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Grèce : pourquoi la position d'Alexis Tsipras reste cohérente

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    Grèce : pourquoi la position d'Alexis Tsipras reste cohérente

    Crise grecque
    Alexis Tsipras maintient le référendum de dimanche
    (Crédits : Youtube/ΣΚΑΪ Τηλεόραση) Romaric Godin | 01/07/2015, 17:32 -

    Malgré les rumeurs, Alexis Tsipras tient bon. Son comportement reste conduit par ses engagements devant le peuple. Un changement majeur de logique en Europe.

    Alexis Tsipras ne cède pas. Malgré les folles rumeurs qui ont été répandues toute la journée de mercredi 1er juillet, le Premier ministre hellénique a annoncé dans un discours à la nation qu'il maintenait le référendum de dimanche et qu'il continuait à appeler à voter « non. » La dégradation rapide de la situation économique, la fermeture des banques et la menace d'un durcissement des conditions d'accès des banques grecques à la liquidité d'urgence de la BCE ne l'ont donc pas fait flancher.

    « Jeu brouillon » ?

    Aux yeux d'observateurs extérieurs, le comportement des autorités grecques peut surprendre. Hier, mardi, le vice-Premier ministre Yannis Dragasakis a indiqué être prêt à annuler le référendum ou à appeler à voter « oui. » Parallèlement, Athènes transmettait une nouvelle proposition à ses créanciers. A présent, Alexis Tsipras maintient le référendum. Est-ce un mouvement désordonné, comme le dénonçait, ce matin mercredi 1er juillet, le quotidien allemand Handelsblatt, essentiel pour connaître l'état d'esprit des milieux d'affaires allemands qui parle de « jeu brouillon (Verwirrspiel) que l'on a peine à comprendre et encore moins à accepter »?

    Mettre fin au « péonage de la dette »

    Pour saisir ces mouvements, il faut revenir en arrière. D'abord, au fond de la vision démocratique de Syriza. Alexis Tsipras entend rétablir la parole politique dans une Grèce ravagée par le clientélisme et l'abaissement des gouvernements face à la troïka des créanciers. L'engagement de Syriza était de rester dans la zone euro en mettant fin au « péonage de la dette » pour reprendre le terme de l'économiste de Syriza, Costas Lapavitsas. Autrement dit, permettre à la Grèce de ne pas travailler prioritairement pour les créanciers mais aussi pour sa propre économie. Si le gouvernement n'est pas capable de relever ce défi, alors il doit renouveler son mandat par un référendum. C'est le sens de sa phrase de ce mercredi : « le vote populaire est plus fort que la volonté de n'importe quel gouvernement. » Telle est la logique de ce référendum. Et c'est pourquoi Alexis Tsipras, qui n'a pas pu honorer son mandat du 25 janvier, a appelé à rejeter la demande des créanciers. Mais c'est aussi pourquoi il entend maintenir les négociations et ne peut exclure d'appeler à voter « oui » à un accord acceptable d'ici dimanche.

    Obtenir une « solution durable »

    Athènes entend donc pousser jusqu'au bout les négociations. C'est aussi un moyen de montrer aux électeurs grecs qu'il tente tout ce qu'il peut pour remplir son devoir. Mais jamais Alexis Tsipras n'a cherché à capituler. Il ne pouvait accepter un nouveau tour de vis austéritaire s'il ne s'accompagnait pas d'une restructuration de la dette de grande ampleur. C'est le sens de la « solution durable » qu'il a toujours défendue. La Grèce est prête à dégager des excédents primaires, mais pas uniquement pour rembourser ses créanciers. Elle veut sortir de cette logique qui va continuer à plomber son économie pendant des décennies. En veut-on un exemple ? Depuis août dernier, la Grèce a dépensé pas moins de 13 milliards d'euros pour rembourser sa dette. Une somme considérable, proche de 10 % du PIB qui n'a pas permis à l'Etat de soutenir l'économie hellénique alors que les négociations étaient bloquées avec les créanciers (il ne faut jamais oublier que ce blocage a commencé avant les élections du 25 janvier). Bref, les faibles ressources de la Grèce sont captées par les créanciers. Et c'est à cette logique qu'Alexis Tsipras veut mettre fin.

    Une nouvelle proposition qui n'est pas une capitulation

    Dès lors, la nouvelle proposition transmise ce mercredi 1er juillet n'est nullement une capitulation. L'acceptation partielle de la dernière proposition des créanciers prend en compte les « lignes rouges » défendues par le gouvernement et il demande de nouvelles concessions : maintien du rabais de 30 % de la TVA dans les îles, report de la suppression de la retraite complémentaire EKAS pour les plus fragiles à 2019. Les créanciers avaient déjà accepté leur folle proposition d'une TVA de 23 % contre 13 % dans les hôtels. Mais surtout, cet accord, comme auparavant, ne peut s'accompagner que d'un accord sur la dette. Sans accord sur la dette, pas de « solution globale ». Et alors, le référendum sera maintenu puisque le gouvernement ne peut remplir son mandat.

    Obtenir un engagement sur la dette

    Or, que proposent sur la dette les créanciers ? D'y réfléchir à l'automne. Une position inacceptable pour deux raisons. D'abord, parce que la Grèce a été traumatisée par la fausse promesse de novembre 2012 où, pour imposer un sévère plan d'austérité, les créanciers avaient promis à Antonis Samaras de restructurer la dette une fois le pays revenu en excédent primaire. Or, le pays a dégagé deux années d'excédents et, malgré les demandes de l'ancien Premier ministre, les créanciers, en particulier le gouvernement fédéral allemand, ont refusé d'honorer leur promesse. On voit que le problème de confiance et de crédibilité n'est pas que d'un seul côté. Alexis Tsipras veut donc un plan complet et précis. D'autant que le temps presse. Il faut rembourser la BCE les 20 juillet et 20 août et cela ne sera possible qu'avec un transfert vers le MES de ces dettes. Pas question donc d'attendre l'automne. Et l'on comprend alors mieux pourquoi la Grèce en appelle à présent au MES.

    Placer le peuple avant les créanciers

    En réalité, la position grecque reste donc cohérente. L'appel au peuple vient trancher une incapacité du gouvernement à remplir son mandat. Mais tant que le peuple n'a rien décidé, le gouvernement a le devoir de chercher à le remplir. En face, les créanciers utilisent la situation économique pour faire pression sur le gouvernement et obtenir l'annulation du référendum. Le message d'Alexis Tsipras est donc qu'ils ne l'obtiendront pas sans céder sur la question de la dette. Le gouvernement grec est donc décidé à prendre tous les risques pour faire respecter la volonté populaire. La fonction de l'annonce du référendum et du « non » est d'arracher des concessions sur la question de la dette. Un comportement qui provoque la rage des créanciers, mais qui est une leçon : la Grèce place ouvertement au-dessus du respect des créanciers celui des engagements pris devant le peuple.

  • #2
    Sauver la Grèce, c'est sauver l'Europe

    Marianne" lance un appel, signé par une quarantaine de personnalités politiques et intellectuelles, à l'attention des gouvernements et des dirigeants des institutions européennes. Car si nous n'y prenons pas garde, il faudra peut-être bientôt ramasser deux cadavres : celui de la Grèce mais aussi celui de l’idée européenne. Lisez-le, signez-le et partagez-le.

    La Grèce : onze millions d’habitants, 2 % du PIB européen, 4,8 millions de chèvres, une destination de vacances rêvée... Et, depuis le week-end dernier : l’objet d’une vive émotion, d’une solidarité. À table en famille, dans les discussions impromptues au kiosque à journaux, dans les digressions de machine à café : on parle des Grecs et, souvent, on soutient les Grecs. On les soutient contre une Europe qui persiste et signe dans une politique d’airain, qui n’a jusqu’à maintenant pas porté ses fruits et qui semble devenue sourde à l’expression des peuples.

    La France a connu cela en 2005. Consultés par la voie d’un référendum, les citoyens avaient rejeté le traité constitutionnel européen. Et pourtant, à Bruxelles, on avait fait peu de cas de cette expression souveraine. C’était il y a dix ans. Depuis, nous n’avons cessé d’en payer le prix. Quelle est la part de ce passage en force dans l’étiolement de l’idée européenne, dans nos niveaux d’abstention électorale historiques ou dans la désaffection amère à l’égard nos représentants politiques ?

    Aujourd’hui, avec le cas grec, l’Europe est devant son heure de vérité : elle ne se relèverait pas d’un tel déni de démocratie. C’est ce que ressentent beaucoup d’Européens, quoi qu’ils pensent de la responsabilité des dirigeants grecs et de la nécessité de mettre en place des réformes structurelles. C’est une émotion qui transcende les clivages, et les signataires de notre appel le prouvent.

    Bien sûr, nous avons essuyé quelques refus – certains, qui sont pour la fin de l’euro, trouvaient notre texte « petit bras » ; d’autres l’approuvaient en off mais ne voulaient pas publiquement s’éloigner de la ligne du parti... Mais beaucoup, donc, ont répondu présent : ils ne pensent la même chose ni d’Alexis Tsipras, ni de l’euro, ni des politiques économiques à mener, mais tous se retrouvent autour de la défense de l’expression démocratique sans laquelle il n’y aura plus d’idéal européen.

    Anne Rosencher


    Les premiers signataires :

    Michel Aglietta, économiste, professeur à l’université Paris-X
    Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale
    Jean-Luc Bennahmias, président du Front démocrate
    Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes
    Philippe Besson, écrivain
    Jean de Boishue, ancien ministre, ancien conseiller de François Fillon à Matignon
    David Cayla, économiste
    Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, député de Paris
    Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, président de République moderne
    Benjamin Coriat, économiste, professeur à l’université Paris-XIII
    Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, vice-présidente de la région d’Ile-de-France
    Philippe Doucet, député PS du Val-d'Oise
    Julien Dray, vice-président PS de la région Ile-de-France
    Cécile Duflot, ancienne ministre, députée EELV de Paris
    Nicolas Dupont-Aignan, député, président de Debout la France
    Aurélie Filippetti, ancienne ministre, députée PS de Moselle
    Cynthia Fleury, philosophe
    Jacques Généreux, économiste et essayiste
    Henri Guaino, député LR des Yvelines
    Jérôme Guedj, conseiller départemental PS de l’Essonne
    Benoît Hamon, ancien ministre, député PS des Yvelines
    Yannick Jadot, député européen EELV
    Jean-François Kahn, journaliste, cofondateur de Marianne
    Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France
    Catherine Kintzler, philosophe
    François Lamy, député PS de l'Essonne
    Pierre Larrouturou, conseiller régional d’Ile-de-France, fondateur du parti Nouvelle Donne
    Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
    Anne Lauvergeon, PDG d'ALP
    Corinne Lepage, présidente de Cap 21 le Rassemblement citoyen, ancienne députée européenne
    Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris
    Joseph Macé-Scaron, directeur de la rédaction de Marianne
    Dominique Méda, philosophe
    Jean-Pierre Mignard, avocat au barreau de Paris
    Arnaud Montebourg, ancien ministre, vice-président d’Habitat
    Pierre-Alain Muet, député PS du Rhône
    Christian Paul, député PS de la Nièvre
    Jean-Vincent Placé, sénateur de l’Essonne, président du groupe écologiste au Sénat
    Barbara Pompili, députée de la Somme, coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale
    Roberto Romero, vice-président PS de la région Ile-de-France
    François de Rugy, député de Loire-Atlantique, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale
    Danièle Sallenave, écrivain, membre de l’Académie française
    Thomas Piketty, économiste, professeur à l’Ecole d’économie de Paris
    Rama Yade, ancien ministre, conseillère régionale UDI d’Ile-de-France

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