Annonce

Réduire
Aucune annonce.

De la toponymie algérienne : du local au national

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • De la toponymie algérienne : du local au national

    Jijel : « La toponymie algérienne », thème d’un prochain colloque scientifique
    Un colloque scientifique intitulé «La toponymie algérienne : du local au national» sera organisé à Jijel, du 25 au 27 juillet prochains, a-t-on appris, hier, auprès du secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad. Organisée par le HCA, en partenariat avec le ministère de la Culture et la wilaya de Jijel, ce colloque, dont les travaux auront lieu à la cité administrative de la wilaya, réunira une trentaine de conférenciers de différentes universités et centres de recherches spécialisés du pays, a ajouté M. Assad dans une déclaration à l’APS. L’objectif recherché à travers ce forum scientifique consiste à «se questionner sur la place réservée à l’amazighité dans l’élaboration des toponymies» et sur «l’orientation des pouvoirs publics en matière de politique toponymique».
    M. Assad a également situé la place, le rôle et la contribution des spécialistes-chercheurs dans le domaine de la toponymie, dans l’élaboration d’une politique toponymique spécifiquement amazighe et les voies pour transcender le phénomène de la diversité culturelle du vaste territoire que représente le pays, ainsi que son plurilinguisme. L’idéal serait qu’à partir des particularismes toponymiques régionaux ou locaux puisse se dégager un fichier — ou base de données — toponymique national, représentatif de l’Algérie. Les communications seront présentées selon sept grands axes thématiques, à la fois distincts et complémentaires, dont «la situation toponymique en Algérie d’hier à aujourd’hui», «implications de la politique toponymique face à la revendication identitaire amazighe» et «place et importance de la toponymie amazighe dans l’environnement algérien comme vecteur du processus identitaire».

    el moudjahid


    La toponymie revêt un intérêt et une importance en ce qu’elle est représentative du patrimoine immatériel d’une nation, de sa souveraineté et est la marque indélébile de son histoire. Elle exprime manifestement une mosaïque, une interpénétration de cultures diverses et une aire de partage entre spécificités locales et valeurs universelles.

    C’est ainsi que les grandes explorations, l’arrivée de nouvelles langues imposées par les puissances colonisatrices par l’exercice du pouvoir politique et par leurs cultures ainsi répandues, les mouvements de colonisation ou de décolonisation, l’alternance des régimes politiques et des dominations et pour finir, la mondialisation et les mouvements de protection des langues minoritaires, sont à l’origine de refondations ou de remaniements toponymiques (voire d’épurations toponymiques) et sont pourvoyeurs de toponymes nouveaux.

    L’Algérie, à l’instar d’autres pays, au Maghreb et dans le monde, a connu ce processus historique de dénomination et de redénomination de son territoire, à travers les âges et durant la colonisation des français (où l’Administration coloniale française avait francisé les noms de la plupart des villes et villages) puis après l’indépendance, par l’arabisation de l’environnement, conformément à deux textes juridiques :

    1- Décret N°81-27 du 7 mars 1981 portant établissement d’un lexique national des noms de villes, villages et autres lieux.

    2- Loi N°91-05 du 16 Janvier 1991 portant généralisation de la langue arabe.

    Cette dernière étape a eu pour conséquence de donner lieu à une sorte de « dualité » de la toponymie algérienne. Face à une toponymie dite populaire ou de population, reflet de la mémoire collective et de la vie quotidienne, s’érige une toponymie « officielle», laquelle a une dimension éminemment politique, que l’on continue d’ignorer dans l’usage quotidien, peut être dans une tentative de réhabilitation des noms oubliés ou niés; la toponymie amazigh, jusque là dénaturée, parfois même gommée, en est le parfait exemple.

    Pire encore ! ceci a induit un certain nombre de dérèglements et de dysfonctionnements, liés à l’écriture des noms de lieux et à leur aménagement linguistique, qui entravent le bon fonctionnement des secteurs d’activités nationales, engendrant, dans l’usage, des dommages et des incorrections, notamment au niveau des documents officiels.

    La normalisation de cette toponymie officielle algérienne (ou nomenclature des noms de lieux habités en Algérie, réalisée sur la base du découpage administratif en communes et wilayas d’Algérie (JO de DEC 1984)) s’avère nécessaire. C’est l’une des recommandations de l’ONU, qui pour des raisons de représentativité, de sécurité, de localisation géographique et de télécommunications a institué le groupe GENUNG (Groupe d’Experts des Nations Unis pour les Noms Géographiques), chargé de la normalisation et de la standardisation (principalement linguistique) des noms géographiques, objectif international, néanmoins basé sur la normalisation nationale.

    L’objectif de ce colloque est de se questionner sur la place réservée à ce volet de l’identité algérienne qu’est l’Amazighité, dans l’élaboration des toponymes algériens ?

    Quelle est l’orientation des pouvoirs publics algériens, en matière de politique toponymique, qui tienne compte des réalités socioculturelles et linguistiques du pays et en matière de revalorisation du patrimoine toponymique amazigh ?

    Quelle a été ou est la contribution des spécialistes chercheurs dans le domaine de la toponymie, dans l’élaboration d’une politique toponymique spécifiquement amazigh ?

    Les indications toponymiques plurilingues (désignation d’un lieu dans toutes les langues en usage dans une région donnée), solution préconisée dans le cadre de la protection des langues minoritaires dans le monde et des langues non reconnues ou sans Etat, pose néanmoins le problème de la reconnaissance d’un nom de lieu de façon unique et univoque, au plan international.

    Comment transcender le phénomène de la diversité culturelle du vaste territoire que présente notre pays et son plurilinguisme, pour qu’à partir des particularismes toponymiques régionaux ou locaux puisse se dégager un fichier- ou base de données- toponymique national, représentatif de l’Algérie au plan international ?

    Aussi, il est important de voir quels règles ou normes, critères et procédures appliquer, pour faire face aux difficultés liées à l’écriture, à la translittération et à la romanisation de ces toponymes, majoritairement amazighs ?

    Il s’agit de :

    1- La primauté de l’arabe comme langue de départ [dans le passage au latin] dans la transcription des toponymes algériens, malgré la reconnaissance de Tamazight comme langue nationale.

    2- L’absence d’une autorité nationale qui en aurait la charge.

    3- Le statut des langues maternelles du pays : l’amazigh et l’arabe dialectal, presque illusoire, voire inexistant.

    La question posée est de savoir comment se traduisent sur le terrain et dans l’environnement des algériens les études, analyses et travaux de recherche réalisés sur la toponymie amazighe algérienne. Ne serait-il pas judicieux de concilier les efforts des chercheurs et universitaires spécialistes en toponymie, ceux d’une institution nationale ou « office nationale de normalisation des noms géographiques » et du Haut Commissariat à l’Amazighité, institution officielle de l’Amazighité, chargée entre autres, de réhabiliter l’environnement culturel amazigh de l’Algérie ?

    Le Haut Commissariat à l’Amazighité peut fédérer un travail de collecte de données toponymiques amazighes en Algérie, via un partenariat institutionnel, administratif et universitaire en vue de cerner de façon définitive la problématique de l’onomastique amazighe, la toponymie en particulier.

    Axes du Colloque

    Les axes principaux dans lesquels devront s’inscrire les travaux de ce colloque sont :

    1- La situation toponymique en Algérie d’hier à aujourd’hui, en perspective d’une toponymie algérienne respectueuse des réalités toponymiques des régions amazighophones.

    2- Les implications de la politique toponymique du pouvoir central algérien, face à la revendication identitaire amazighe.

    3- Transcription des toponymes algériens et aménagement linguistique, romanisation, réglementation et standardisation des toponymes algériens.

    4- La toponymie algérienne par les textes, en perspective d’un aménagement juridique de ceux-ci.

    5- Place et importance de la toponymie amazighe dans l’environnement algérien comme vecteur du processus identitaire.

    6- Les politiques toponymiques algériennes de l’indépendance à ce jour.

    7- Des questions liées à la reconnaissance des langues maternelles algériennes et leur exclusion du système d’organisation international.


    Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA)
    dz(0000/1111)dz
Chargement...
X