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Au fait,comment la Grèce a truqué ses comptes ?

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  • Au fait,comment la Grèce a truqué ses comptes ?

    La Grèce est entrée dans la zone euro le 1er janvier 2001 et s'est alors mise à maquiller ses comptes publics dans le but de se conformer aux critères de Maastricht. Ces derniers obligeaient notamment un pays désireux d'adopter l'euro à respecter comme ratio de solvabilité budgétaire 60 % de dette publique en pourcentage du PIB.

    Or avant son entrée dans la zone euro, la dette de la Grèce était déjà très élevée (légèrement au-dessus de 100 % du PIB) : cela n'aurait normalement pas dû lui permettre d'y entrer. Mais dans l'euphorie générale de la création d'une monnaie commune en Europe, les critères furent bafoués pour de nombreux pays et la Grèce fut acceptée, à condition toutefois de réduire sa dette publique dans les années qui suivaient son admission dans l'Union Monétaire. C'est à partir de ce moment que le pays commença à manipuler ses comptes avec l'aide de la banque américaine Goldman Sachs. Comment ?



    Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la Grèce n'a pas truqué ses comptes au sens où elle aurait commis volontairement des erreurs comptables, mais elle a en fait emprunté sans que cela se voit sur son bilan (elle a réalisé des opérations qualifiées de "hors bilan"), et ce en toute légalité. Comme le but est d'avoir dette/PIB < 60 % et que le PIB croît chaque année, l'objectif de la manipulation de Goldman Sachs va être de chercher à diminuer/stabiliser la dette afin de s'approcher des 60 %.

    Avant 2001, la Grèce possédait des dettes essentiellement libellées en dollars et en yens (dans un soucis de simplicité je ne vais considérer que la dette libellée en dollars). Afin de se prémunir contre un risque de change (si le dollar s'apprécie, il devient plus difficile pour elle de rembourser les intérêts de ses dettes en dollars), elle a mis en place avec Goldman Sachs ce qu'on appelle un swap de devises, opération financière assez courante à l'époque pour les Etats. Cette technique financière permet d'échanger entre 2 parties (ici la Grèce et Goldman Sachs) du capital et/ou des intérêts dans 2 monnaies différentes et pour une certaine durée. Ce capital/intérêt échangé est généralement converti dans l'autre monnaie d'échange à partir du taux de change en vigueur (prix spot). C'est ici que le montage financier de Goldman Sachs débuta. Lors de la mise en place du swap à l'été 2002, on avait (pour simplifier) 1 € = 1 $. Mais la banque décida d'utiliser un taux de change historique où l'euro était plus faible, à savoir 1 € = 0,9 $ (été 2001). Cela permit à la Grèce d'obtenir plus d'euros avec les dollars qu'elle possédait que le montant qu'elle aurait dû recevoir s'il elle avait utilisé le taux de change en cours, d'où le prêt masqué. Concrètement, si la Grèce possédait 10 milliards de dollars, elle aurait dû les échanger à l'été 2002 contre 10 milliards d'euros sur le marché des devises (le Forex), mais avec le montage de Goldman Sachs, elle en obtint 11 milliards : le prêt dissimulé fut ici de 1 milliard d'euros.





    Comment dans ce montage Goldman Sachs y trouva son compte ? De 2 manières :

    1.par les commissions qu'elle toucha pour avoir mis en œuvre ce montage (estimées à 600 millions de dollars) gagées sur les recettes futures de l'Etat (recettes liées au Loto, aux taxes d'aéroports...).

    2.par la spéculation sur la dette grecque. Comme Goldman Sachs savait que la situation des finances publiques grecques était catastrophique, elle acheta des CDS (Credit Default Swap) sur la dette grecque. Des CDS sont en quelque sorte des assurances qui permettent à leur acheteur (Goldman Sachs) de se prémunir contre le risque de défaut d'un tiers (la Grèce). Plus le risque de défaut du tiers est grand, plus le prix de l'assurance est élevé. Goldman Sachs acheta donc des CDS sur la dette grecque quand leur prix était très bas (juste avant le début la crise financière de 2008) et les revendit après, d'où des gains en capital très importants.

    écomatin

  • #2
    Superbe, voilà en langage mercantile ce que j’appellerais rendre les riches plus riches (ici Goldman sachs) et rendre les pauvres plus pauvres ( la Grèce s'enlisant dans le gouffre infini de ces dettes des dettes)
    Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée : C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.

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    • #3
      Salut haddou

      La banque Goldman Sachs a en fait aidé les Grecs à maquiller leurs comptes pour pouvoir entrer dans l’euro.
      Par la suite sachant pertinemment que la Grèce ne pourrait pas survivre avec une monnaie trop forte elle a spéculé sur son effondrement.

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      • #4
        Goldman Sachs s'est comporté comme un prédateur qui s'amuse avec sa proie avant de la manger
        .
        .
        ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
        Napoléon III

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        • #5
          C'est pas sanctionnable ça ?
          Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée : C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.

          Commentaire


          • #6
            Le gouvernement grec pourrait poursuivre Goldman Sachs

            persephone bonjour,

            C'est pas sanctionnable ça ?
            Le gouvernement grec pourrait poursuivre Goldman Sachs
            Athènes étudierait la possibilité de poursuivre la banque pour avoir aidé la Grèce à maquiller ses comptes afin de cacher sa dette à ses partenaires européens.

            Le gouvernement grec d'Alexis Tsipras pourrait poursuivre la banque américaine Goldman Sachs dans l'affaire du maquillage des comptes grecs en 2001-2002 destiné à aider Athènes à rester dans l'euro. À lire la une du quotidien britannique The Independent de samedi citant des sources de bonne foi, les autorités grecques examinent la possibilité de saisir les tribunaux pour tenter de récupérer la commission colossale de plus de 600 millions de dollars (538 millions d'euros) gagnée par la filiale européenne de l'établissement new-yorkais sur cette transaction qui a aidé la Grèce à camoufler sa dette à ses partenaires européens. Ironie du sort, l'équipe Syriza serait conseillée dans ce dossier par… un ancien banquier de Goldman Sachs – dont le nom n'a pas été divulgué –, expert des dettes souveraines.
            En traînant Goldman Sachs devant les tribunaux, Athènes suivrait l'exemple du fonds souverain libyen qui lui réclame 800 millions de dollars détournés sous le régime Kadhafi devant la Haute Cour de Londres.
            En 2001-2002, dans la foulée de l'entrée de la Grèce dans l'euro, le gouvernement socialiste grec de Costas Simitis choisit Goldman Sachs pour l'aider à réduire le service de sa dette. Pourquoi refuser pareil mandat hautement rémunérateur, parfaitement légal, même s'il s'agit dans les faits d'enjoliver les comptes publics afin de dissimuler l'ampleur de ces déficits ? Une associée anglo-grecque du bureau de Londres, Antigone Loudiadis, experte des produits financiers complexes, met au point un mécanisme appelé « credit derivative swaps » ou « CDS souverains » dans le jargon. Grâce à cette transaction, Loudiadis aurait reçu un bonus de 12 millions de dollars. Goldman Sachs affirme avoir prévenu Eurostat, l'organisme européen chargé de surveiller la comptabilité des États, du montage financier grec. À l'époque patron d'Eurostat, le baron Michel Vanden Abeele a toujours nié avoir été informé par la banque.
            « Les normes de transparence auraient dû être meilleures »

            En 2005, la National Bank of Greece (NBG) devient le partenaire de la Grèce sur les marchés financiers. Goldman Sachs se contente du rôle de banque-conseil. La NBG, avec l'aide de Goldman Sachs, crée une société basée dans la City, baptisée Titlos. La coentreprise est installée dans les bureaux de Wilmington Trust et Services, compagnie spécialiste de la finance offshore, en particulier dans l'enregistrement de sociétés dans le paradis fiscal américain du Delaware. En transformant les CDS souverains de 2001 en une obligation à vingt ans, Titlos parvient à transférer, ni vu ni connu, la dette grecque du bilan du pays à celui de la NBG. Les Européens ont préféré regarder ailleurs. Et les Grecs, eux, ont pu continuer à vivre à crédit.
            Goldman Sachs n'a jamais oublié cette opération rémunératrice. La preuve, à l'automne 2009, Gary Cohn, le numéro deux de la banque, accompagne une délégation d'investisseurs à Athènes pour rencontrer officiels et analystes. John Paulson, le patron du fonds spéculatif américain éponyme, est présent. Grand vainqueur de la crise en pariant contre les banques, Paulson est un gros client de Goldman Sachs qui effectue l'essentiel des transactions de son hedge fund. Cohn propose au nouveau Premier ministre grec, Georges Papandréou, de lui vendre un instrument financier permettant de débudgétiser une partie de la dette du service de santé grec. Paulson serait prêt à s'associer à l'entreprise. Le chef du gouvernement socialiste refuse.
            Le 23 février 2010, la commission des Finances de la Chambre des communes interroge Gerald Corrigan, l'un des principaux dirigeants de Goldman Sachs. Il reconnaît l'aide que la firme a apportée au truquage des comptes grecs, « avec le recul, c'est clair que les normes de transparence auraient dû être meilleures ». Mais à l'écouter, la banque d'affaires américaine est un bouc émissaire. En effet, d'autres institutions financières – à commencer par JP Morgan – ont permis à des pays de la zone euro, à l'instar de l'Italie ou de la Belgique, de « maquiller » leur dette sans provoquer une telle curée.
            Je suis père et fais de mon mieux au regard de cette citation :
            L'exemple, c'est tout ce qu'un père peut faire pour ses enfants. Thomas Mann

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