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Le massacre de Srebrenica est-il un «génocide» ?

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  • Le massacre de Srebrenica est-il un «génocide» ?

    20 ans après, les Serbes refusent toujours le mot « génocide » reconnu par la justice internationale, pour qualifier le massacre de 8.000 musulmans bosniaques en juillet 1995 par l'Armée de la République serbe de Bosnie.


    C'était il y a 20 ans. En pleine guerre de Yougoslavie, le 11 juillet 1995, 8.000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie sont massacrés par des unités de l'armée de la République serbe de Bosnie, sous le commandement du général Ratko Mladic, dans l'enclave de Srebrenica. Un massacre qui signait l'impuissance de l'ONU, dont les casques bleus étaient censés protéger les populations sur la zone. Cette tuerie avait précipité la fin de la guerre et la signature des accords de Dayton qui avaient permis aux Bosniaques, forts de leur statut de victimes, d'obtenir la création de la fédération de Bosnie-Herzégovine (croato-bosniaque) distincte de la République serbe de Bosnie.

    20 ans après, les enjeux mémoriels autour de cette extermination, devenue symbole des atrocités commises pendant le conflit interethnique qui a ravagé l'ex-Yougoslavie dans la décennie 1990, sont toujours persistants. La Serbie, qui souhaite tourner la page et entrer dans l'Union européenne a présenté ses excuses pour ce massacre. «Je m'agenouille et demande que la Serbie soit pardonnée pour le crime commis à Srebrenica», avait ainsi déclaré le président serbe Tomislav Nikolic en juin 2013. Il avait provoqué l'émoi en affirmant plus tôt qu'«il n'y avait pas eu de génocide à Srebrenica».

    Un projet de résolution de l'ONU rejeté par la Russie

    Mercredi, un projet de résolution déposé par le Royaume-Uni aux Nations unies proposait de reconnaître «le crime de génocide commis à Srebrenica». La Russie a mis son veto. Poutine, très admiré en Serbie, a fait de ce pays son «allié le plus proche». L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a expliqué que le texte était «agressif, motivé politiquement et pas constructif». Le président serbe Tomislav Nikolic a lui salué «un grand jour pour la Serbie car (la Russie) a empêché qu'elle soit stigmatisée de même que tout son peuple dans une tentative de les qualifier de génocidaires». Les Bosniaques, eux, affichent tout haut leur déception. «La décision honteuse de l'ONU», titrait ainsi le quotidien bosniaque Avaz de Sarajevo, indigné de la reculade de l'ONU. Par la voix de son représentant auprès des Nations-Unies François Delattre, la France a elle regretté «profondément l'opposition de la Russie à l'adoption d'une résolution dont le but était d'honorer la mémoire de toutes les victimes du génocide de Srebrenica».

    «Il est temps de montrer que nous sommes prêts à la réconciliation, que nous sommes prêts à nous incliner devant les victimes des autres», a cependant déclaré le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucić, européen convaincu. «Je me rendrai à Srebrenica et représenterai la Serbie la tête haute (…). La Serbie qui est capable de reconnaître que des individus ont commis des crimes», a-t-il ajouté. S'il se rend samedi aux commémorations, il refuse tout de même de prononcer le mot «génocide», tenu par une opinion publique très nationaliste. En effet, selon un sondage récent effectué en Serbie, si 54 % des interrogés condamnent le massacre de Srebrenica, 70 % d'entre eux nient l'existence d'un génocide.

    «Génocide»: une qualification controversée

    Il n'y a que quatre génocides reconnus officiellement par la communauté internationale: le génocide des Juifs commis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, reconnu en 1945 par le Tribunal de Nuremberg, le génocide des Arméniens commis par les Turcs en 1915, reconnu par la France et l'ONU, le génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda en 1994, reconnu par l'ONU, et le massacre de Srebrenica, qualifié de «génocide» par la Cour Internationale de Justice (CIJ) et le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie.

    Plusieurs historiens contestent pourtant la qualification de génocide. Ainsi, l'historien spécialiste des génocides Yves Ternon accusait la CIJ d'avoir ouvert «la boite de Pandore» en étendant ce qualificatif au massacre de Srebrenica. «Le génocide est une forme extrême de crime contre l'humanité. On peut considérer qu'il y a génocide lorsque sont réunies cinq conditions: destruction physique, c'est-à-dire meurtre, d'un groupe humain (...), dans une part substantielle de ce groupe. Quatrièmement, les personnes sont tuées pour leur appartenance à ce groupe sans distinction d'âge ni de sexe. Cinquièmement, ce meurtre de masse est planifié, et seul un État ou une organisation qui prend la place de l'État, est à même de planifier un génocide à l'échelle géographique d'une nation, voire d'un continent. Voilà pourquoi je pense que Srebrenica, qui représente le pic de violence dans les guerres dans l'ex-Yougoslavie, est un acte génocidaire et non un génocide.

    Cela aurait été un génocide si des actes de cette nature avaient été exécutés en de nombreux autres endroits, comme ce fut le cas pour le génocide des Arméniens en 1915-1916, celui des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, et celui des Tutsis au Rwanda en 1994» expliquait-il dans une interview au quotidien Le Monde. Dans une interview à Témoignage chrétien, l'humanitaire Rony Brauman renchérissait: «Les faits sont pourtant clairs et acceptés par tous, mais on a appelé ça un génocide. Srebrenica a été le massacre des hommes en âge de porter des armes. C'est un crime contre l'humanité indiscutable, mais on a laissé partir des femmes, des enfants, des vieillards, des gens qui n'étaient pas considérés comme des menaces potentielles».


    le figaro

  • #2
    Juridiquement, selon le droit de nombreux pays , le crime de génocide est constitué.(voir les définitions) et le TPIY a condamné des Serbes politiques ou paramilitaires sur cette base.

    Après il y a le débat mais la définition pénale est la définition ....Elle est peut-être large mais à dessein...Rôle prophylactique du droit

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