“Le moment est venu de dire la vérité au peuple.” Ainsi formulée, la déclaration d’Ouyahia suggère qu’il y aurait un moment pour dire la vérité et un moment pour la taire. Mais pourquoi le moment de dire, c’est maintenant ?
Pour tenter de comprendre la démarche du secrétaire général du RND, revenons à sa dernière confession connue. En mars 2006, Ouyahia, alors chef du gouvernement, fit cette révélation : “Vous allez nous accuser encore une fois d’avoir menti, mais à Ramka (… et Had Chkala, wilaya de Relizane), mille personnes ont été massacrées au court d’une seule nuit (4 au 5 janvier 1998).” Jusque-là, les bilans officieux et officiels faisaient état de quelque cent à cent-cinquante morts.
Si Ouyahia en est venu à brandir une vérité survenue alors qu’il était chef du gouvernement et caché durant huit années, c’était pour le besoin de la campagne pour le projet de “réconciliation nationale” : le propos était de briser les réticences devant l’idée de décréter l’impunité des terroristes en montrant de quoi ceux-ci sont capables si l’on n’arrive pas à pactiser avec eux.
La vérité est donc bonne à dire lorsqu’elle sert l’agenda à court terme du régime. Si “le moment est venu de dire la vérité” sur la crise financière, c’est que cette transparence fait partie de sa solution à la faillite annoncée. Après quinze ans d’insouciance dépensière et dilapidatrice, soutenue par une approbation caudataire de tout le personnel politique, les nouvelles du front économique sont alarmantes. Dommage ! On s’était habitués à cette indolence nationale. L’on a même fini par croire que nous étions définitivement dispensés de travailler. Encore un mandat, un deuxième ! Un troisième. Et un quatrième, même en dépit du simple bon sens !
Puis voilà… Il suffit que l’Arabie saoudite décide d’ouvrir les vannes plus grand... Mais comment faire d’un régime qui nous tenait par sa prodigalité un régime qui gère ? On ne veut pas d’un régime qui gère, mais un régime qui décaisse. Nous sommes trop habitués à attendre des augmentations pour des emplois quasi fictifs pour certains, des logements “sociaux”, des lots de terrain, des marchés publics minutieusement répartis entre les membres d’une caste oligarchique entretenue (et qui, à son tour, entretient le sérail) ! “Vive l’oligarchie qui paie ses impôts !” Et qui vient de demander, par la voix de son président de Forum, au gouvernement, de ne pas se précipiter… pour l’obligation de paiement par chèque.
Qui pourra dire au peuple dont on a cultivé la conviction que le revenu ne doit pas être nécessairement justifié ? Qui pourra annoncer la fin des subventions qui profitent d’abord aux plus riches mais qui seront défendues par les plus pauvres ? Qui pourra dire toutes ces vérités ? Un gouvernement qui, après bientôt une année de crise, n’ose même pas passer à l’application des deux petites mesures (licences d’importation et carte de rationnement du carburant) qu’il a prises ?
Ouyahia est peut-être candidat pour affronter les difficultés annoncées de cette fin de rente. Mais il n’est pas dit que le pays se sortira sans dégâts de cette espèce de pacte, aujourd’hui intenable, de “pétrole contre paix civile”. En général, quand une contrepartie du marché s’évapore, l’autre suit.
M. H.
LIBERTE
Pour tenter de comprendre la démarche du secrétaire général du RND, revenons à sa dernière confession connue. En mars 2006, Ouyahia, alors chef du gouvernement, fit cette révélation : “Vous allez nous accuser encore une fois d’avoir menti, mais à Ramka (… et Had Chkala, wilaya de Relizane), mille personnes ont été massacrées au court d’une seule nuit (4 au 5 janvier 1998).” Jusque-là, les bilans officieux et officiels faisaient état de quelque cent à cent-cinquante morts.
Si Ouyahia en est venu à brandir une vérité survenue alors qu’il était chef du gouvernement et caché durant huit années, c’était pour le besoin de la campagne pour le projet de “réconciliation nationale” : le propos était de briser les réticences devant l’idée de décréter l’impunité des terroristes en montrant de quoi ceux-ci sont capables si l’on n’arrive pas à pactiser avec eux.
La vérité est donc bonne à dire lorsqu’elle sert l’agenda à court terme du régime. Si “le moment est venu de dire la vérité” sur la crise financière, c’est que cette transparence fait partie de sa solution à la faillite annoncée. Après quinze ans d’insouciance dépensière et dilapidatrice, soutenue par une approbation caudataire de tout le personnel politique, les nouvelles du front économique sont alarmantes. Dommage ! On s’était habitués à cette indolence nationale. L’on a même fini par croire que nous étions définitivement dispensés de travailler. Encore un mandat, un deuxième ! Un troisième. Et un quatrième, même en dépit du simple bon sens !
Puis voilà… Il suffit que l’Arabie saoudite décide d’ouvrir les vannes plus grand... Mais comment faire d’un régime qui nous tenait par sa prodigalité un régime qui gère ? On ne veut pas d’un régime qui gère, mais un régime qui décaisse. Nous sommes trop habitués à attendre des augmentations pour des emplois quasi fictifs pour certains, des logements “sociaux”, des lots de terrain, des marchés publics minutieusement répartis entre les membres d’une caste oligarchique entretenue (et qui, à son tour, entretient le sérail) ! “Vive l’oligarchie qui paie ses impôts !” Et qui vient de demander, par la voix de son président de Forum, au gouvernement, de ne pas se précipiter… pour l’obligation de paiement par chèque.
Qui pourra dire au peuple dont on a cultivé la conviction que le revenu ne doit pas être nécessairement justifié ? Qui pourra annoncer la fin des subventions qui profitent d’abord aux plus riches mais qui seront défendues par les plus pauvres ? Qui pourra dire toutes ces vérités ? Un gouvernement qui, après bientôt une année de crise, n’ose même pas passer à l’application des deux petites mesures (licences d’importation et carte de rationnement du carburant) qu’il a prises ?
Ouyahia est peut-être candidat pour affronter les difficultés annoncées de cette fin de rente. Mais il n’est pas dit que le pays se sortira sans dégâts de cette espèce de pacte, aujourd’hui intenable, de “pétrole contre paix civile”. En général, quand une contrepartie du marché s’évapore, l’autre suit.
M. H.
LIBERTE
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