Alger à Washington: Shut up !
Il faut reconnaître que c’est vraiment osé. Le communiqué du ministère des affaires étrangères commentant le «Rapport sur la situation des droits de l’Homme dans le monde en 2014», est d’une causticité inédite pour qui connait le soin que mettent les responsables algériens à ne pas se mettre à dos le «big brother».
Mais là, le MAE a administré un véritable cours de pédagogie diplomatique en pointant les aspects qui lui paraissent loin de la réalité des droits de l’homme en Algérie.
D’entrée, le département de Ramtane Lamamra, qui a pourtant bonne presse à Washington, met les pieds dans le plat en dénonçant «une inclination bureaucratique portée sur la reproduction mécanique de stéréotypes, d’appréciations partiales et conclusions simplistes ». La cible est ici le géant américain et non pas le Makhzen voisin, c’est dire la délicatesse du propos.
Soulignons d’abord que c’est l’une de rares fois que le ministère des Affaires étrangères juge nécessaire de rendre public un communiqué au vitriol.
Le porte parole du MAE se chargeait habituellement d’une courte déclaration via le canal de l’APS ou on répondant à la question d’un confrère.
Or, cette fois le département de Ramtane Lamamra a frappé fort en déconstruisant une bonne partie du rapport du Département d’Etat qu’il juge «partial» voire «outrancier». Le ton y est très dur et parfois railleur s’agissant de la littérature contenue dans le document américain qui, il est vrai, ne diffère pas trop de précédents tout au long de ces quinze dernières années.
Liaisons dangereuses
« s’il fallait une seule preuve des erreurs de jugement et des outrances qui disqualifient irrémédiablement ledit «rapport», elle se trouve dans l’esquisse d’une équation d’égalité entre l’action légitime de l’Etat national et la folie meurtrière de groupes terroristes, ainsi que dans la monstrueuse allégation que comporte le fait de rendre compte des résultats remarquables des opérations contre-terroristes courageuses menées en toute transparence par l’Armée nationale populaire sous le titre mystificateur de privation arbitraire et illégale du droit à la vie », lit-on dans le communiqué du MAE.
En clair, l’Algérie rejette en bloc le rapport du Département d’Etat où la victime est confondue avec le bourreau.
Le MAE en veut pour preuve «L’esprit négatif de critique qui ôte toute crédibilité à la quasi-totalité de la teneur de ce rapport en ce qui concerne l’Algérie».
En revanche, il souligne que les américains ne manifestent pas autant d’engagement pour défendre les causes palestiniennes et sahraouies. Leur appréciation «contraste si manifestement avec l’équilibrisme qui caractérise les parties relatives à la Palestine et au Sahara occidental, alors même que s’agissant de deux situations d’occupation illégale et de violation du droit fondamental des deux peuples à l’autodétermination, les responsabilités d’Etat membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies auraient dû se traduire par un engagement ferme et actif en faveur d’une protection et d’une promotion plus effectives des droits de l’Homme au bénéfice des deux peuples », ajoute la même source.
Qui aime bien châtie bien
Et au MAE de porter une violente critique au Département de son ami John Kerry : «D’évidence, la cause des droits de l’Homme ne peut pas relever d’un exercice saisonnier. Il s’agit d’une oeuvre de longue haleine qui consolide des acquis et s’ouvre sans cesse de nouvelles perspectives».
Tout en soulignant que ce rapport «n’engage que ledit partenaire» (les Etats Unis), les Affaires étrangères précisent que la communauté internationale «est, en l’occurrence, loin de reconnaître une quelconque mission de juge universel des droits de l’Homme» à ce pays.
Autrement dit, le rapport 2015 du Département d’Etat sur l’Algérie est un non événement vu d’Alger et que son propos n’engage que ses auteurs.
C’est comme si un responsable algérien lançait à son homologue américain qui le critiquait un retentissant : «Shut up !» (Ferme là !).
Avouons que ce n’est pas tous les jours que l’on entend ce genre de réponse sèche. Et ironie de l’histoire, ce froid échange «épistolaire» intervient au lendemain de chaleureuses félicitations échangées entre les deux pays à l’occasion de la commémoration des indépendances des Etat-Unis et de l’Algérie célébrées respectivement le 04 et le 05 juillet.
algerie1
Il faut reconnaître que c’est vraiment osé. Le communiqué du ministère des affaires étrangères commentant le «Rapport sur la situation des droits de l’Homme dans le monde en 2014», est d’une causticité inédite pour qui connait le soin que mettent les responsables algériens à ne pas se mettre à dos le «big brother».
Mais là, le MAE a administré un véritable cours de pédagogie diplomatique en pointant les aspects qui lui paraissent loin de la réalité des droits de l’homme en Algérie.
D’entrée, le département de Ramtane Lamamra, qui a pourtant bonne presse à Washington, met les pieds dans le plat en dénonçant «une inclination bureaucratique portée sur la reproduction mécanique de stéréotypes, d’appréciations partiales et conclusions simplistes ». La cible est ici le géant américain et non pas le Makhzen voisin, c’est dire la délicatesse du propos.
Soulignons d’abord que c’est l’une de rares fois que le ministère des Affaires étrangères juge nécessaire de rendre public un communiqué au vitriol.
Le porte parole du MAE se chargeait habituellement d’une courte déclaration via le canal de l’APS ou on répondant à la question d’un confrère.
Or, cette fois le département de Ramtane Lamamra a frappé fort en déconstruisant une bonne partie du rapport du Département d’Etat qu’il juge «partial» voire «outrancier». Le ton y est très dur et parfois railleur s’agissant de la littérature contenue dans le document américain qui, il est vrai, ne diffère pas trop de précédents tout au long de ces quinze dernières années.
Liaisons dangereuses
« s’il fallait une seule preuve des erreurs de jugement et des outrances qui disqualifient irrémédiablement ledit «rapport», elle se trouve dans l’esquisse d’une équation d’égalité entre l’action légitime de l’Etat national et la folie meurtrière de groupes terroristes, ainsi que dans la monstrueuse allégation que comporte le fait de rendre compte des résultats remarquables des opérations contre-terroristes courageuses menées en toute transparence par l’Armée nationale populaire sous le titre mystificateur de privation arbitraire et illégale du droit à la vie », lit-on dans le communiqué du MAE.
En clair, l’Algérie rejette en bloc le rapport du Département d’Etat où la victime est confondue avec le bourreau.
Le MAE en veut pour preuve «L’esprit négatif de critique qui ôte toute crédibilité à la quasi-totalité de la teneur de ce rapport en ce qui concerne l’Algérie».
En revanche, il souligne que les américains ne manifestent pas autant d’engagement pour défendre les causes palestiniennes et sahraouies. Leur appréciation «contraste si manifestement avec l’équilibrisme qui caractérise les parties relatives à la Palestine et au Sahara occidental, alors même que s’agissant de deux situations d’occupation illégale et de violation du droit fondamental des deux peuples à l’autodétermination, les responsabilités d’Etat membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies auraient dû se traduire par un engagement ferme et actif en faveur d’une protection et d’une promotion plus effectives des droits de l’Homme au bénéfice des deux peuples », ajoute la même source.
Qui aime bien châtie bien
Et au MAE de porter une violente critique au Département de son ami John Kerry : «D’évidence, la cause des droits de l’Homme ne peut pas relever d’un exercice saisonnier. Il s’agit d’une oeuvre de longue haleine qui consolide des acquis et s’ouvre sans cesse de nouvelles perspectives».
Tout en soulignant que ce rapport «n’engage que ledit partenaire» (les Etats Unis), les Affaires étrangères précisent que la communauté internationale «est, en l’occurrence, loin de reconnaître une quelconque mission de juge universel des droits de l’Homme» à ce pays.
Autrement dit, le rapport 2015 du Département d’Etat sur l’Algérie est un non événement vu d’Alger et que son propos n’engage que ses auteurs.
C’est comme si un responsable algérien lançait à son homologue américain qui le critiquait un retentissant : «Shut up !» (Ferme là !).
Avouons que ce n’est pas tous les jours que l’on entend ce genre de réponse sèche. Et ironie de l’histoire, ce froid échange «épistolaire» intervient au lendemain de chaleureuses félicitations échangées entre les deux pays à l’occasion de la commémoration des indépendances des Etat-Unis et de l’Algérie célébrées respectivement le 04 et le 05 juillet.
algerie1
Commentaire