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L'Eglise grecque lâche Tsipras

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  • L'Eglise grecque lâche Tsipras

    Le référendum signe le divorce entre la puissante institution religieuse et le Premier ministre de gauche radicale, qui avaient pourtant noué de bonnes relations.


    Il est près de 10h ce dimanche 28 juin. La messe dominicale touchant à sa fin, le très médiatique Métropolite Anthimos de Thessalonique, le prélat de la deuxième ville de Grèce, commence, comme d’habitude son discours aux fidèles : "Votez ce que vous voulez, c’est votre droit le plus absolu. Mais j’ai, moi aussi, le droit de vous faire une confession. Je vais voter pour l’Europe…" Il ne finira jamais sa phrase. Des cris d’abord, puis un brouhaha dans les rangs des fidèles l’interrompt. Il ne cherchera pas à en dire plus. Un chant sacré est entonné par les autres prêtres pour clore l’incident.

    "L'intelligence de Tsipras"

    Pourtant, fin février encore, ce même Anthimos défrayait la chronique en soutenant, en encensant même, les actions du gouvernement Syriza et surtout "la très grande intelligence d’Alexis Tsipras et de son ministre des finances Yanis Varoufakis". Les négociations semblaient alors bien engagées, et grâce à de multiples concessions de la part du gouvernement grec, l’accord provisoire du 20 février semblait mettre les relations du pays avec ses créanciers européens sur de bons rails. On connait la suite.

    C’est certain, les relations entre un Premier ministre athée de gauche radicale, vivant en concubinage avec sa compagne et ayant avec elle deux enfants non-baptisés, et la très puissante église orthodoxe grecque promettaient dès le départ d’être pour le moins compliquées.

    Des gages de bonne volonté...

    Mais, tout au long de sa marche vers le pouvoir Alexis Tsipras avait donné des gages de sa bonne volonté envers l’institution. Comprenant l’importance de ne pas se couper de l’électorat chrétien dans un pays où encore 81% de la population se définit comme orthodoxe (selon un sondage Kappa Research réalisé en avril 2015), Alexis Tsipras a longtemps su jouer sa partition à merveille.

    Pendant la campagne pour les législatives de janvier, il fut même invité par Ieronymos, l’Archevêque d’Athènes, à participer à la cérémonie publique de l’Epiphanie. L’image d’Alexis Tsipras lâchant une colombe (qui dans cette cérémonie symbolise le saint esprit) aux cotés de Ieronymos avait fait le tour du monde et avait été pour beaucoup un tournant de la campagne. Résultat direct de cette logique de rapprochement, la demande permanente de Syriza pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat et pour des taxations supplémentaires sur les biens de l'Eglise ont été mises en sourdine.

    ... et une victoire à la clé

    A l'évidence, les efforts de Tsipras pour ménager l'Eglise ont joué dans sa victoire : 37% des électeurs de Syriza en janvier 2015 se définissent comme orthodoxes (selon le même sondage Kappa Research réalisé en avril 2015).

    Comment Tsipras a-t-il pu ratisser dans cet électorat ? Seraphim Seferiades, Professeur de Sociologie Politique à l’université Panteion, explique :


    la crise a, provisoirement, détruit les clivages politiques traditionnels du pays. La division pour ou contre l’austérité imposée de l’extérieur a fait bouger les lignes. En sachant apparaître comme respectueux de l’Eglise en tant qu’institution, Tsipras a su toucher un électorat qui, jusque-là, n’aurait jamais pensé voter pour un parti de gauche radicale".

    Retour au vieux système

    Que s’est-il donc passé ces derniers jours ? Le politologue poursuit :

    Avec l’annonce du référendum et la peur de l’inconnu qu’il suscite, le vieux système politique est en train de se recomposer à l’intérieur du camp du "oui". La place de l’Eglise est naturellement au milieu de cet ancien système".

    C’est ainsi qu’il faut très probablement comprendre la déclaration solennelle concernant le référendum de l’Archevêque Ieronymos ce 1er juillet. Au-delà de son appel pour "l’union nationale en ces temps très difficiles", il donne, pour ceux qui veulent lire entre les lignes, une quasi consigne de vote :"On doit à nos enfants […] une Grèce qui avance […], chair de la chair du noyau dur européen. Ne mettons pas en danger les conquêtes des visionnaires de ce peuple".

    En filigrane, c'est d’une sortie de la zone euro ("le noyau dur") qu'il est question dans ces propos. L’appartenance même à l’UE ("la conquête des visionnaires") pourrait être remise en question. L’Eglise reprend son rôle historique de force conservatrice pourfendeuse des forces athées. La comédie aura duré moins de six mois…

    Reste à savoir quel sera le poids dans les urnes de ce positionnement plutôt subtil de l’Archevêque.
    Aucun sondage ne classifie les votants selon leurs croyances et pour le moment "oui" et "non" sont au coude à coude, avec trois sondages donnant la victoire du "oui" et trois autres promettant une victoire du "non". De plus, une série de moines et de communautés monastiques du Mont Athos, péninsule sacrée de l’Orthodoxie, appellent a voter "non" et fustigent ceux qui se prononcent pour le "oui". Qui émergera victorieux dimanche soir ? Dieu seul le sait.

    l'OBS

  • #2
    L'argent peut acheter certains dignitaires religieux !

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