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Algerie : Comment les malades et les pharmaciens se débrouillent face à la pénurie de médicaments

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  • Algerie : Comment les malades et les pharmaciens se débrouillent face à la pénurie de médicaments

    « Vous n’avez donc rien compris ? Ils veulent tuer ce peuple », nous lance le propriétaire d’une pharmacie située au centre d’Alger, allusion aux responsables en charge de la gestion du médicament.
    Mourir, c’est ce que risque effectivement un malade opéré du cœur s’il ne prend pas régulièrement Stinrom, prévient le docteur Amer Mehdi cardiologue. Ce médicament appartient au groupe des anticoagulants, utilisé pour prévenir et traiter la formation de caillots de sang. ll est aussi indispensable après la mise en place d’une prothèse valvulaire ou suite à une arythmie cardiaque (battement irrégulier du cœur).

    Or, ce médicament est quasiment introuvable dans les pharmacie depuis plus d’un mois. Comment se débrouillent les malades pour éviter le pire ? Farida Meslem qui a subit trois interventions du cœur raconte : « J’ai été dépanné par une dame que j’ai rencontré par hasard dans une pharmacie, mais j’ai pris mes précautions en sollicitant des amis résidents en France » , atteste-t-elle ? Rester sans Sintrom n’est pas envisageable pour cette malade.

    Le cabas au secours des malades
    «C’est incroyable, n’est ce pas ? Pour répondre aux demandes persistantes des malades, nous les officines, avons recouru à l’importation de médicaments dans des cabas », affirme le gérant d’une pharmacie à Dar El Beida, à l’est d’Alger.
    Explication : « Nous nous sommes entendus avec des délégués médicaux qui se rendent régulièrement en Tunisie pour nous procurer le Sintrom. La quantité est acheminée dans des cabas. C’est un commerce illicite, nous en sommes conscients, mais le risque vaut bien la peine. Le malade peut mourir », poursuit notre interlocuteur.
    La boite de Sintrom contient trois plaquettes de trente comprimés. Pour satisfaire le plus grand nombre de malades cette officine a trouvé une solution instaurant le système du quota : « Cinq comprimés seulement pour chaque client. Nous n’avons pas d’autres choix, on gère la crise au jour le jour», explique-t-il.

    Un autre pharmacien à Bordj El Bahri (banlieue Est d’Alger) nous conseille « de voir avec la famille ou les amis qui vivent en France ». « Ce médicament est en rupture de stock depuis près de deux mois. Ce n’est pas la peine de faire le tour des officines, la crise est au niveau nationale », affirme-t-il, en ajoutant que la liste des médicaments en rupture est longue.
    «Il n’y a pas que Sintrom », souligne ce pharmacien. C’est ce qui nous confirme d’ailleurs Menaa Salah Eddine porte-parole du Syndicat nationale des pharmaciens d’offcine (Snapo) : « La gamme des produits ou médicaments en rupture est très large », affirme-t-il. Il cite entre autres Avlocardyl, essentiellement utilisé pour prévenir et traiter les troubles cardio-vasculaires, Aldomet, destinée aux femmes enceintes hypertendues mais aussi Plyginax, fabriqué en Tunisie.

    Pour Sintrom, Menaa pense que le mal vient du fait que « l’exclusivité soit donnée à un seul laboratoire pharmaceutique, Novartis ». « Le ministère de la Santé est censé chercher une autre alternative. Il y a des boites en Italie qui fabriquent le générique. Sinon pourquoi ne pas songer à le fabriquer en Algérie ? », poursuit-il.
    La rupture des médicaments témoigne « du dérèglement du marché », selon M. Menaa. « On réclame le régulation du marché par l’activation de l’Agence nationale des médicaments qui existe sur le plan juridique. Ce n’est pas à l’administration de réguler le marché des médicament », pense Menaa.

    Le Snapo pointe du doit la responsabilité du ministère de la Santé : « Nous avons tiré la sonnette d’alarme, mais malheureusement nous n’avons obtenu aucun réponse valable», déplore-t-il, en s’interrogeant : d’abord, « Pourquoi l’importateur n’a pas honoré ses engagements par rapport a la couverture du marché ». Ensuite, « Pourquoi le ministère de la Santé ne veille pas l’exécution du cahier des charges de l’importateur ?».

    Rétention du produit ?
    Pour le Snapo, la rupture d’un certain nombre de médicaments peut s’expliquer aussi par « la rétention du produit ». « On en a fait l’expérience la semaine passée. 24 heures après avoir dénoncé la rupture d’Aldomet, le produit a réapparu sur le marché. Il n’est pas admissible de voir des produits stratégiques gérés de cette manière. C’est une pratique purement commerciale. On ne doit pas faire du commerce avec la santé des algériens ». Le syndicat pense que le ministère est en mesure de régler le problème de rupture en une heure : « L’enquête ne prendra pas plus d’une heure ».

    Le ministère rejette toute responsabilité
    Bekat Berkani, président de l’ordre national des médecins, préfère lui, parler de « problèmes techniques » récusant le terme rupture : « Le problème doit se poser au niveau de la distribution. En Algérie nous avons distribué des agrément à beaucoup de grossistes ». Dr Bekat pense que le marché ne connaît de pas de pénurie bien au contraire plusieurs médicament ont réapparu sur le marché ces derniers années.
    Un avis partagé par Slim Belkessam, chargé de communication du ministère de la Santé. D’abord, il tient à rassurer les malades ayant besoin de Sintrom en affirmant que le laboratoire national du contrôle des médicaments « a libéré les premiers lots de Sintrom le 24 mai dernier ». « Nous sommes le 30 juin, rien ne justifie que les pharmacies enregistrent des ruptures ou un approvisionnement en petites quantités sachant que les quantités libérées jusqu’à aujourd’hui sont de l’ordre de près de 55 000 boites. Ce qui dépasse les besoins de la période », précise-t-il.

    « S’il y’a problème », note-t-il, il se situe au niveau de la distribution, « c’est-à-dire des grossistes répartiteur. » « Nous sommes en train de travailler aussi bien avec le laboratoire qu’avec les grossistes répartiteurs pour lever la contrainte et les verrous des rétentions qui ont été enregistrés », affirme-t-il. Le ministère pense que tout va rentrer dans l’ordre « rapidement ».

    « Rétention » version Abdelemalek Boudiaf
    Slim Belkessam reconnaît tout de même qu’avant même le 24 mai, date de la signature de la libération du produit Sintrom, « Nous avions connu une période ou l’approvisionnement du marché n’a pas été assuré par le laboratoire et cela a provoqué un phénomène de rétention des médicaments par les malades ». La formule est simple. « Si un malade ne trouve pas un médicament aujourd’hui, il en achètera dix dès qu’il est disponible », explique notre interlocuteur.

    Le ministère de la Santé veut rassurer les malades en affirmant « qu’une très grosse quantité de ce produit sera réceptionnée dans les jours qui viennent ».
    Il informe et demande aux malades traités au Sintrom de se rapprocher des hôpitaux pour se procurer ce médicament. « La rupture a touché le milieu officinal mais pas le milieu hospitalier », affirme M. Belkessam. « Tout malade qui se présente à l’hôpital peut avoir le traitement. C’est l’instruction qui a été donnée aux hôpitaux », note-t-il.

    Enquête : des agréments retirés ?
    Le ministère de la santé mène une enquête pour situer les responsabilités de chaque partie dans la rupture des stocks de médicaments. « S’il s’avère qu’un ou plusieurs grossistes répartiteurs ont fait dans la rétention de produits ou bien qu’ ils se sont livrés à ce qu’on appelle du chantage en matière de ventes concomitantes, toutes les mesures nécessaires seront prises, y compris le retrait définitif de l’agrément », met en garde M. Belkessam.

    Le ministère de la Santé affirme que la rupture concerne un nombre « réduit » de produits. « Pour le moment, tous les produits dont les programmes ont été signés sont sur le territoire national. Il n’y a pas de problème majeur en dehors d’un ou de deux médicaments qui ont subi des désagréments des circuits de distribution », souligne Belkessam.
    TSA

  • #2
    Salam

    Un médicament et 2 pharmaciens et va pour que l'exception devienne la règle générale ou l'art de déformer les choses de leur contexte...
    “En politique, rien n’arrive par accident. Si quelque chose se produit, vous pouvez parier que cela a été planifié de cette façon.” (Franklin Delano Roosevelt)

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    • #3
      Non c'est beaucoup plus large que cela, cette situation touche tout le pays. UbiFrance avait déjà prévenu au mois de mars. L'Algérie importe 70 % de ses besoins soit 2 milliards $ pour un marché de 2,8 milliards $.

      D'autres journaux en parlaient déjà depuis des mois !

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      • #4
        Un médicament et 2 pharmaciens et va pour que l'exception devienne la règle générale ou l'art de déformer les choses de leur contexte...
        C'est vrai qu'il vaut mieux voir les choses comme ça et laisser les malades mourir!
        "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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