Par Vanessa Beeley
“Le peuple yéménite n’est pas un mauvais peuple, ce sont de bonnes personnes. Ils veulent être respectés, ils veulent que leur souveraineté soit respectée. Nous ne menons aucune guerre, une guerre a été déclarée contre nous. Notre conflit était interne et il aurait du être réglé en interne”
Hanan al-Harazi, sa mère et sa fille de 8 ans ont fui le Yémen 10 jours après que les premières bombes ont commencé à déchirer les paysages de son pays bien-aimé. La fille de Hanan avait commencé à présenter les premiers signes du SSPT (Symptômes de Stress Post-Traumatiques) et, pour sa santé mentale, la famille a décidé de se scinder en deux, laissant le mari de Hanan au Yémen avec sa famille et ses deux frères. Hanan nous apporte une émouvante et puissante perception des événements qui ont conduit à la dévastation actuelle du Yémen aux mains de leurs oppresseurs saoudiens et de leurs alliés impérialistes.
Vanessa Beeley: Quand avez-vous quitté le Yémen?
Hanan al-Harazi: Je pense que nous étions encore au Yémen environ 10 jours après le début des bombardements, puis il y a eu une attaque à la roquette sur notre voisinage immédiat, très proche de l’endroit où nous vivions. Après cela, ma fille a développé une incontinence urinaire et une peur soudaine de tout bruit fort. Récemment, je l’ai cherché pendant plus d’une heure pour finalement la trouver cachée dans le placard parce qu’elle avait entendu un avion voler au-dessus du quartier. Il faudra des décennies pour effacer ce traumatisme de sa mémoire. Je ne peux même pas imaginer ce que les autres enfants encore au Yémen ont traversé après presque 103 jours de raids aériens continus. C’est dévastateur.
Vanessa: Quel âge a votre fille?
Hanan: Elle aura 9 ans en Août. J’ai l’habitude de travailler dans une école donc je sais que les enfants ne sont pas capables de s’exprimer avec les mots comme le font les adultes. Je lui ai donné un morceau de papier et je lui ai dit d’écrire ses sentiments. La première chose qu’elle a écrite était ce qu’elle ressentait. C’était un crève-cœur pour moi de lire la douleur et la souffrance dans ces mots de bébé. Quelques jours plus tard, elle refait la même chose, tout ce qu’elle peut dessiner ou peindre sont des avions bombardant son pays, de tristes images. Je sais que le soleil représente quelque chose de vraiment positif dans la vie d’un enfant mais quand vous avez un enfant représentant un soleil pleurant avec un visage triste, il faut vraiment envoyer un message puissant au monde.
Nous avons eu la chance d’avoir des passeports étrangers qui signifiaient que nous pouvions quitter le Yémen. Personne ne délivre de visas aux ressortissants yéménites, ce qui signifie 23 millions de personnes emprisonnées à l’intérieur d’un pays bombardé sans pitié et sans distinction, avec un mépris complet pour les vies civiles.
Vanessa: Il y a des rapports qui établissent que plus de 80% de la population endure aujourd’hui une crise humanitaire. Est-ce un chiffre réaliste?
Hanan: Absolument! Il se développe une crise humanitaire catastrophique au Yémen. Ma crainte est que si le blocus n’est pas levé, nous allons assister à quelque chose d’horrible à tout point de vue. Vous parlez d’une population dont près de 60% vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils ne savent pas comment assurer leur prochain repas et encore, ça c’était quand leur monde était “ok” et pas encore en état de guerre. Je dois dire que les quelques personnes qui avaient un emploi l’ont perdu et les prix alimentaires ont flambé. La Capitale a peut être de meilleures installations que certaines régions périphériques mais même là, l’eau est maintenant contaminée et le coût de l’eau en bouteille a triplé. Je ne sais pas comment les gens font face.
La nourriture est toujours disponible dans les marchés mais les approvisionnements se font rares. Lorsque ces fournitures vont manquer, le Yémen va mourir de faim. Nous produisons très peu de nourriture au sein même du Yémen, la majorité des produits alimentaires est importée alors la circulation des marchandises est essentielle à notre survie. Le blocus fera en sorte que nous ne pourrons pas survivre. Il y a eu un petit flux d’aide par l’intermédiaire de certains groupes d’aides et des ONG mais il n’atteint les zones les plus durement touchées comme Aden, laissant des pans entiers du pays sans nourriture, sans eau ou installations médicales. Les effets cumulatifs seront épouvantables et la crise humanitaire va être dévastatrice.
Vanessa: Je suppose que l’Arabie Saoudite [comme l’a fait Israël dans la bande de Gaza] vise les infrastructures du Yémen afin de détruire la capacité civile de survivre à cet assaut.
Hanan: Oui absolument. Si vous regardez vers un passé récent, lors des événements de Amran et de Lahj, ils ont ciblé les marchés alimentaires et les marchés de bétail. Preuve supplémentaire de la détermination de la coalition à affamer le peuple du Yémen. Le bétail constitue une partie de notre production nationale minimale donc c’est une destruction délibérée de la capacité civile à survivre. Le film qui va sortir montre qu’ils ciblent des zones civiles, des écoles ont été touchées, des stades, des installations sportives, et ainsi de suite. Ils ont tout bombardé. Ils disent qu’ils ne ciblent que les centres militaires. Peut-être qu’au début, cela était vrai. Mais au cours des dernières semaines, nous avons vu des bombardements beaucoup plus aléatoires et intenses de sites civils.
Le mouvement Ansarullah est assez représentatif du tissu yéménite, de la société yéménite. Il ne porte pas de marques ou d’insignes pour se distinguer de la population locale, donc c’est au-delà du ridicule de dire qu’ils frappent seulement des cibles de Ansarullah dans une ville comme Sanaa, qui a une population de 3 millions de personnes. Le nombre de victimes civiles est beaucoup plus élevé que si les frappes atteignaient seulement les agents Ansarullah.
Vanessa: À votre avis existe-t-il une alternative pour résister à cette attaque du Yémen? Y a-t-il une option de reddition, de négociation?
Hanan: Ecoutez, je vais parler pour moi et pour beaucoup de gens au Yémen. La question de la souveraineté du Yémen a toujours été de la plus haute importance dans les esprits yéménites et cela a conduit à la révolution de 2011 pour se débarrasser de notre vieux dictateur Ali Abdallah Saleh, parce que nous savions qu’il était en grande partie une marionnette saoudienne. Il promouvait l’agenda de l’Arabie Saoudite au Yémen en lui donnant la priorité sur les intérêts du pays. Pendant ce temps, de nombreuses personnes ont perdu leurs moyens de subsistance ou leur vie et la plupart des grandes villes ont été touchées par la révolte, ont sombré dans un immobilisme pendant un certain temps.
Nous n’en sommes pas arrivés jusqu’ici pour voir un autre gouvernement fantoche saoudien en place au Yémen. Si cela continue, nous n’aurons plus d’identité. Le peuple yéménite n’est pas un mauvais peuple, ce sont de bonnes personnes. Ils veulent être respectés, ils veulent que leur souveraineté soit respectée. Nous ne menons aucune guerre, une guerre a été déclarée contre nous. Notre conflit était interne et il aurait du être réglé en interne.
Jamal Benomar, l’ancien émissaire de l’ONU pour la paix au Yémen a effectivement dit très ouvertement que les factions belligérantes étaient parvenues à un accord avant que la première bombe ne soit tombée.
“Lorsque cette campagne a commencé, une chose qui est importante mais passée inaperçue est que les Yéménites étaient proches d’un accord qui pourrait instituer un partage du pouvoir avec toutes les parties, y compris les Houthis”, a déclaré le diplomate marocain, M. Benomar. Ainsi, il devient évident que nos aspirations sont sacrifiées sur l’autel de la cupidité et de l’ambition impérialiste.
Vanessa: Nous constatons cela dans toute la région, ces tentatives internes de réconciliation et d’entente, entravées par l’agenda impérialiste et leur propagande sectaire. De ce que vous dites, cela se passe aussi au Yémen?
Hanan: Je peux l’affirmer catégoriquement, il n’y a pas de conflit sectaire au Yémen. Ils ont tenté de déclencher une guerre sectaire au Yémen mais le Yémen est un pays où nous avions des sunnites shafi’ites et des chiites zaydites priant dans les mêmes mosquées pendant des centaines d’années. Nous sommes une société connue pour ses mariages entre ces deux cultes. En réalité, ils ont provoqué cette guerre territoriale lorsqu’ils ont décidé de diviser le Yémen dans un système de six états fédéraux. Nous sommes fatigués de les voir nous imposer leur programme et nous obliger à le mettre en œuvre.
J’ai vécu au Yémen pendant les 21 dernières années et je ne savais pas si mon voisin était un sunnite shafi’ite ou un chiite zaydite. Cela ne faisait pas partie de notre culture, nous ne nous le demandions jamais. Nous coexistions pacifiquement. Ce programme de balkanisation a été le début de l’ensemble du problème. Leur division a été entièrement mauvaise. Ils ont laissé certaines zones totalement isolées.
Le mouvement Ansarullah et le mouvement séparatiste du Sud étaient tous les deux en faveur d’un système d’état confédéral où le Yémen serait divisé en un Nord et un Sud existant dans un état fédéral. La plupart d’entre nous étaient d’accord avec ça.
Le Président Hadi [bien que je déteste l’appeler notre Président] a appuyé le programme saoudien du système à six états. Une autre chose que beaucoup de gens ne réalisent pas est que, quand ils ont divisé le pays avec le système à 6 état, ils ont délibérément isolé un état appelé Azal.
Azal incorporait un grand nombre des bastions zaydites, Saada, Amran, Dhamar et Sanaa. Azal a été laissé sans ressources et sans aucun accès à la mer. C’était de façon flagrante de l’emprisonnement et de la répression sur ce que nous appellerions les «puissances traditionnels» dans cette zone. C’était une tentative délibérée d’affaiblir leur influence au Yémen.
Donc, le plan de Hadi aurait divisé le Yémen dans des états plus petits, plus sectaires tandis que le plan de Ansarullah était plus comme un retour aux frontières avant l’unité où le Sud aurait eu une plus grande autonomie sur ses propres affaires internes.
Vanessa: De quelle importance est la menace «extrémiste» au Yémen?
Hanan: Laissez-moi vous donner un exemple. La zone d’al-Jauf est composée de deux populations sunnites et chiites et c’est ainsi dans la zone de Marib et ailleurs. Les chiites zaydites et les sunnites shafi’ites sont deux cultes très modérés. Le peuple yéménite n’a aucune affiliation à la secte wahhabite d’Arabie Saoudite. Le wahhabisme est étranger au Yémen.
“Le peuple yéménite n’est pas un mauvais peuple, ce sont de bonnes personnes. Ils veulent être respectés, ils veulent que leur souveraineté soit respectée. Nous ne menons aucune guerre, une guerre a été déclarée contre nous. Notre conflit était interne et il aurait du être réglé en interne”
Hanan al-Harazi, sa mère et sa fille de 8 ans ont fui le Yémen 10 jours après que les premières bombes ont commencé à déchirer les paysages de son pays bien-aimé. La fille de Hanan avait commencé à présenter les premiers signes du SSPT (Symptômes de Stress Post-Traumatiques) et, pour sa santé mentale, la famille a décidé de se scinder en deux, laissant le mari de Hanan au Yémen avec sa famille et ses deux frères. Hanan nous apporte une émouvante et puissante perception des événements qui ont conduit à la dévastation actuelle du Yémen aux mains de leurs oppresseurs saoudiens et de leurs alliés impérialistes.
Vanessa Beeley: Quand avez-vous quitté le Yémen?
Hanan al-Harazi: Je pense que nous étions encore au Yémen environ 10 jours après le début des bombardements, puis il y a eu une attaque à la roquette sur notre voisinage immédiat, très proche de l’endroit où nous vivions. Après cela, ma fille a développé une incontinence urinaire et une peur soudaine de tout bruit fort. Récemment, je l’ai cherché pendant plus d’une heure pour finalement la trouver cachée dans le placard parce qu’elle avait entendu un avion voler au-dessus du quartier. Il faudra des décennies pour effacer ce traumatisme de sa mémoire. Je ne peux même pas imaginer ce que les autres enfants encore au Yémen ont traversé après presque 103 jours de raids aériens continus. C’est dévastateur.
Vanessa: Quel âge a votre fille?
Hanan: Elle aura 9 ans en Août. J’ai l’habitude de travailler dans une école donc je sais que les enfants ne sont pas capables de s’exprimer avec les mots comme le font les adultes. Je lui ai donné un morceau de papier et je lui ai dit d’écrire ses sentiments. La première chose qu’elle a écrite était ce qu’elle ressentait. C’était un crève-cœur pour moi de lire la douleur et la souffrance dans ces mots de bébé. Quelques jours plus tard, elle refait la même chose, tout ce qu’elle peut dessiner ou peindre sont des avions bombardant son pays, de tristes images. Je sais que le soleil représente quelque chose de vraiment positif dans la vie d’un enfant mais quand vous avez un enfant représentant un soleil pleurant avec un visage triste, il faut vraiment envoyer un message puissant au monde.
Nous avons eu la chance d’avoir des passeports étrangers qui signifiaient que nous pouvions quitter le Yémen. Personne ne délivre de visas aux ressortissants yéménites, ce qui signifie 23 millions de personnes emprisonnées à l’intérieur d’un pays bombardé sans pitié et sans distinction, avec un mépris complet pour les vies civiles.
Vanessa: Il y a des rapports qui établissent que plus de 80% de la population endure aujourd’hui une crise humanitaire. Est-ce un chiffre réaliste?
Hanan: Absolument! Il se développe une crise humanitaire catastrophique au Yémen. Ma crainte est que si le blocus n’est pas levé, nous allons assister à quelque chose d’horrible à tout point de vue. Vous parlez d’une population dont près de 60% vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils ne savent pas comment assurer leur prochain repas et encore, ça c’était quand leur monde était “ok” et pas encore en état de guerre. Je dois dire que les quelques personnes qui avaient un emploi l’ont perdu et les prix alimentaires ont flambé. La Capitale a peut être de meilleures installations que certaines régions périphériques mais même là, l’eau est maintenant contaminée et le coût de l’eau en bouteille a triplé. Je ne sais pas comment les gens font face.
La nourriture est toujours disponible dans les marchés mais les approvisionnements se font rares. Lorsque ces fournitures vont manquer, le Yémen va mourir de faim. Nous produisons très peu de nourriture au sein même du Yémen, la majorité des produits alimentaires est importée alors la circulation des marchandises est essentielle à notre survie. Le blocus fera en sorte que nous ne pourrons pas survivre. Il y a eu un petit flux d’aide par l’intermédiaire de certains groupes d’aides et des ONG mais il n’atteint les zones les plus durement touchées comme Aden, laissant des pans entiers du pays sans nourriture, sans eau ou installations médicales. Les effets cumulatifs seront épouvantables et la crise humanitaire va être dévastatrice.
Vanessa: Je suppose que l’Arabie Saoudite [comme l’a fait Israël dans la bande de Gaza] vise les infrastructures du Yémen afin de détruire la capacité civile de survivre à cet assaut.
Hanan: Oui absolument. Si vous regardez vers un passé récent, lors des événements de Amran et de Lahj, ils ont ciblé les marchés alimentaires et les marchés de bétail. Preuve supplémentaire de la détermination de la coalition à affamer le peuple du Yémen. Le bétail constitue une partie de notre production nationale minimale donc c’est une destruction délibérée de la capacité civile à survivre. Le film qui va sortir montre qu’ils ciblent des zones civiles, des écoles ont été touchées, des stades, des installations sportives, et ainsi de suite. Ils ont tout bombardé. Ils disent qu’ils ne ciblent que les centres militaires. Peut-être qu’au début, cela était vrai. Mais au cours des dernières semaines, nous avons vu des bombardements beaucoup plus aléatoires et intenses de sites civils.
Le mouvement Ansarullah est assez représentatif du tissu yéménite, de la société yéménite. Il ne porte pas de marques ou d’insignes pour se distinguer de la population locale, donc c’est au-delà du ridicule de dire qu’ils frappent seulement des cibles de Ansarullah dans une ville comme Sanaa, qui a une population de 3 millions de personnes. Le nombre de victimes civiles est beaucoup plus élevé que si les frappes atteignaient seulement les agents Ansarullah.
Vanessa: À votre avis existe-t-il une alternative pour résister à cette attaque du Yémen? Y a-t-il une option de reddition, de négociation?
Hanan: Ecoutez, je vais parler pour moi et pour beaucoup de gens au Yémen. La question de la souveraineté du Yémen a toujours été de la plus haute importance dans les esprits yéménites et cela a conduit à la révolution de 2011 pour se débarrasser de notre vieux dictateur Ali Abdallah Saleh, parce que nous savions qu’il était en grande partie une marionnette saoudienne. Il promouvait l’agenda de l’Arabie Saoudite au Yémen en lui donnant la priorité sur les intérêts du pays. Pendant ce temps, de nombreuses personnes ont perdu leurs moyens de subsistance ou leur vie et la plupart des grandes villes ont été touchées par la révolte, ont sombré dans un immobilisme pendant un certain temps.
Nous n’en sommes pas arrivés jusqu’ici pour voir un autre gouvernement fantoche saoudien en place au Yémen. Si cela continue, nous n’aurons plus d’identité. Le peuple yéménite n’est pas un mauvais peuple, ce sont de bonnes personnes. Ils veulent être respectés, ils veulent que leur souveraineté soit respectée. Nous ne menons aucune guerre, une guerre a été déclarée contre nous. Notre conflit était interne et il aurait du être réglé en interne.
Jamal Benomar, l’ancien émissaire de l’ONU pour la paix au Yémen a effectivement dit très ouvertement que les factions belligérantes étaient parvenues à un accord avant que la première bombe ne soit tombée.
“Lorsque cette campagne a commencé, une chose qui est importante mais passée inaperçue est que les Yéménites étaient proches d’un accord qui pourrait instituer un partage du pouvoir avec toutes les parties, y compris les Houthis”, a déclaré le diplomate marocain, M. Benomar. Ainsi, il devient évident que nos aspirations sont sacrifiées sur l’autel de la cupidité et de l’ambition impérialiste.
Vanessa: Nous constatons cela dans toute la région, ces tentatives internes de réconciliation et d’entente, entravées par l’agenda impérialiste et leur propagande sectaire. De ce que vous dites, cela se passe aussi au Yémen?
Hanan: Je peux l’affirmer catégoriquement, il n’y a pas de conflit sectaire au Yémen. Ils ont tenté de déclencher une guerre sectaire au Yémen mais le Yémen est un pays où nous avions des sunnites shafi’ites et des chiites zaydites priant dans les mêmes mosquées pendant des centaines d’années. Nous sommes une société connue pour ses mariages entre ces deux cultes. En réalité, ils ont provoqué cette guerre territoriale lorsqu’ils ont décidé de diviser le Yémen dans un système de six états fédéraux. Nous sommes fatigués de les voir nous imposer leur programme et nous obliger à le mettre en œuvre.
J’ai vécu au Yémen pendant les 21 dernières années et je ne savais pas si mon voisin était un sunnite shafi’ite ou un chiite zaydite. Cela ne faisait pas partie de notre culture, nous ne nous le demandions jamais. Nous coexistions pacifiquement. Ce programme de balkanisation a été le début de l’ensemble du problème. Leur division a été entièrement mauvaise. Ils ont laissé certaines zones totalement isolées.
Le mouvement Ansarullah et le mouvement séparatiste du Sud étaient tous les deux en faveur d’un système d’état confédéral où le Yémen serait divisé en un Nord et un Sud existant dans un état fédéral. La plupart d’entre nous étaient d’accord avec ça.
Le Président Hadi [bien que je déteste l’appeler notre Président] a appuyé le programme saoudien du système à six états. Une autre chose que beaucoup de gens ne réalisent pas est que, quand ils ont divisé le pays avec le système à 6 état, ils ont délibérément isolé un état appelé Azal.
Azal incorporait un grand nombre des bastions zaydites, Saada, Amran, Dhamar et Sanaa. Azal a été laissé sans ressources et sans aucun accès à la mer. C’était de façon flagrante de l’emprisonnement et de la répression sur ce que nous appellerions les «puissances traditionnels» dans cette zone. C’était une tentative délibérée d’affaiblir leur influence au Yémen.
Donc, le plan de Hadi aurait divisé le Yémen dans des états plus petits, plus sectaires tandis que le plan de Ansarullah était plus comme un retour aux frontières avant l’unité où le Sud aurait eu une plus grande autonomie sur ses propres affaires internes.
Vanessa: De quelle importance est la menace «extrémiste» au Yémen?
Hanan: Laissez-moi vous donner un exemple. La zone d’al-Jauf est composée de deux populations sunnites et chiites et c’est ainsi dans la zone de Marib et ailleurs. Les chiites zaydites et les sunnites shafi’ites sont deux cultes très modérés. Le peuple yéménite n’a aucune affiliation à la secte wahhabite d’Arabie Saoudite. Le wahhabisme est étranger au Yémen.
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