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Iran : "Il ne faut jamais faire confiance au Grand Satan"

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  • Iran : "Il ne faut jamais faire confiance au Grand Satan"

    Comme tous les vendredis, les abords de la grande mosquée de Téhéran, située au nord-est de la capitale iranienne, sont noirs de monde. Pour y entrer, les 4 000 à 5 000 fidèles doivent passer un portique de sécurité et patienter sous un soleil brûlant. Hormis quelques dizaines de jeunes militaires – des appelés qui n’ont pas vraiment l’air concernés –– qu’un bus a déposés et qui restent groupés, il n’y a pas beaucoup de jeunes. La plupart des fidèles sont des hommes âgés et d’allure modeste.

    Ce lieu n’est pas seulement un endroit où l’on prie. C’est là que les principaux responsables politiques qui appartiennent au clergé livrent leurs réflexions et donnent leurs points de vue sur les affaires du monde et du pays. Parmi les fidèles, personne n’a vraiment envie de dire à un journaliste ce qu’il pense de la situation économique, des négociations en cours sur le nucléaire ou de ce qui se passe en Irak. C’est aux religieux qui viennent à la cérémonie en passant par une porte VIP qu’il faut s’adresser. "Ce sont eux qui ont des choses à dire, nous sommes là pour les écouter. Pas pour parler", indiquent les fidèles.

    "Grand Satan"

    L’ayatollah Rabani Nejad, qui dirige la mosquée Mamass Robaniejah, se prête au jeu des questions tout en étant "persuadé" qu’un journaliste occidental "déformera forcément (s)es propos". Ses propos ont le mérite de l’efficacité et de la concision : l’accord sur le nucléaire en passe d’être signé à Vienne ? "Quand on négocie avec le Grand Satan américain, il ne faut jamais oublier qu’il ne faut jamais faire confiance au Grand Satan."
    À l’intérieur, les prêches ont commencé. À la tribune, un homme en uniforme chauffe la salle en criant des slogans que tout le monde reprend en criant de plus en plus fort. "Down , down, USA !" "Down, down, Israël !" Un basiji, un combattant qui porte une écharpe sur les épaules, crie plus fort que les autres. C’est une star. Tout le monde le connaît. Lors des cérémonies officielles, il passe souvent à la télévision tant sa voix porte loin. Pour un peu, et c’est effectivement assez impressionnant, sa mâchoire semble se décrocher lorsqu’il lance ses slogans. Puis vient le défilé de plusieurs ayatollahs. Ce matin-là, certains ont choisi de s’adresser à la jeunesse. Des gardes du corps surveillent la foule des fidèles. Il y a quelques jours, une bombe a explosé dans la principale moquée chiite de Koweït City (26 morts). Et à Téhéran, l’appareil sécuritaire ne veut rien laisser au hasard. Et pour cause : certains des plus hauts dignitaires religieux du pays sont là.
    Daesh ? "Une créature américaine"

    L’ayatollah Mohammad Emani Kashani est considéré comme un modéré. Il est proche du président Rohani qui, depuis son élection en 2013, encourage les négociations avec les Américains pour la levée des sanctions économiques. En pleine période de négociations, il n’est pourtant pas tendre envers les États-Unis. Daesh et l’État islamique qui oblige l’Iran à envoyer des pasdarans en Irak pour le combattre ? "C’est une créature des Américains qui veulent créer une guerre chiites-sunnites. Daesh, ce sont des extrémistes qui se fourvoient. Mais ils ne parviendront pas à détruire l’unité de l’islam. D’ailleurs, Daesh et les talibans recrutent des ignorants." "Down, down, USA !"

    Internet et les réseaux sociaux ? "C’est une création des capitalistes qui veulent détourner la jeunesse des vraies valeurs religieuses." "Down ! Down, USA !" D’ailleurs, continue l’ayatollah, le monde va mal parce qu’il est colonisé par les Américains, Israël et l’argent du pétrole des Saoudiens qui font du mal à l’unité de l’islam. Il faut remercier l’ayatollah Khomeiny qui a su maintenir l’unité de notre religion." "Down ! Down USA !" Les slogans de plus en plus forts reprennent.

    Pour conclure son prêche, l’imam a un mot à dire sur les juges. Il y a quelques jours, onze juges ont été arrêtés pour corruption. "Il faut des juges responsables, aux valeurs irréprochables, pour assurer la cohésion du pays et le déclin des valeurs." Explication : le vieux conflit entre les juges "civils" et les juges "religieux" est toujours vivace.
    Les slogans s’interrompent. C’est le moment de la prière. Dans la gigantesque mosquée, la sérénité est revenue.


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