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Dassault Aviation livre les trois premiers Rafale à l'Egypte

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  • Dassault Aviation livre les trois premiers Rafale à l'Egypte

    La cérémonie officielle de réception par l''Égypte de ses trois premiers Rafale s'est tenue ce lundi au Centre d'essais en vol de Dassault Aviation, à Istres, avec la présence de l'ambassadeur d'Égypte en France, Ehab Badawy et du PDG de l'avionneur tricolore, Eric Trappier. Quatre pilotes égyptiens, formés et entrainés par l'armée de l'air française, convoieront jusqu'au Caire les Rafale mardi. Pour les derniers sceptiques sur la réalité du contrat Rafale en Egypte, cela va devenir très dur de ne pas y croire.

    "Ce contrat constitue un nouveau jalon de la coopération qui lie Dassault Aviation et l'Égypte depuis les années 70, soit plus de quarante ans d'un partenariat exemplaire placé sous le signe de l'engagement et de la confiance mutuelle. Après le Mirage 5, l'Alpha Jet et le Mirage 2000, le Rafale est le 4ème avion Dassault à voler sous les cocardes égyptiennes, et l'Égypte, tout comme elle l'avait été pour le Mirage 2000, est le premier client export du Rafale", a expliqué Eric Trappier dans un communiqué.
    Cinq mois seulement la signature du contrat au Caire, Dassault Aviation a remis les clés de trois Rafale biplaces prélevés sur les appareils de l'armée de l'air française pour être mis à disposition de l'armée de l'air égyptienne. Ce contrat, qui prévoit la livraison rapide de 24 avions (16 biplaces et 8 monoplaces), "correspond en réalité à onze avions prélevés en chaîne", avait souligné en mai dernier le délégué général pour l'armement (DGA), Laurent Collet-Billon lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Retour sur les coulisses de cette incroyable négociation menée en un temps record.

    Les premiers contacts entre Le Caire et Paris
    L'affaire commence vraiment à se nouer en septembre quand l'Egypte exprime un intérêt pour le Rafale lors de la visite au Caire du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le 16 septembre, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi reçoit le ministre français et évoque pour la première fois l'acquisition du Rafale et de frégates multimissions. Une demande égyptienne qui n'est pas nouvelle. Déjà au début de l'été 2011 avant les élections législatives prévues en fin d'année, les militaires égyptiens avaient déjà adressé à Paris une "expression d'intérêt" pour 12 à 20 Rafale. Paris avait alors été très embarrassé et Dassault Aviation pas intéressé. Pour autant, Paris avait discuté mollement avec Le Caire pour comprendre le besoin des militaires égyptiens. Des pilotes essaieront même le Rafale. Mais cela n'ira pas plus loin.

    Mais cette fois-ci, Paris prend l'affaire au sérieux. A son retour à Paris, Jean-Yves Le Drian mandate une équipe de négociations composée de membres de son cabinet et de trois industriels : l'avionneur Dassault Aviation, le groupe naval DCNS et le missilier MBDA. De son côté, le président égyptien choisit un de ses proches, le général Mohamed Al-Assar pour conduire la négociation. Et la modernisation des 20 Mirage 2000 EM/BM égyptiens un temps évoquée est remisée dans les cartons. Qui aurait pu prévoir une telle proximité entre Paris et Le Caire, ne serait-ce au début de l'année 2014... Bref, la négociation est entamée pour de bon même si, à ce stade, tout le monde reste très prudent.

    Le Caire confirme son intérêt en novembre 2014
    Mi-novembre, le dossier n'est évidemment pas encore mûr. Ce qui conduit alors une source proche du dossier à penser que c'est un dossier "de moyen terme". Pourquoi pas à la fin de l'année 2015, voire 2016 même si la visite du président Sissi en France pour la fin novembre filtre dans la presse. D'autant que le financement de l'opération est déjà perçu comme un des éléments clés de la négociation pour un pays comme l'Egypte. Début novembre, en France on estime que Le Caire pourrait demander à la France lors de la visite d'Abdel Fattah al-Sissi un financement, via la Coface, pour pouvoir s'offrir les 24 Rafale. Ce qui pourrait compliquer un peu plus ce dossier, qui sera difficile à concrétiser. Mais pas impossible comme on le verra en février 2015.

    L'opération prend vraiment tournure lors de la visite d'Abdel Fattah al-Sissi à Paris fin novembre (26 et 27 novembre). Le président égyptien confirme à François Hollande son intérêt pour 24 Rafale et également deux frégates FREMM. Le Caire veut effectivement acquérir des frégates multimissions très rapidement. Livrer rapidement une FREMM, cela tombe plutôt bien. La France est prête à lui fournir la Normandie, la deuxième FREMM de lutte anti-sous-marine destinée à la Marine nationale. D'un montant d'environ 1,8 milliard d'euros hors armement, ces deux frégates seraient en quelque sorte les navires amiraux de la flotte égyptienne. DCNS a d'ailleurs déjà conclu en un temps record (six mois) un contrat portant sur la vente de quatre corvettes de type Gowind. Le président égyptien le confirme aussi à Jean-Yves Le Drian le 26 novembre lors d'un dîner en tête-à-tête à l'hôtel de Brienne.

    Et comme attendu, pour signer ce contrat Rafale évalué à 3,6 milliards d'euros environ, les Égyptiens ont demandé à la France un crédit Coface pour le financement des avions de combat. Et certains évoquent alors début décembre un crédit Coface pour la moitié du contrat, l'autre moitié serait prise en charge par les banques, qui il y a encore peu de temps étaient très réservées. Une chose est sure, les Égyptiens veulent à tout prix le Rafale. Le Caire a besoin d'équipements modernes opérationnels très rapidement. La situation en Libye les y pousse fortement et les relations avec Washington sont très fraîches.

    Une équipe de négociateurs égyptiens à Paris en décembre 2014
    En décembre, les négociations s'accélèrent. Et quinze jours environ après la visite à Paris du président égyptien, une délégation de très haut niveau d'une quinzaine de militaires égyptiens de l'armée de l'air et de la marine, arrivent le 10 décembre en France en vue de négocier avec Dassault Aviation et DCNS. La délégation égyptienne doit rester une dizaine de jours en France avec comme objectif de conclure avant de rentrer au Caire. C'est la volonté du président Sissi.

    Mais les négociations butent finalement sur le financement de l'opération. Bercy rechigne à accorder des facilités de financement à l'Egypte. "Il y a un écart très important entre la volonté politique et Bercy qui reste très frileux", expliquait-on alors à La Tribune. Les hésitations de Bercy ne devront pas perdurer, d'autres pays, à l'image du fiasco français au Maroc en 2007, pourrait prendre un malin plaisir à se substituer à la France si celle-ci hésitait un peu trop. Seule satisfaction - mais elle est de taille - "un premier projet de contrat est établi", se rappelle-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense. Un projet qui réduit un peu les ambitions du Caire en diminuant la quantité des missiles et passe de deux à une FREMM. Mais la délégation égyptienne repart le 19 décembre déçue. Elle voulait un contrat prêt à être signé par le président Al-Sissi.

    Le Trésor au Caire
    En dépit du semi-échec des négociations avant la trêve de Noël, les fils ne sont pas rompus entre Paris et Le Caire même si beaucoup d'observateurs, notamment dans la presse, ne croient toujours pas à cette opération. Le 11 janvier à Ryad pour l'intronisation du roi Salman, les présidents égyptien et français, ainsi que Jean-Yves Le Drian se revoient. Abdel Fattah Al-Sissi renouvelle sa demande de conclure rapidement les négociations et invite le ministre de la Défense à inaugurer avec la frégate l'élargissement du canal de Suez le 2 août prochain.

    Tout s'accélère à nouveau mi-janvier quand une délégation du Trésor se rend au Caire (le 11 ou le 12 janvier) pour évaluer les garanties de l'Égypte en cas d'un accord avec les industriels français. Et visiblement les Égyptiens répondent positivement aux questions et surtout aux attentes de la délégation française. En outre, les autorités politiques françaises ont demandé de leur côté à la Coface de faire un nouvel effort pour faciliter le contrat. Parallèlement, les PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, de DCNS, Hervé Guillou, et du missilier MBDA, Antoine Bouvier, sont le 15 janvier au Caire pour faire avancer un accord avec l'Égypte, voire finaliser les négociations, selon des sources concordantes.

    Ce ne sera pas le cas mais les deux pays ont la volonté de conclure. Ce qui pourrait être le cas très prochainement, explique-t-on alors. Certains observateurs visaient à ce moment-là une signature à la fin du mois de janvier tandis que d'autres plus prudents l'estimaient plutôt dans quelques semaines.

    Négociations conclues début février 2015
    Mais la volonté de Sissi est inflexible. Le 6 février, Paris propose un accord évalué à 5,6 milliards d'euros à la délégation égyptienne de haut niveau venue à Paris depuis le début de la semaine pour négocier la vente de Rafale et d'une frégate FREMM. C'est Jean-Yves Le Drian et le général Al-Assar qui concluent la négociation à Brienne. Ce dernier donne son accord et accepte de soumettre le projet d'accord au président égyptien. La délégation égyptienne repart cette fois-ci au Caire avec un accord conclu avec le Trésor. Elle va le proposer au président égyptien, qui doit statuer très rapidement. La France a accordé des facilités à l'Egypte. Elle propose donc de prendre à sa charge 60% du crédit acheteur, le reste étant pris par un pool bancaire, notamment le Crédit Agricole. En outre, l'acompte sera payé à 50 % par l'Egypte et à 50 % par les banques.

    Cela sent bon. Très bon même. Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, se permet même d'affirmer le 7 février dans "Le Figaro" que l'avionneur est en passe de "réussir le premier contrat export du Rafale", l'avion français de combat. "Quand la température monte, je reste très prudent. Je peux juste dire que nous sommes proches de réussir le premier contrat export du Rafale", confie Eric Trappier sans nommer le pays acquéreur potentiel. Un secret de polichinelle. Un jour plus tard, c'est autour de Jean-Yves Le Drian de vendre un peu plus la mèche. Il confirme dimanche 8 février la tenue de discussions "assez avancées" avec Le Caire pour la vente de Rafale.

    "Il y a effectivement des discussions assez avancées avec l'Egypte mais elles ne sont pas conclues", a déclaré Jean-Yves Le Drian lors du Grand Rendez-vous Europe 1-iTELE-Le Monde. "Je prends beaucoup de précautions (...) j'espère que ça se fera", a-t-il ajouté.
    Le 12 février, l'Egypte accepte le deal. C'est le général Al-Assar qui appelle jean-Yves Le Drian pour lui confirmer le l'accord définitif de Sissi. Le ministre participera à la signature de trois contrats au Caire le 16 février en compagnie des trois PDG, Eric Trappier (Dassault Aviation), Hervé Guillou (DCNS) et Antoine Bouvier (MBDA).

    la tribune
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