Cette année encore, les auteurs populaires, méprisés par l'intelligentsia mais chouchoutés par le grand public, seront les compagnons de vos vacances. Notre critique a lu sans a priori ces futurs livres à succès. Sans s'abêtir.
Vous les verrez passer dans toutes les mains cet été, dans tous les trains et sur toutes les plages. Ils offriront des milliers d'heures d'évasion, et pas mal de schémas de pensée à des millions de Français. Ils assureront cette année encore la survie de l'édition, et contribueront à la visibilité de la culture française à l'étranger. Et pourtant, vous n'en entendrez pas beaucoup parler dans la presse littéraire... Telle est la destinée paradoxale des best-sellers : cachés dans les librairies de Saint-Germain-des-Prés, mais têtes de gondole dans les rayons des hypermarchés et des bureaux de tabac ; oubliés sur les bancs publics, mais objets de publicité dans les transports en commun ; vénérés par les lecteurs qui feront la queue dans les salons du livre de province pour rencontrer leurs auteurs, mais rarement lus sans quelque dédain, et comme une distraction coupable.
Objets de jalousie de toute part, ces livres à grand tirage sont une dimension essentielle, quoique minimisée, de l'économie française de la culture : on a estimé le chiffre d'affaires global de Marc Levy à 80,6 millions d'euros en 2008, soit à lui seul environ deux fois le budget annuel du Centre national du livre. L'auteur d'Et si c'était vrai... n'arrive qu'en troisième place des 10 auteurs les plus vendus en France : ceux-ci pesaient, en 2014, 26 % des ventes de romans à eux seuls...
Si, aux Etats-Unis par exemple, les auteurs grand public font l'objet d'admiration, aucun de ces 10 auteurs n'a jamais obtenu la moindre reconnaissance dans le milieu germanopratin : pensons, par exemple, que le romancier français Guillaume Musso, qui arrive en tête de ce palmarès, et dont les ventes totales de romans dépassent les 18 millions d'exemplaires, n'a jamais été invité une seule fois sur France Culture et n'a jamais fait l'objet d'une seule vraie critique dans les suppléments littéraires des grands quotidiens nationaux... Bien sûr, vous verrez parfois Musso sur le plateau de Michel Drucker, un journal gratuit du métro glosera sur les 400 000 ventes de son dernier roman ; mais il n'a jamais été le sujet, en plein boom de la littérature contemporaine à l'université, de la moindre étude académique - et ne parlons même pas d'une thèse !
Phénomène planétaire
Quant aux grands prix littéraires, ils sont interdits à tous ceux dont les revenus financent pourtant, indirectement, la publication d'auteurs nettement plus confidentiels : ni Françoise Bourdin, ni Katherine Pancol, ni Bernard Weber ne recevront jamais la consécration d'un Goncourt ou d'un Femina. Ce raisonnement est applicable à presque tous les auteurs de livres à succès français : ainsi Marc Levy, que l'on considère comme le romancier français le plus lu au monde, adapté par Dreamworks et traduit en 48 langues, a été constamment massacré par la critique (à l'exception d'un timide soutien par l'ancienne directrice du Monde des livres, Josyane Savigneau), au point de faire l'objet d'une cruelle parodie dans Et si c'était niais, de Pascal Fioretto. Dans leur Antimanuel de littérature, Pierre Jourde et Eric Naulleau font ainsi le portrait futur et au vitriol de celui qu'un récent sondage déclarait pourtant, avec Victor Hugo, l'écrivain préféré des Français :
« En 2038, il a vendu au total 895 millions d'ouvrages, traduits en 275 langues, dont trois langues non terrestres. Cela fait de Marc Levy le plus grand écrivain de la littérature française, des origines à nos jours. Ce phénomène planétaire, et même interplanétaire, prouve en effet l'excellence des romans de Marc Levy. Il n'est pas imaginable que tant de millions de gens puissent avoir un goût déplorable. L'histoire le prouve. »
Situation paradoxale
Là semble être bien tout le problème... « Pour moi, populaire n'est pas un gros mot », affirma un jour Marc Levy dans un entretien à l'AFP, alors qu'une loi d'airain s'exerce en vérité en France, selon laquelle la rareté des lecteurs (les happy few dont parlait Stendhal) est un signe de distinction. Corollaire mensonger : la littérature populaire n'est populaire que parce qu'elle est médiocre. Sainte-Beuve s'inquiétait déjà en 1839 de ce qu'il appelait « la littérature industrielle » et du « poudreux boulevard de la littérature du jour » : la célèbre opposition faite par le sociologue Pierre Bourdieu entre une « production littéraire restreinte » d'avant-garde (celle de « l'art pour l'art »), et une « grande production » dénuée de « capital symbolique », clivage qui avait laissé pour victimes au XIXe siècle Alexandre Dumas ou Eugène Sue, jugés trop faciles, continue donc à s'exercer.
Dans le pays qui a inventé la culture pour tous et la culture pour chacun et dont les dépenses d'action culturelle culminent en tête de tous les pays de l'OCDE, le champ littéraire est clairement clivé en deux camps : les auteurs bénéficiant d'une reconnaissance populaire, mais unanimement honnis par les trois critiques (celles des « grands écrivains », des médias et de l'université) et les écrivains étudiés et admirés par les élites, consacrés par les prix littéraires, les académies, mais dont les ventes ne décollent pas. D'où cette situation assez paradoxale et pourtant tellement française : alors que Muriel Barbery, Anna Gavalda ou encore Tatiana de Rosnay vendent par centaines de milliers d'exemplaires les traductions anglaises de leurs romans, l'on se plaint constamment dans l'Hexagone de la mort de la littérature contemporaine française, supposée ne plus proposer ces « grands récits » que l'on va précisément chercher dans la littérature nord- ou sud-américaine...
Ces page-turners ont de surcroît un défaut impardonnable pour ces valeurs élitistes : loin de jeter un regard critique sur le monde, de chercher à tout prix à faire du nouveau par la forme et le style, de manifester la marginalité de l'écrivain et sa détestation du monde, de rechercher la complexité du récit et les références érudites, ces livres se veulent lisibles, accessibles, préfèrent nous tenir en haleine plutôt que nous impressionner en écrivant « sur rien », selon l'expression restée célèbre de Flaubert.
Penser l'ordinaire
Défendant les valeurs du romanesque (des créatures et un univers au-dessus du commun, l'importance de l'émotion, le caractère central de l'amour dans la vie...) et n'hésitant pas à utiliser des ficelles habituelles (la recherche d'une vérité sans cesse repoussée, l'initiation d'un personnage malgré des retournements de situation, etc.), ces récits ont pour vice de nous montrer un univers commun et non des spéculations abstraites et de renvoyer une image parfois enjouée de la vie, péchés mortels pour une littérature française qui ne s'est pas défaite de la gravité romantique et de l'idée que, loin de parler du monde qui l'entoure, la littérature doit d'abord parler de sa propre marginalité. La grande littérature serait insoluble dans la démocratie ?
Voilà pourquoi Marianne a fait ce qu'aucun critique littéraire n'ose vraiment faire : lire sans a priori les futurs best-sellers de l'été. A mille lieues de susciter le mépris et de nous faire rencontrer un storytelling attendu, de nous enfermer automatiquement dans des schémas de comportement, c'est plutôt la richesse et la variété de ces livres à succès qui frappent lorsque l'on ne leur impose pas des critères de valeurs hérités du XIXe siècle : ils empruntent des modèles efficaces et sexués comme ceux du roman sentimental, du policier ou de la science-fiction, pour nous aider à comprendre des situations morales ou des problèmes contemporains, et ils s'efforcent à réenchanter par l'ironie ou la tendresse la vie quotidienne. Au risque d'un certain appauvrissement du monde qui ne nous renvoie parfois que des signes de connivence, ils injectent par la fiction des questions, des surprises, du jeu (à tous les sens du terme) dans l'ordinaire des représentations.
Les valeurs et la signification de l'existence n'y sont peut-être pas toujours interrogées avec la patience des « grands romans » et le style n'y a peut-être pas la finesse de la tradition de la grande prose française aristocratique, mais cette littérature prend le risque de penser l'ordinaire. Elle adopte des points de vue suffisamment décalés sur le monde commun pour nous aider à nous approprier nos propres expériences empiriques en nous sortant de nous-mêmes et en nous proposant alors d'opérer des changements dans nos vies. Lorsque l'on ne prend pas comme critère a priori de la littérature l'idée de son inutilité et de son inaccessibilité, et que l'on n'écrase pas toute fiction contemporaine par des comparaisons avec les romans de Stendhal ou de Céline, voilà bien ce que l'on attend de la littérature d'imagination, n'est-ce pas ? Alors, pourquoi tant de mépris ?
DIDIER VAN CAUWELAERT
Jules
Un peu trop écrit au premier degré, mais loin d'être illisible. La version foutraque d'un vieux thème français, celui de la Symphonie pastorale d'André Gide. L'histoire d'une aveugle qui recouvre la vue, saisie par un autre ironiste, observateur plutôt cruel de structures sociales qu'un marginal libidineux et un épagneul mélancolique vont faire évoluer. Dans un pays où on s'interroge beaucoup sur la place de l'animal, un roman attendrissant et à la lecture utile.
MARC LEVY
Elle et lui
Elle : une actrice célèbre qui fuit Londres après l'infidélité de son mari. Lui : un écrivain américain. Des personnages stéréotypiques, un récit bien ficelé, avec la fluidité d'une série américaine. Deux adultes paumés entre plusieurs histoires d'amour, un roman bricolé à coup de SMS sur les reconstructions amoureuses, joyeux et contenant même des petits bonheurs d'écriture (« Il remonta la rue du 29-Juillet, la nuit était claire, son humeur joyeuse et sa voiture à la fourrière »). On s'était un peu mépris sur Marc Levy, qui ne mérite pas ici sa vilaine réputation.
ANNA GAVALDA
Des vies en mieux
Une version trash, constamment ironique et bien vue, de la comédie sentimentale à la mode. Une peinture des conventions au fusil-mitrailleur. Une chronique rapide, faussement mièvre et superficielle, et même plutôt incisive : si ce n'est révolutionnaire, du moins est-ce socialement et sexuellement incorrect. A lire si vous avez aimé le dernier Despentes. (A lire aussi si vous l'avez détesté).
Vous les verrez passer dans toutes les mains cet été, dans tous les trains et sur toutes les plages. Ils offriront des milliers d'heures d'évasion, et pas mal de schémas de pensée à des millions de Français. Ils assureront cette année encore la survie de l'édition, et contribueront à la visibilité de la culture française à l'étranger. Et pourtant, vous n'en entendrez pas beaucoup parler dans la presse littéraire... Telle est la destinée paradoxale des best-sellers : cachés dans les librairies de Saint-Germain-des-Prés, mais têtes de gondole dans les rayons des hypermarchés et des bureaux de tabac ; oubliés sur les bancs publics, mais objets de publicité dans les transports en commun ; vénérés par les lecteurs qui feront la queue dans les salons du livre de province pour rencontrer leurs auteurs, mais rarement lus sans quelque dédain, et comme une distraction coupable.
Objets de jalousie de toute part, ces livres à grand tirage sont une dimension essentielle, quoique minimisée, de l'économie française de la culture : on a estimé le chiffre d'affaires global de Marc Levy à 80,6 millions d'euros en 2008, soit à lui seul environ deux fois le budget annuel du Centre national du livre. L'auteur d'Et si c'était vrai... n'arrive qu'en troisième place des 10 auteurs les plus vendus en France : ceux-ci pesaient, en 2014, 26 % des ventes de romans à eux seuls...
Si, aux Etats-Unis par exemple, les auteurs grand public font l'objet d'admiration, aucun de ces 10 auteurs n'a jamais obtenu la moindre reconnaissance dans le milieu germanopratin : pensons, par exemple, que le romancier français Guillaume Musso, qui arrive en tête de ce palmarès, et dont les ventes totales de romans dépassent les 18 millions d'exemplaires, n'a jamais été invité une seule fois sur France Culture et n'a jamais fait l'objet d'une seule vraie critique dans les suppléments littéraires des grands quotidiens nationaux... Bien sûr, vous verrez parfois Musso sur le plateau de Michel Drucker, un journal gratuit du métro glosera sur les 400 000 ventes de son dernier roman ; mais il n'a jamais été le sujet, en plein boom de la littérature contemporaine à l'université, de la moindre étude académique - et ne parlons même pas d'une thèse !
Phénomène planétaire
Quant aux grands prix littéraires, ils sont interdits à tous ceux dont les revenus financent pourtant, indirectement, la publication d'auteurs nettement plus confidentiels : ni Françoise Bourdin, ni Katherine Pancol, ni Bernard Weber ne recevront jamais la consécration d'un Goncourt ou d'un Femina. Ce raisonnement est applicable à presque tous les auteurs de livres à succès français : ainsi Marc Levy, que l'on considère comme le romancier français le plus lu au monde, adapté par Dreamworks et traduit en 48 langues, a été constamment massacré par la critique (à l'exception d'un timide soutien par l'ancienne directrice du Monde des livres, Josyane Savigneau), au point de faire l'objet d'une cruelle parodie dans Et si c'était niais, de Pascal Fioretto. Dans leur Antimanuel de littérature, Pierre Jourde et Eric Naulleau font ainsi le portrait futur et au vitriol de celui qu'un récent sondage déclarait pourtant, avec Victor Hugo, l'écrivain préféré des Français :
« En 2038, il a vendu au total 895 millions d'ouvrages, traduits en 275 langues, dont trois langues non terrestres. Cela fait de Marc Levy le plus grand écrivain de la littérature française, des origines à nos jours. Ce phénomène planétaire, et même interplanétaire, prouve en effet l'excellence des romans de Marc Levy. Il n'est pas imaginable que tant de millions de gens puissent avoir un goût déplorable. L'histoire le prouve. »
Situation paradoxale
Là semble être bien tout le problème... « Pour moi, populaire n'est pas un gros mot », affirma un jour Marc Levy dans un entretien à l'AFP, alors qu'une loi d'airain s'exerce en vérité en France, selon laquelle la rareté des lecteurs (les happy few dont parlait Stendhal) est un signe de distinction. Corollaire mensonger : la littérature populaire n'est populaire que parce qu'elle est médiocre. Sainte-Beuve s'inquiétait déjà en 1839 de ce qu'il appelait « la littérature industrielle » et du « poudreux boulevard de la littérature du jour » : la célèbre opposition faite par le sociologue Pierre Bourdieu entre une « production littéraire restreinte » d'avant-garde (celle de « l'art pour l'art »), et une « grande production » dénuée de « capital symbolique », clivage qui avait laissé pour victimes au XIXe siècle Alexandre Dumas ou Eugène Sue, jugés trop faciles, continue donc à s'exercer.
Dans le pays qui a inventé la culture pour tous et la culture pour chacun et dont les dépenses d'action culturelle culminent en tête de tous les pays de l'OCDE, le champ littéraire est clairement clivé en deux camps : les auteurs bénéficiant d'une reconnaissance populaire, mais unanimement honnis par les trois critiques (celles des « grands écrivains », des médias et de l'université) et les écrivains étudiés et admirés par les élites, consacrés par les prix littéraires, les académies, mais dont les ventes ne décollent pas. D'où cette situation assez paradoxale et pourtant tellement française : alors que Muriel Barbery, Anna Gavalda ou encore Tatiana de Rosnay vendent par centaines de milliers d'exemplaires les traductions anglaises de leurs romans, l'on se plaint constamment dans l'Hexagone de la mort de la littérature contemporaine française, supposée ne plus proposer ces « grands récits » que l'on va précisément chercher dans la littérature nord- ou sud-américaine...
Ces page-turners ont de surcroît un défaut impardonnable pour ces valeurs élitistes : loin de jeter un regard critique sur le monde, de chercher à tout prix à faire du nouveau par la forme et le style, de manifester la marginalité de l'écrivain et sa détestation du monde, de rechercher la complexité du récit et les références érudites, ces livres se veulent lisibles, accessibles, préfèrent nous tenir en haleine plutôt que nous impressionner en écrivant « sur rien », selon l'expression restée célèbre de Flaubert.
Penser l'ordinaire
Défendant les valeurs du romanesque (des créatures et un univers au-dessus du commun, l'importance de l'émotion, le caractère central de l'amour dans la vie...) et n'hésitant pas à utiliser des ficelles habituelles (la recherche d'une vérité sans cesse repoussée, l'initiation d'un personnage malgré des retournements de situation, etc.), ces récits ont pour vice de nous montrer un univers commun et non des spéculations abstraites et de renvoyer une image parfois enjouée de la vie, péchés mortels pour une littérature française qui ne s'est pas défaite de la gravité romantique et de l'idée que, loin de parler du monde qui l'entoure, la littérature doit d'abord parler de sa propre marginalité. La grande littérature serait insoluble dans la démocratie ?
Voilà pourquoi Marianne a fait ce qu'aucun critique littéraire n'ose vraiment faire : lire sans a priori les futurs best-sellers de l'été. A mille lieues de susciter le mépris et de nous faire rencontrer un storytelling attendu, de nous enfermer automatiquement dans des schémas de comportement, c'est plutôt la richesse et la variété de ces livres à succès qui frappent lorsque l'on ne leur impose pas des critères de valeurs hérités du XIXe siècle : ils empruntent des modèles efficaces et sexués comme ceux du roman sentimental, du policier ou de la science-fiction, pour nous aider à comprendre des situations morales ou des problèmes contemporains, et ils s'efforcent à réenchanter par l'ironie ou la tendresse la vie quotidienne. Au risque d'un certain appauvrissement du monde qui ne nous renvoie parfois que des signes de connivence, ils injectent par la fiction des questions, des surprises, du jeu (à tous les sens du terme) dans l'ordinaire des représentations.
Les valeurs et la signification de l'existence n'y sont peut-être pas toujours interrogées avec la patience des « grands romans » et le style n'y a peut-être pas la finesse de la tradition de la grande prose française aristocratique, mais cette littérature prend le risque de penser l'ordinaire. Elle adopte des points de vue suffisamment décalés sur le monde commun pour nous aider à nous approprier nos propres expériences empiriques en nous sortant de nous-mêmes et en nous proposant alors d'opérer des changements dans nos vies. Lorsque l'on ne prend pas comme critère a priori de la littérature l'idée de son inutilité et de son inaccessibilité, et que l'on n'écrase pas toute fiction contemporaine par des comparaisons avec les romans de Stendhal ou de Céline, voilà bien ce que l'on attend de la littérature d'imagination, n'est-ce pas ? Alors, pourquoi tant de mépris ?
DIDIER VAN CAUWELAERT
Jules
Un peu trop écrit au premier degré, mais loin d'être illisible. La version foutraque d'un vieux thème français, celui de la Symphonie pastorale d'André Gide. L'histoire d'une aveugle qui recouvre la vue, saisie par un autre ironiste, observateur plutôt cruel de structures sociales qu'un marginal libidineux et un épagneul mélancolique vont faire évoluer. Dans un pays où on s'interroge beaucoup sur la place de l'animal, un roman attendrissant et à la lecture utile.
MARC LEVY
Elle et lui
Elle : une actrice célèbre qui fuit Londres après l'infidélité de son mari. Lui : un écrivain américain. Des personnages stéréotypiques, un récit bien ficelé, avec la fluidité d'une série américaine. Deux adultes paumés entre plusieurs histoires d'amour, un roman bricolé à coup de SMS sur les reconstructions amoureuses, joyeux et contenant même des petits bonheurs d'écriture (« Il remonta la rue du 29-Juillet, la nuit était claire, son humeur joyeuse et sa voiture à la fourrière »). On s'était un peu mépris sur Marc Levy, qui ne mérite pas ici sa vilaine réputation.
ANNA GAVALDA
Des vies en mieux
Une version trash, constamment ironique et bien vue, de la comédie sentimentale à la mode. Une peinture des conventions au fusil-mitrailleur. Une chronique rapide, faussement mièvre et superficielle, et même plutôt incisive : si ce n'est révolutionnaire, du moins est-ce socialement et sexuellement incorrect. A lire si vous avez aimé le dernier Despentes. (A lire aussi si vous l'avez détesté).
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