n’est pas de ne pas avoir une armée forte mais le fait de ne pas avoir réagi de manière opportune après l’attentat du Bardo. La fermeture des mosquées, personnellement, je l’ai déjà demandée dans mes articles et via les réseaux sociaux. Il y a toujours 80 mosquées incontrôlables entre les mains des Salafistes (elles étaient presque 200 après la révolution). C’est là où se fait le recrutement des terroristes parmi des analphabètes et les personnes les plus pauvres contre des sommes d’argent.

    Certains observateurs estiment que ces mesures visent à limiter les libertés, notamment en ce qui concerne la loi des associations et les partis politiques. Etes-vous d’accord ?

    Non ce n’est pas vrai. Ce n’est pas une restriction des libertés mais le gouvernement va contrôler le financement des associations, surtout par rapport à l’étranger, plus précisément lorsque cet argent provient des pays wahhabites du Golfe.

    La crise libyenne est-elle derrière l’expansion du terrorisme en Tunisie ?

    Oui, la situation en Libye influe beaucoup sur notre sécurité avec la présence de Daesh. Mais la crise libyenne n’est pas la seule cause de la situation dans notre pays. Il y a aussi un pourcentage de terrorisme qui provient du pays lui-même. Il y a eu quelques 3 000 Tunisiens qui ont rejoint les rangs de Daesh en Syrie, sans compter ceux qui ont été empêchés d’y aller. Ils sont toujours en contact avec les terroristes de ce groupe et c’était le cas de l’évènement d’hier : des Tunisiens qui ont été utilisés pour commettre des attentats.

    Il y plusieurs plans de coopération entre l’Algérie et la Tunisie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Quel rôle peut jouer l’Algérie ?

    Je pense que la coopération entre les deux pays est impeccable. D’ailleurs, même l’influence de l’Algérie dans la réconciliation nationale en Tunisie est remarquable. Quand Ennahda était au pouvoir, Bouteflika et l’Algérie ont joué un rôle très important pour réconcilier Rached El-Ghennouchi et les Islamistes avec Beji Caïd Essebsi et Nida Tounes. Cela a contribué au dialogue national et à la finalisation de la Constitution. Le rôle de l’Algérie est important au même titre que celui des USA ou de l’Union européenne.

    Sur le plan sécuritaire, il y a une coordination au niveau du renseignement. L’Algérie est en train d’aider la Tunisie. Au niveau des zones communes frontalières il y a un travail commun. Je pense aussi que sur le plan technique les deux armées sont en train de coordonner leurs actions avec de bons résultats.


    TSA
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