5 Juillet 2015
L’économie nationale est restée en 2014 sur un palier de faible croissance avec une absence de signes tangibles d’un dynamisme global générateur de richesses et d’emplois. Elle continue d’être rythmée par les conditions climatiques et les progrès réalisés sur le plan des équilibres sont attribuables en grande partie à des facteurs conjoncturels. C’est le constat dressé par le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, dans son rapport annuel 2014.
Le constat du gouverneur de Bank
Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, est sans appel. L’économie nationale manque à l’évidence de dynamisme et n’arrive pas à rompre avec ses vieilles recettes pour amorcer le tant attendu changement de paradigme. «L’économie nationale est restée en 2014 sur un palier de faible croissance avec une absence de signes tangibles d’un dynamisme global générateur de richesses et d’emplois. Elle continue d’être rythmée par les conditions climatiques et les progrès réalisés sur le plan des équilibres sont attribuables dans une grande mesure à des facteurs conjoncturels», a-t-il affirmé dans l’introduction du rapport annuel 2014 de Bank Al-Maghrib.
Ce qui pousse le gouverneur de la Banque Centrale à s’interroger sur la pertinence des nombreuses stratégies sectorielles, lancées en majorité depuis plus de 5 ans et leur capacité à «produire les synergies et l’élan nécessaires pour enclencher une véritable transformation structurelle de l’économie et accélérer le rythme de la croissance».
Dans cette analyse critique de l’économie nationale, Abdellatif Jouahri a pointé notamment du doigt la dégradation continue de l’éducation et de la formation qui représente «un handicap majeur pour le processus de développement dans sa globalité». Ce qui éloigne le pays de «la trajectoire vers l’émergence tant ambitionnée», martèle-t-il, en recommandant «une thérapie de choc où toutes les parties prenantes devraient réaliser qu’au-delà des intérêts catégoriels» et en appelant à en finir le faible rendement de l’investissement dans ce domaine.
Abdellatif Jouahri a également relevé et mis en évidence la faiblesse du rendement de l’investissement dans sa globalité. Certes le pays enregistre l’un des taux d’investissement les plus élevés au monde, mais les résultats restent bien en deçà des espérances aussi bien en termes de croissance que d’emplois. En effet, note-t-il, après une moyenne de 4,8% entre 2000 et 2008, la croissance non agricole est revenue à un rythme moyen de 3,6% depuis 2009 et de 3,1% sur les deux dernières années. Le chômage persiste, quant à lui, à des niveaux élevés en milieu urbain et en particulier parmi les jeunes. «S’il est vrai que la part importante en infrastructures économique et sociale peut expliquer les délais longs des retombées de l’investissement, force est de constater que son niveau élevé est maintenu depuis plus d’une décennie», relève-t-il.
Même les investissements directs étrangers sont concernés par cette problématique du niveau de rendement. «Certes, le Maroc a pu bénéficier ces dernières années d’importantes entrées, mais la question se pose quant au niveau de leur contribution à la croissance et à l’emploi», s’interroge-t-il, en indiquant que les sorties au titre des dividendes commencent à impacter sensiblement la balance des paiements. Ainsi, au titre de 2014, elles ont atteint près de 15 milliards de DH pour un afflux d’IDE de 36,5 milliards.
Évaluer les incitations aux IDE
«S’il est clair qu’il faut continuer à promouvoir ces investissements, les incitations qui leur sont parfois accordées devraient être évaluées sur la base d’une analyse coût/bénéfice rigoureuse pour s’assurer de leur apport pour le pays», juge-t-il, mettant en avant l’essor de l’industrie automobile. «Bien qu’elle connaisse un succès remarquable sur le plan du développement des exportations, son impact et ses effets d’entraînement sur l’économie nationale restent encore limités au regard de son faible taux d’intégration».
Conclusion : il est nécessaire, insiste encore une fois le gouverneur de la Banque centrale, d’instituer l’évaluation des politiques publiques, «une pratique peu ancrée dans les modes de gestion et de gouvernance dans notre pays».
Tout n’est toutefois pas négatif. L’économie nationale compte des réalisations et «le Maroc bénéficie, aujourd’hui, d’une conjonction favorable de facteurs, notamment l’atténuation des déficits jumeaux, l’afflux important des dons et la baisse des cours internationaux des produits énergétiques». Ce qui constitue «une fenêtre d’opportunités» qui s’ouvre ainsi offrant au pays «des marges importantes pour la poursuite des réformes dans l’objectif d’accélérer la croissance, réduire le chômage et améliorer les conditions de vie de la population. Ces marges sont confortées par l’image dont jouit le pays dans la région», rappelle M. Jouahri, en illustrant par les appréciations positives des agences de notation et des institutions internationales.
Mais, encore faut-il mener à bout ces réformes, selon le gouverneur de BAM. Il s’agit notamment de la réforme de la justice, du marché boursier, des Caisses de retraite et de la fiscalité. Sur la liste également, la mise en place d’une politique de change plus adéquate, la réduction de la masse salariale, le renforcement des filets sociaux, l’apport de réponses adéquates à la problématique de l’emploi, sans oublier la mise en œuvre de la régionalisation avancée et la réussite de l’orientation africaine du pays.
LeMatin
L’économie nationale est restée en 2014 sur un palier de faible croissance avec une absence de signes tangibles d’un dynamisme global générateur de richesses et d’emplois. Elle continue d’être rythmée par les conditions climatiques et les progrès réalisés sur le plan des équilibres sont attribuables en grande partie à des facteurs conjoncturels. C’est le constat dressé par le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, dans son rapport annuel 2014.
Le constat du gouverneur de Bank
Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, est sans appel. L’économie nationale manque à l’évidence de dynamisme et n’arrive pas à rompre avec ses vieilles recettes pour amorcer le tant attendu changement de paradigme. «L’économie nationale est restée en 2014 sur un palier de faible croissance avec une absence de signes tangibles d’un dynamisme global générateur de richesses et d’emplois. Elle continue d’être rythmée par les conditions climatiques et les progrès réalisés sur le plan des équilibres sont attribuables dans une grande mesure à des facteurs conjoncturels», a-t-il affirmé dans l’introduction du rapport annuel 2014 de Bank Al-Maghrib.
Ce qui pousse le gouverneur de la Banque Centrale à s’interroger sur la pertinence des nombreuses stratégies sectorielles, lancées en majorité depuis plus de 5 ans et leur capacité à «produire les synergies et l’élan nécessaires pour enclencher une véritable transformation structurelle de l’économie et accélérer le rythme de la croissance».
Dans cette analyse critique de l’économie nationale, Abdellatif Jouahri a pointé notamment du doigt la dégradation continue de l’éducation et de la formation qui représente «un handicap majeur pour le processus de développement dans sa globalité». Ce qui éloigne le pays de «la trajectoire vers l’émergence tant ambitionnée», martèle-t-il, en recommandant «une thérapie de choc où toutes les parties prenantes devraient réaliser qu’au-delà des intérêts catégoriels» et en appelant à en finir le faible rendement de l’investissement dans ce domaine.
Abdellatif Jouahri a également relevé et mis en évidence la faiblesse du rendement de l’investissement dans sa globalité. Certes le pays enregistre l’un des taux d’investissement les plus élevés au monde, mais les résultats restent bien en deçà des espérances aussi bien en termes de croissance que d’emplois. En effet, note-t-il, après une moyenne de 4,8% entre 2000 et 2008, la croissance non agricole est revenue à un rythme moyen de 3,6% depuis 2009 et de 3,1% sur les deux dernières années. Le chômage persiste, quant à lui, à des niveaux élevés en milieu urbain et en particulier parmi les jeunes. «S’il est vrai que la part importante en infrastructures économique et sociale peut expliquer les délais longs des retombées de l’investissement, force est de constater que son niveau élevé est maintenu depuis plus d’une décennie», relève-t-il.
Même les investissements directs étrangers sont concernés par cette problématique du niveau de rendement. «Certes, le Maroc a pu bénéficier ces dernières années d’importantes entrées, mais la question se pose quant au niveau de leur contribution à la croissance et à l’emploi», s’interroge-t-il, en indiquant que les sorties au titre des dividendes commencent à impacter sensiblement la balance des paiements. Ainsi, au titre de 2014, elles ont atteint près de 15 milliards de DH pour un afflux d’IDE de 36,5 milliards.
Évaluer les incitations aux IDE
«S’il est clair qu’il faut continuer à promouvoir ces investissements, les incitations qui leur sont parfois accordées devraient être évaluées sur la base d’une analyse coût/bénéfice rigoureuse pour s’assurer de leur apport pour le pays», juge-t-il, mettant en avant l’essor de l’industrie automobile. «Bien qu’elle connaisse un succès remarquable sur le plan du développement des exportations, son impact et ses effets d’entraînement sur l’économie nationale restent encore limités au regard de son faible taux d’intégration».
Conclusion : il est nécessaire, insiste encore une fois le gouverneur de la Banque centrale, d’instituer l’évaluation des politiques publiques, «une pratique peu ancrée dans les modes de gestion et de gouvernance dans notre pays».
Tout n’est toutefois pas négatif. L’économie nationale compte des réalisations et «le Maroc bénéficie, aujourd’hui, d’une conjonction favorable de facteurs, notamment l’atténuation des déficits jumeaux, l’afflux important des dons et la baisse des cours internationaux des produits énergétiques». Ce qui constitue «une fenêtre d’opportunités» qui s’ouvre ainsi offrant au pays «des marges importantes pour la poursuite des réformes dans l’objectif d’accélérer la croissance, réduire le chômage et améliorer les conditions de vie de la population. Ces marges sont confortées par l’image dont jouit le pays dans la région», rappelle M. Jouahri, en illustrant par les appréciations positives des agences de notation et des institutions internationales.
Mais, encore faut-il mener à bout ces réformes, selon le gouverneur de BAM. Il s’agit notamment de la réforme de la justice, du marché boursier, des Caisses de retraite et de la fiscalité. Sur la liste également, la mise en place d’une politique de change plus adéquate, la réduction de la masse salariale, le renforcement des filets sociaux, l’apport de réponses adéquates à la problématique de l’emploi, sans oublier la mise en œuvre de la régionalisation avancée et la réussite de l’orientation africaine du pays.
LeMatin
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