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En Algérie, comment les pouvoirs des langues sont-ils partagés ?

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  • En Algérie, comment les pouvoirs des langues sont-ils partagés ?

    Comment peut-t-on décrire la place sociale occupée par chacune des trois langues d’usage quotidien : l’arabe, le tamazight et le français ? Comment les pouvoirs des langues sont répartis en Algérie : politique, divin, social et symbolique ? Chaque place réservée à une langue ou à une autre est le miroitement d’un pouvoir réel et imaginaire.

    La langue arabe : cette langue, dans l’imaginaire algérien, représente l’unique chemin pour accéder au pouvoir divin. Elle est réduite à une mission bien définie : elle est faite pour prier et pour prêcher ! Même si cette langue est la langue de l’école dite républicaine depuis l’arabisation coranisée des années soixante-dix, elle demeure le jardin secret de la religion islamique. Depuis le mouvement des Ulémas algériens dans les années trente et quarante, la langue arabe est liée à la religion. Elle est porteuse du réformisme musulman. Parce qu’elle est la langue du Paradis, du Coran, elle est pour l’Algérien le chemin droit qui mène à Allah. Même si cette langue fut la langue de la belle poésie antéislamique, les Mouallaqat de la période d’El Jahiliya, bien qu’elle soit la langue des grands écrivains chrétiens arabes à l’image de Gibran Khalil Gibran, Mikhael Naimeh, Amin Rihani, May Ziyadeh, Elia Abu Madi, Georgi Zidane…. cette langue se trouve kidnappée par les bandes d’islamisme. Même s’il existe des écrivains arabophones modernes, laïcs ou libéraux, des romanciers et des poètes, l’image de l’intellectuel arabophone, dans l’imaginaire algérien, n’est que celle d’un cheikh coranique. Et parce qu’il n’y a pas de mouvement intellectuel fort qui tente de libérer la langue arabe de son image religieuse, la langue s’enfonce, de plus en plus, dans la mémoire religieuse. Elle s’éloigne, de plus en plus, du temporel pour s’enfermer dans le divin. Elle se contente d’être la langue pour prier et pour prêcher. Le dialecte prend la place sociale.
    La langue amazighe : elle est, dans l’imaginaire algérien, la langue rebelle. La langue des rebelles : le poète et le politique. Elle est vue ainsi : une langue pour militer et pour chanter ce militantisme. Depuis les évènements de 1948, l’usage de cette langue est vu comme une menace envers l’idéologie de «l’hégémonie». C’est une langue qui perturbe la culture de «la soumission». Marginalisée, exclue, interdite, cette langue s’est vite débarrassée de son image folklorique au profit d’une autre, politique et revendicative. Elle profite de la chanson, de la culture de la fête, la culture du bonheur pour exprimer le sens de «la contestation». Elle se dévêtit de ses draps folkloriques pour les remplacer par d’autres historiques, politiques et sociaux. En somme la langue amazighe, dans l’imaginaire algérien, est une langue pour militer et pour chanter. Chanter juste ! Chanter le juste.
    La langue française : cette langue demeure toujours le complexe algérien par excellence. Complexe politique. Complexe culturel. Complexe psychologique. Tout le monde l’aime. Tout le monde cherche à la maîtriser. Tout le monde la déteste parce qu’elle est la langue du colonisateur. Tout le monde la dénonce parce qu’elle a pris la place d’une langue qui s’est retournée vers le Ciel, vers Allah. Tout le monde la critique, en disant qu’elle est la langue d’une minorité dans le monde en comparaison avec l’anglais. Mais tout le monde cherche à envoyer ses enfants au lycée Alexandre-Dumas de Ben Aknoun... Tout le monde se dépêche pour avoir une carte d’adhésion aux instituts français. Dans ces espaces on apprend le français et on lit des bouquins en français. Pourquoi est-ce que l’Algérien, de toutes couches sociales, de toutes sensibilités politiques, court-il derrière cette langue ? Tout simplement parce que l’Algérien est convaincu que cette langue est faite pour réfléchir et pour gouverner. On gouverne en français. On réfléchit l’avenir du pays en français. On rédige les textes fondamentaux de l’Etat algérien indépendant en français.
    Les trois langues qui cohabitent en Algérie d’aujourd’hui, avec complicité intellectuelle et politique, se partagent les pouvoirs dans ce pays d’un demi-siècle d’indépendance, un peu plus : l’arabe pour Allah, le tamazight pour la résistance et le français pour la gouvernance.

    A. Z.
    Pas à la tique ..

  • #2
    " le tamazight pour la résistance". C'est en Kabylie ou la langue de Molière est la plus usitée!

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    • #3
      Le francais n'est pas maitrisé en dehors de la Kabylie et les grandes villes à cause du niveau scolaire trés bas.
      Bref, ne pas admettre qu'en Algérie "On gouverne en français" c'est ne pas connaitre son pays du tout...
      Pas à la tique ..

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      • #4
        -Paradoxal à plus d’un titre, ce foyer de francisation qu’est la Grande Kabylie. Alors qu’à Alger les « Arabes » qui, en fait, sont souvent des Kabyles, apprennent sur le tas des bribes de français, c’est dans les écoles des montagnes de Kabylie que des petits garçons (les filles viendront plus tard) apprennent à lire, à écrire, à réfléchir en français, avec l’instituteur qui leur fait décrire leur village et les outils des artisans. Paradoxal aussi et non moins logique que, au-delà de la mer, les premiers Algériens qui fassent la découverte de la France et des Français de France soient
        ces montagnards, les Kabyles. Jusqu’en 1955, l’essentiel des migrants algériens en France seront des Kabyles.-

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        • #5
          Tout le monde sait que la Kabylie maitrise le francais car le niveau scolaire labas est plus élevé qu'ailleurs.. même en langue arabe qui n'est pas leur langue, ils la maitrisent mieux que les Arabes eux mêmes.. tu n'as qu'à suivre les résultats des BEM/ BAC au niveau national pour le niveau de réussite.. Rien de paradoxal, à part le fait d'être Kabyle et gacher son temps à casser du Kabyle.. car aucun Arabe ne t'applaudira..
          Pas à la tique ..

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          • #6
            bel-court: " Rien de paradoxal, à part le fait d'être Kabyle et gacher son temps à casser du Kabyle.. car aucun Arabe ne t'applaudira.."

            Qui casse du Kabyle? N'est pas vous qui incriminez " l"Arabe" en plagiat de Camus?

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            • #7
              L'auteur doit être un Kabyle francophone.

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              • #8
                Le francais n'est pas maitrisé en dehors de la Kabylie et les grandes villes
                Le commun des mortels en Algérie, De moins en moins...ca ne maitrise plus aucune langue nulle part.
                Les intellectuels des villes ou de la ruralité, de Kabylie ou pas, maitrisent l'arabe.

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