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Communication en entreprise: enjeux et pratiques

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  • Communication en entreprise: enjeux et pratiques

    «Nous les Athéniens, ne sommes pas de ceux qui pensent que les paroles nuisent à l’action; nous estimons plutôt qu’il est dangereux de passer aux actes avant que les discussions nous aient éclairés sur ce qui convient de faire ».

    (Périclès. 495 — 429 avant J.-C.).

    Voilà, le pavé est dans la mare depuis des siècles... Qu’en est-il du débat dans nos entreprises qui évoluent dans un siècle où l’information, le savoir et la connaissance constituent les principaux attributs distinctifs de la compétitivité et de l’efficacité ? Sans vouloir prétendre à l’exhaustivité, nous essayerons dans ce qui suit de faire un tour d’horizon pour mieux cerner le problème.

    Au risque d’avancer un truisme, nous pouvons affirmer que l’entreprise est aujourd’hui au coeur du changement. Ce changement se manifeste à travers les mutations que connaît l’environnement économique et social tant interne qu’externe. Nous assistons à un effondrement plus ou moins brutal des rituels protecteurs et à une éventration des parapluies sociaux qui engendrent une désaffection vis-à-vis du travail et une remise en cause des équilibres qui constituaient jusque-là des positions acquises. C’est la fin des situations de rente.

    L’entreprise se trouve confrontée à de nouveaux paradigmes qui ont pour nom: mondialisation, globalisation des marchés, compression numérique des délais, des distances et des frontières. Configuration imposée par le développement trépidant des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ces évolutions rapides de l’environnement exigent des impératifs de compétitivité inconnus, jusqu’alors, de nos entreprises qui doivent passer rapidement à une logique de gains et de productivité qui consiste à abandonner une culture de dilettante pour instaurer une culture du résultat.

    Les enjeux se posent donc en termes de réorganisation du travail, nécessitant la mise en place d’un nouveau modèle managérial dont la compétence fondamentale est de répondre aux exigences des changements qui s’imposent.

    Redoubler d’effort ne servirait à rien, il s’agit plutôt de changer de répertoire d’actions. Il y a lieu donc de renoncer aux réflexes passéistes liés à la pensée diagrammatique qui obéit à une logique productiviste pour bâtir un système de coopération et de partenariat à même de faire émerger des conditions propices à la création d’un contexte d’échange, de concertation et de dialogue.

    Arriver à créer une situation de partage au niveau des valeurs, des croyances et surtout des objectifs.

    Représentations collectives, identité, attitudes et comportements représentent les champs à investir pour construire le socle sur lequel s’édifiera et se consolidera une culture commune (d’entreprise) pour permettre l’émergence de l’appropriation qui mène à l’implication, levier essentiel au développement des synergies et au réveil des intelligences dormantes que recèlent nos entreprises.

    Tous ces changements organisationnels placent la communication au centre de la nouvelle compétitivité, comme l’affirme Jean Rancoule qui la qualifie de « Fonction en récréation permanente, elle se situe tout simplement au coeur des processus de changement ».

    LES DISSONANCES DE L’ENTREPRISE


    Nos entreprises se caractérisent par un manque flagrant de cohésion inhérent à leurs systèmes d’organisation élaborés par territoires verticaux, qui nuisent à la performance, et par fonctions qui compartimentent les contributions, source de perte d’efficacité. Parmi celles d’entres elles qui ont pris conscience de ces dysfonctionnements structurels, des tentatives de redressement ont été imaginées à travers des solutions qui se sont avérées inopérantes parce qu’elles ont été conçues dans le cadre du même schéma organisationnel qui porte ses propres limites et reconduit les mêmes effets sous d’autres formes.

    Ces dissonances s’expriment à travers des exhortations paradoxales du type: on veut mobiliser collectivement et continuer de gérer de manière individuelle. On veut impliquer tout en continuant à cultiver l’exclusion. On veut donner de l’autonomie tout en continuant à enfermer les actes dans des règles formelles et rigides en conformité avec la lettre des systèmes et des procédures. On appelle à une dynamique tout en continuant à instaurer la négation de tout processus participationniste.

    Notre difficulté réside donc dans notre représentation du pouvoir (fondement de toute organisation), de l’exercice de l’autorité (contrainte et règlement) et de nos modes de décision. Il s’agit donc de dépasser cette tendance normative, prescriptive et centralisatrice pour vaincre cette résistance au changement qui est en chacun de nous et dont se caractérise le management global. Le problème est d’abord d’ordre comportemental. C’est à ce niveau que la communication s’impose comme fonction à intégrer dans la stratégie de nos entreprises. Son rôle, comme le précisent Philippe Détrie et Catherine Boyez, est: « d’encourager les comportements d’écoute, faire circuler l’information, faciliter le travail en commun, promouvoir l’esprit de coopération. En un mot, développer le sens du collectif ».

    LES ECUEILS DE LA COMMUNICATION


    Tout le monde s’accorde à dire que la communication est utile et nécessaire. Mais son positionnement varie d’une entreprise à l’autre. Cette différence traduit la manière dont elle est représentée, son utilisation n’est pas aussi évidente qu’on le pense et ne va pas de soi. A l’égal de la politique ou du football, la communication se présente comme un domaine où chacun s’estime apte à donner un avis définitif. Toujours à l’instar de la politique et du football qui possèdent leurs spécialistes, la communication est avant tout une affaire de professionnels et se présente comme un métier d’entreprise.

    Ensemble de dispositifs fonctionnels et symboliques, la communication reflète les valeurs qui animent l’entreprise. Son positionnement est lié au système de gouvernance de l’entreprise. « L’état de la communication au sein d’une entreprise peut constituer un diagnostic immanent du type d’organisation choisi et de la qualité de l’état d’esprit (mentalité et comportements) des membres qui l’animent ».

    Deux types de représentations de la communication sont généralement identifiés au sein des entreprises.

    La première la conçoit comme une courroie de transmission des informations et la deuxième comme un processus de mise en commun. Une troisième voie est en train d’émerger au niveau des entreprises où cette fonction a connu une maturité importante.

    La communication courroie de transmission: inhérente aux organisations classiques, cette conception s’inscrit dans une vision traditionnelle où communiquer consiste à transmettre des informations à des destinataires avec l’espoir qu’elles soient démultipliées à un niveau opérationnel. On comprend qu’il s’agit d’informations descendantes qui privilégient le canal hiérarchique. Cette manière de faire réduit la communication à un ensemble de dispositifs techniques qui la confine dans un rôle de pourvoyeur de discours et de supports. On aboutit à une instrumentalisation de la communication qui place l’émetteur (la hiérarchie)) comme le seul pourvoyeur de sens. Prégnance du journalisme d’entreprise. La communication, processus de mise en commun: cette perspective met l’accent sur la mobilisation des énergies d’acteurs et s’intéresse à la qualité et à la nature des relations qui unissent et fédèrent autour d’une vision commune.

    L’entreprise est conçue comme un corps social où toute action est située et encadrée par un système relationnel et un cadre d’actions qui définissent les statuts et les rôles. Cette communication repose sur la capacité de l’encadrement de relayer le discours et d’expliquer la stratégie et les enjeux (faut-il que lui-même soit imprégné des postures de discours à traduire) de l’entreprise. Comme l’affirme Yvonne Giordano (Université de Nice) « Les structures et les dispositifs managériaux sont à la fois des facilitateurs et des limites pour l’action collective. Ils contraignent en donnant un cadre et favorisent en autorisant une marge de manoeuvre ».

  • #2
    LA COMMUNICATION D’ENTREPRISE: UNE NECESSITE

    Désormais système ouvert sur l’extérieur, l’entreprise ne se définit plus seulement par sa production, mais aussi par sa personnalité car elle doit répondre aux attentes de son public interne et de ses publics externes. Elle doit s’affirmer, consolider son identité, positionner une image différente de la concurrence.

    Elle est donc amenée à développer un discours sur elle-même pour légitimer sa place dans la société. En un mot, elle est contrainte à communiquer.

    A une certaine époque, la publicité suffisait à séduire les consommateurs. Aujourd’hui les données ont changé, montrer les qualités du produit ne suffit plus. L’entreprise doit répondre à d’autres exigences extra-commerciales. On dit bien que « le produit est une image avant d’être une marchandise. Il n’existe que s’il s’exprime dans le champ de la communication ».

    La communication couvre deux champs: l’environnement interne et l’environnement externe de l’entreprise.

    C’est pour cela qu’on parle de communication interne et de communication externe.

    LA COMMUNICATION INTERNE

    La communication interne est au coeur du management, elle lui sert d’appui, parce qu’elle contribue à l’efficacité de l’entreprise et participe à la construction d’un contexte favorable à la mise en place de dispositifs structurants capables de susciter l’engagement et accroître la motivation des acteurs.

    Dans le contexte actuel de changement et d’incertitudes permanentes qui caractérisent la vie de l’entreprise, le manager se trouve aujourd’hui en première ligne. Les responsabilités des managers se situent entre exigence d’efficacité et nécessité de motiver leurs équipes. Face à ces défis, la communication s’impose comme un levier et une solution dans le développement du leadership managérial.

    LES MISSIONS DE LA COMMUNICATION INTERNE :


    La communication interne poursuit trois missions.

    1. Forger une identité forte et valorisée de l’Entreprise.

    2. Aider à l’émergence d’un nouveau mode de management.

    3. Renforcer la réactivité individuelle et la solidarité collective.

    Le processus de la communication interne

    La concrétisation des trois missions citées ci-dessus obéit à un processus de trois phases:

    - FAIRE CONNAITRE

    Il s’agit du degré zéro de la communication, celui où la communication est assimilée à de la simple diffusion de l’information. Bien que nécessaire, cette phase est la plus répandue dans les entreprises. Elle est considérée comme une fin en soi, parce que basée sur la croyance qui dit qu’il suffirait que les travailleurs soient informés pour comprendre et se mobiliser. A ce niveau, la communication interne est considérée par les outils avant d’être considérée par les enjeux et les objectifs.

    - FAIRE ACCEPTER

    Il ne suffit donc pas de diffuser l’information, encore faut-il convaincre pour faire adhérer.

    L’adhésion participe d’une démarche d’écoute et de dialogue visant la mobilisation d’acteurs et s’intéresse à la qualité et la nature des relations qui fédèrent autour d’une vision commune. La communication est ici requise puisqu’elle vise à obtenir une réaction positive.

    - FAIRE AGIR

    A ce stade, nous sommes en pleine dimension opérationnelle de la communication. Le travailleur, après avoir reçu les informations, les avoir avalisées, devient capable de les utiliser au bénéfice de l’entreprise. Un travailleur qui sait a moins d’interrogations dans sa tête.

    « Quand on est mal informé, on ne peut que mal raisonner », disait Louis XVI.

    C’est en ce sens que la communication interne se situe au coeur du management, par sa capacité à produire des comportements souhaités.

    La communication interne constitue le socle sur lequel s’édifie et se consolide un référentiel de valeurs communes pour permettre motivation et décloisonnement à travers:

    1 - L’appropriation des finalités de l’entreprise: objectifs, stratégie, supports de circulation des messages.

    2 - La cohésion: échange d’information entre les différents sites, valeurs, comportements.

    3 - Travail en commun: manière d’être, rôle de l’encadrement, type de management.

    Pour conclure ce chapitre, nous dirons que la communication interne ne prend son sens qu’en étroite relation avec le management de l’entreprise et elle ne peut s’accommoder avec un modèle de type pyramidal.

    « Le manager avec ses rôles, ses valeurs, ses pratiques, constitue l’un des piliers sur lesquels repose le processus de transformation de l’entreprise » (manuel politique RH / SH).

    LA COMMUNICATION EXTERNE


    Si le client est la raison d’être de l’entreprise, il n’est pas son seul partenaire. Avec l’irruption de l’opinion face à des décisions de management, d’autres interlocuteurs sont venus se greffer. Les pouvoirs publics, les élus, les associations, les journalistes, les riverains de l’installation et le grand public.

    Les formes de communication ont évolué avec les opinions de la société et aujourd’hui plus que jamais en matière de responsabilité de l’entreprise vis-à-vis des composantes de son environnement. De ce fait, la réussite de l’entreprise est de plus en plus contingente de son statut social et de l’importance que lui accordent ses publics.

    On peut définir la communication externe de l’entreprise comme le processus d’écoute et d’émission de messages et de signes à destination de ses publics particuliers en visant l’amélioration de son image, la promotion de ses produits et la défense de ses intérêts.

    Le champ de la communication externe se définit par trois axes: l’institutionnel (image de l’entreprise), le produit (publicité commerciale et événementielle, salons, foires) et les relations publiques (relations presse, inauguration, portes ouvertes, sponsor...).

    Les objectifs visés par la communication externe peuvent se résumer comme suit:

    1 - Objectif de capitalisation: notoriété, mémorisation, information.

    2 - Objectif commercial: soutien des stratégies marketing.

    3 - Objectif social: réponse à des besoins de proximité exprimés par l’environnement.

    La communication externe permet différentiation et compétitivité.

    Pour conclure, nous dirons que la séparation entre communication interne et externe a été faite pour des besoins pédagogiques car, dans la réalité, c’est la même entreprise qui communique. Elles ne se distinguent que par rapport à leur champ d’intervention, leur place dans l’entreprise, leurs cibles et leurs techniques.

    L’entreprise communique à l’extérieur sa manière de communiquer à l’intérieur.

    Dans le même sens, pour terminer notre propos, nous proposons deux axes de positionnement des valeurs à développer pour nos entreprises:

    AXE IDENTITAIRE:

    - Valeurs de compétences: le savoir-faire, la qualité, l’excellence et la réactivité.

    - Valeurs conquérantes: l’ambition, l’esprit d’entreprise, l’innovation, le progrès.

    - Valeurs relationnelles: le respect, la proximité, la confiance, l’esprit d’équipe.

    AXE ETHIQUE:

    - Valeurs sociétales: la solidarité, la citoyenneté, le développement durable (triptyque H.S.E.).

    - Valeurs d’épanouissement: la transparence, la loyauté, l’équité, le développement personnel et le talent.

    Cependant, il faut se rendre à l’évidence que la communication ne pourra s’installer dans nos entreprises que lorsque les derniers étages de leur siège cesseront d’être représentés par les travailleurs comme des espaces abritant des entités mystérieuses et invisibles. « Les PDG des entreprises doivent être vus, et non rester dans l’ombre » Business Week.

    La nouvelle approche managériale qui fait de la communication un métier stratégique de l’entreprise peut se résumer dans cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry: « Si je communique à mes hommes l’amour de la marche sur la mer, alors tu verras bientôt se diversifier selon leurs mille qualités particulières:

    - celui-là tissera les toiles,

    - l’autre dans la forêt couchera l’arbre,

    - l’autre encore forgera des clous,

    - et il en sera quelque part qui observeront les étoiles pour apprendre à gouverner, et tous cependant ne seront qu’un.

    Créer le navire, ce n’est point tisser les toiles, forger les clous, lire les astres, mais bien donner le goût à la mer ».

    Bibliographie:

    PHILIPPE Détrie, Catherine BOYEZ: La communication interne au service du management (Edition Liaisons 2000).

    Thierry LIBAERT: Le plan de communication (Edition Dunod 2001).

    Thierry LIBAERT, Nicole d’ALMEIDA: La communication interne de l’entreprise. (Edition Dunod 2004)

    Les cahiers de la Communication interne n° 03 et 04 (AFCI 1998, 1999)

    Par Ferhat ALIOUCHE Cadre Supérieur, le Quotidien d'Oran

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