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Les non-dits du débat sur la restructuration de la dette Grecque

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  • Les non-dits du débat sur la restructuration de la dette Grecque

    C’est un débat malheureusement un peu technique. Après la prise de parole du FMI, tout le monde semble s’accorder sur la nécessité d’une restructuration. Mais ce terme cache des réalités totalement différentes, aux conséquences également totalement différentes. Petit éclairage.

    Réduction pure et simple ou reprofilage ?

    Il n’échappe plus à grand monde qu’un pays qui n’arrive pas à rembourser plus de 300 milliards d’euros de dettes, soit près de 180% de son PIB, devrait théoriquement avoir du mal à rembourser les 80 de plus du nouveau plan européen… Même Le Monde a signalé le paradoxe. Le FMI a attendu quelques heures après l’annonce du plan pour rappeler que la situation de la Grèce n’était pas tenable et qu’il fallait restructurer la dette du pays, pour l’instant juste une vague promesse dans l’accord qu’a signé Tsipras. Mais il y a façon et façon de restructurer la dette d’un pays, comme le montrent les précédentes expériences d’Athènes depuis 2010, entre la décote sèche (qui peut refléter les attentes des marchés) ou la restructuration plus sophistiquée, à base d’allongement des échéances et baisse des taux.

    Il faut noter que depuis le début de la semaine, toutes les parties-prenantes semblent prendre fait et cause pour la seconde option. Logiquement, l’Allemagne semble peu favorable à la première option, qui reviendrait à reconnaître des pertes qu’Angela Merkel avait promises d’éviter. Et Christine Lagarde, la patronne du FMI, interviewée hier sur Europe 1, a également clairement indiqué qu’elle préférait cette option, sachant que les derniers plans ont déjà largement eu recours à cette ficelle, repoussant certains remboursement au delà de trente ans ! Enfin, il faut noter que même si les taux payés par la Grèce ont été abaissés, le MES semble faire un bénéfice puisqu’il emprunte à des taux plus bas que ceux auxquels il prête à la Grèce, des sommes dont certaines ont été ensuite rétrocédées à Athènes.

    Des conséquences très différentes

    Mais ces choix ne sont pas neutres politiquement. En effet, quand on réduit d’un seul coup la dette d’un pays, les créanciers cèdent tout d’un coup, dans une négociation où les contre-parties sont échangées en une seule fois, sans possibilité de revenir en arrière, ce qui peut laisser, en théorie, plus d’autonomie au pays une fois qu’il a obtenu sa décote. Le choix d’une restructuration sans décote, par rallongement de la maturité de la dette et baisse des taux d’intérêt a des conséquences plus complexes. Bien sûr, cela revient à un effort de la part des créanciers qui acceptent de donner leur caution à une somme plus importante, qu’ils ne retrouveront que plus tard, contre une rémunération moindre. Mais cela leur permet aussi de ne pas avoir à reconnaître des pertes délicates, comme dans le cas actuel.

    Et surtout, ce mode de fonctionnement permet de garder la Grèce sous tutelle longtemps puisque le pays va se retrouver avec un énorme fardeau à rembourser pendant des décennies. Comme certains le soulignent, on peut se demander si cela n’est pas une forme vaguement subtile de colonialisme, puisqu’Athènes promet un excédent budgétaire de plus de 3% du PIB les prochaines années pour payer ses créanciers. Une forme d’esclavage financier dans la durée, totalement en contradiction avec les promesses de Syriza de fin de la tutelle qui pesait sur le pays… En outre, en acceptant de signer un accord sans le moindre engagement de restructuration de la dette, Alexis Tsipras s’engage de nouveau d’un bien mauvais pied dans la négociation, au point, ironique, qu’il doit se reposer sur le FMI pour l’aider…

    Encore une fois, les choix faits pour la probable troisième restructuration de la dette Grecque seront lourds de sens, même s’il est probable que la plupart des médias ne saisiront pas tous les enjeux d’un tel projet. Et il y a fort à parier que les choix de la zone euro resteront dans le sens de l’austérité autoritaire, comme un écho au passé du pays, et plus particulièrement à sa tutelle de la fin du 19ème siècle.

    Marianne
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