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Algérie libérale : discours volontaristes, actes minimalistes

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  • Algérie libérale : discours volontaristes, actes minimalistes

    Sur le chemin de discours pavé de bonnes intentions vers l'économie de marché, la réalité des réformes qui traînent et d'une gouvernance déficitaire.

    Pourtant, avec la crise pétrolière, le temps est plus que jamais compté. En apparence, le ton a changé. Rassurant, au lendemain de la chute des prix du pétrole, l'été dernier, le pouvoir algérien reconnaît désormais les difficultés liées à la crise pétrolière. « L'Algérie est aujourd'hui confrontée à un effondrement des cours des hydrocarbures », a déclaré le président Abdelaziz Bouteflika, dans un message adressé aux Algériens à l'occasion de la Fête de l'indépendance du 5 juillet. Avec 95 à 98% des exportations 
dépendantes des hydrocarbures et un baril tombé de 120 dollars à quelque 60 dollars en un an, le pays subit de plein fouet l'effondrement des cours pétroliers. « Cela affecte les revenus extérieurs de l'État », a d'ailleurs souligné Abdelaziz Bouteflika dans son message. La balance commerciale enregistre ainsi un déficit record de plus de 6 milliards de dollars sur les cinq premiers mois de 2015 contre un excédent de 3,5 milliards de dollars durant la même période de 2014. Et le budget de l'État, dont 70% des dépenses de fonctionnement dépendent de la fiscalité pétrolière, s'en retrouve affecté. « L'impact des finances publiques se reflète dans le creusement du déficit budgétaire et l'érosion plus rapide des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) qui finance le déficit budgétaire », observait la Banque d'Algérie mi-juillet.

    L'heure est aux économies

    Une situation qui nécessite « une rationalisation accrue dans la gestion des finances publiques pour traverser cette perturbation économique mondiale », a affirmé le président dans son message. L'heure est donc aux économies, comme l'avait déjà annoncé, solennellement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le 25 mai lors de la présentation des nouvelles mesures de la loi de finances complémentaire (LFC) 2015. Pour cela, le gouvernement compte sur la mise en valeur du « potentiel de développement » […] « Grâce à la mobilisation des capacités nationales, publiques et privées, ainsi qu'au recours au partenariat étranger », a souligné Abdelaziz Bouteflika en comparant indirectement l'Algérie à la Chine qualifiée « de pays avec lesquels nous avons partagé certains référents idéologiques, et qui s'affirment aujourd'hui en puissances, adeptes de l'économie de marché ». Pour autant, pas question de toucher aux subventions. « Oui, le développement national progressera encore, année après année. Les programmes publics de développement en cours permettront de répondre aux besoins de nos compatriotes en logement, en santé, ou en formation », a réaffirmé le président de la République.

    Un sérieux décalage entre les intentions affichées et les actes sur le terrain
    Des mots aux actes, l'écart demeure béant. Voire s'élargit. « Dans les discours, l'Algérie donne l'image d'un pays qui s'ouvre, mais dans les faits, le pays se renferme », juge Raif Mokretar-Karroubi, spécialiste en finance internationale. « En dépit des déclarations prônant le partenariat extérieur, investir en Algérie demeure très compliqué. » Preuve en est le recul de l'Algérie dans le classement annuel « Doing Business » de la Banque mondiale sur le climat des affaires. Entre 2014 et 2015, le plus grand pays d'Afrique perd 7 places, passant de la 147e à la 154e place sur 189 pays classés. Et ce malgré l'instauration, en 2013, d'un « Comité pour l'amélioration du climat des affaires », relève Raif Mokretar-Karroubi. « C'est que la chute des prix du pétrole n'a fait que révéler une situation qui n'a jamais changé », souligne le spécialiste. « Le pétrole est un effet et non une cause, les vrais problèmes sont le manque de diversification et le mauvais environnement d'investissement ». Or, depuis la crise pétrolière de 1986 qui a entraîné l'ouverture économique des années 1989-1990, aucun changement profond n'a été entrepris, affirme Raif Mokretar-Karroubi. Les prix du pétrole sont remontés, le train des réformes s'est arrêté et l'Algérie n'a jamais achevé sa mutation vers l'économie de marché.

    Le rude choc de la réalité de l'économie de marché

    « Comment se fier à des discours qui ne relèvent plus de la réalité ? » renchérit le politologue Ahmed Rouaidjia. « Les mécanismes de l'économie algérienne échappent aux lois de l'économie », analyse ce professeur d'histoire et de sociologie politique à l'université de M'Sila. « L'économie de marché suppose de la rigueur. Or l'économie algérienne est prisonnière de l'informel et de la corruption. » Pour cet observateur de la vie politique algérienne, le message du président du 5 juillet 2015 est un « beau discours » qui réitère les mêmes promesses que les autres discours depuis 1999. « Tant que la situation politique et la nature du régime resteront identiques, l'Algérie ne pourra pas s'adapter à l'économie de marché », conclut Ahmed Rouaidjia. Et, l'urgence est là. Si le pays ne change pas de cap

    immédiatement, « dans quelques années, il se retrouvera, comme en 1994, sous programme d'ajustement structurel de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) », prédit Raif Mokretar-Karroubi. Le scénario du "Titanic", annoncé par le think tank Nabni (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées) dès 2012, se rapproche donc dangereusement. L'iceberg est dorénavant en vue

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