« Il faut reconvertir les établissements vers les besoins économiques du pays »
Mohamed Mebarki, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, à El Djazaïr.com
Entretien réalisé par LEILA BOUKLI
El-Djazaïr.com : L’Algérie célèbre le 50e anniversaire de son indépendance, comment évaluez-vous le parcours du secteur de la formation professionnelle ?
Mohamed Mebarki : L’Algérie célèbre cette année 50 ans d’indépendance. C’est un rendez-vous important pour mesurer le chemin parcouru et évaluer les réalisations dans tous les domaines d’activité. C’est ce que nous tentons de faire, à la fin de ce mois, à travers l’organisation de l’exposition de la formation professionnelle. C’est un secteur qui a été pris en charge par l’Etat algérien dès le début de l’indépendance. L’Etat avait tout de suite pris conscience de l’importance que revêt la formation professionnelle en tant que pourvoyeur de main-d’œuvre qualifiée à l’économie nationale naissante. Il y a lieu de rappeler que seuls dix-sept établissements de formation pour adultes existaient à l’indépendance. De plus, ces structures de formation professionnelle ont été désertées par les personnels enseignants et d’encadrement européens, et c’est le personnel algérien, peu nombreux, qui avait assuré la bonne marche de ces structures. La manifestation de la volonté de l’Etat ne s’est pas fait attendre, puisque dès août 1962, soit deux mois après l’indépendance nationale, il a été procédé à la création d’un Commissariat à la Formation professionnelle et à la Promotion des cadres, et un peu plus tard, à un Conseil national consultatif de la formation professionnelle et de la promotion des cadres, rattachés à la présidence de la République. Il fallait prendre en charge, en urgence, la formation de l’encadrement algérien, et donc reconvertir les établissements vers les besoins économiques du pays, dans des spécialités comme l’électromécanique, le machinisme agricole, la maintenance industrielle, etc. Egalement, des projets de réalisation d’établissements de formation professionnelle ont été lancés dans le cadre des différents programmes de développement, pour offrir aux jeunes Algériens une formation qualifiante, afin de participer à l’effort d’édification nationale. C’est donc depuis l’indépendance que la formation professionnelle est considérée comme un segment important dans le système éducatif national, et continue de bénéficier des avantages de la politique volontariste de l’Etat en matière d’enseignement, d’éducation et de formation. L’organisation de l’exposition des réalisations, à cette occasion, nous permettra de mettre en exergue l’évolution dans l’effort de l’Etat en réalisations d’infrastructures et autres moyens, dans le secteur de la formation professionnelle, mais aussi l’évolution qualitative à travers les politiques menées, pour enfin évaluer les résultats obtenus.
El-Djazaïr.com : Et aujourd’hui, quelles sont les réalisations les plus importantes ?
Mohamed Mebarki : Aujourd’hui, nous sommes à plus de 1100 établissements de formation, répartis à travers le pays, qui accueillent des milliers de jeunes, et qui assurent des centaines de spécialités liées au développement économique et social. Ces centres (CFPA) et instituts (INSFP) de formation, dont cinq sont destinés aux handicapés, sont accompagnés par un réseau d’ingénierie pédagogique composé d’un Institut national (INFEP) et de six instituts régionaux (IFEP), d’un Centre national de l’enseignement professionnel à distance (CNEPD), d’un Office national de développement et de promotion de la formation continue (ONDEFOC), d’un Fonds national de développement de l’apprentissage et de la formation continue (FNAC) et d’un Etablissement national des équipements technico-pédagogiques de la formation professionnelle (ENEFP). Le réseau de structures de formation totalise une capacité pédagogique de plus de 300 000 postes de formation en mode résidentiel avec 54 500 lits pour le régime d’internat, alors que le potentiel de formation par apprentissage est évalué à plus de 500 000 postes, en plus du potentiel de formation à distance dont les limites peuvent être repoussées au gré de la demande. Ce réseau de formation, déjà assez dense, ne cesse de se renforcer en infrastructures puisque, rien que cette année, douze nouveaux établissements, un Institut national supérieur de formation professionnelle (INSFP) de 450 postes pédagogiques, sept Centres de formation professionnelle d’apprentissage (CFPA) de 1900 postes pédagogiques et quatre annexes de 275 postes pédagogiques viennent d’ouvrir. De plus, pour traduire sur le terrain une des orientations du plan d’action du gouvernement, qui prévoit « l’amélioration du service public », nous comptons ouvrir au moins un CFPA ou INSFP par daïra, à la prochaine rentrée de la formation professionnelle. Ces infrastructures, qui seront dotées d’internats, participeront à rapprocher les jeunes des possibilités de formation à des métiers, pour s’insérer plus facilement dans le monde du travail.
El-Djazaïr.com : Vous avez, aussi, évoqué l’existence d’établissements spécialisés pour handicapés ?
Mohamed Mebarki : En effet, les populations à besoins spécifiques, telles que les personnes handicapées, les jeunes en danger moral et les populations en milieu carcéral, sont prises en charge en matière de formation professionnelle, ainsi que la femme rurale et la femme au foyer. C’est depuis l’indépendance que l’Algérie assure une politique d’égal accès, de toutes les catégories sociales, à la formation professionnelle. Aujourd’hui encore, le gouvernement consacre des mesures qui visent à lutter contre l’exclusion sociale et à assurer l’insertion socioprofessionnelle des catégories de populations à besoins spécifiques. Cette volonté de l’Etat s’exprime à travers la loi de 2002 qui contient plusieurs dispositions relatives à la formation professionnelle, en tant qu’outil privilégié pour l’insertion sociale et économique de cette catégorie de citoyens, pour exercer pleinement ses droits et participer à la création des richesses, notamment à travers les dispositifs Ansej, Angem, CNAC, etc.
El-Djazaïr.com : Depuis la dernière réforme, l’enseignement professionnel devait prendre une part importante dans le système éducatif national ; qu’en est-il, aujourd’hui ?
Mohamed Mebarki : En effet, l’enseignement professionnel, issu de la réforme, devait diversifier et enrichir l’espace éducatif algérien, en accueillant une partie (30 à 40 %) des élèves du cycle post-obligatoire. Il visait, en particulier à :
- sortir de l’orientation par l’échec et à valoriser la voie professionnelle,
- diversifier les voies de formation,
- réduire progressivement le nombre de jeunes qui sortent du système éducatif sans qualification et sans diplôme.
Cependant, la démarche devant développer l’enseignement professionnel ne semble pas réaliser les objectifs assignés. Pourtant, l’enseignement professionnel devrait au contraire connaître plus d’engouement, puisqu’il devait remplacer l’enseignement technique, qui n’est plus pris en charge dans les lycées du secteur de l’éducation nationale. Ce sont essentiellement la question des diplômes, la question de la graduation vers un enseignement supérieur professionnel et celle de l’orientation qui sont clairement en cause dans le manque d’intérêt pour l’enseignement professionnel, chez les jeunes. Dans la politique de réhabilitation du secteur, l’enseignement professionnel prend une place importante. En particulier, la révision du système d’orientation post-enseignement obligatoire, de façon concertée avec l’éducation nationale, devient urgente et nécessaire.
Mohamed Mebarki, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, à El Djazaïr.com
Entretien réalisé par LEILA BOUKLI
El-Djazaïr.com : L’Algérie célèbre le 50e anniversaire de son indépendance, comment évaluez-vous le parcours du secteur de la formation professionnelle ?
Mohamed Mebarki : L’Algérie célèbre cette année 50 ans d’indépendance. C’est un rendez-vous important pour mesurer le chemin parcouru et évaluer les réalisations dans tous les domaines d’activité. C’est ce que nous tentons de faire, à la fin de ce mois, à travers l’organisation de l’exposition de la formation professionnelle. C’est un secteur qui a été pris en charge par l’Etat algérien dès le début de l’indépendance. L’Etat avait tout de suite pris conscience de l’importance que revêt la formation professionnelle en tant que pourvoyeur de main-d’œuvre qualifiée à l’économie nationale naissante. Il y a lieu de rappeler que seuls dix-sept établissements de formation pour adultes existaient à l’indépendance. De plus, ces structures de formation professionnelle ont été désertées par les personnels enseignants et d’encadrement européens, et c’est le personnel algérien, peu nombreux, qui avait assuré la bonne marche de ces structures. La manifestation de la volonté de l’Etat ne s’est pas fait attendre, puisque dès août 1962, soit deux mois après l’indépendance nationale, il a été procédé à la création d’un Commissariat à la Formation professionnelle et à la Promotion des cadres, et un peu plus tard, à un Conseil national consultatif de la formation professionnelle et de la promotion des cadres, rattachés à la présidence de la République. Il fallait prendre en charge, en urgence, la formation de l’encadrement algérien, et donc reconvertir les établissements vers les besoins économiques du pays, dans des spécialités comme l’électromécanique, le machinisme agricole, la maintenance industrielle, etc. Egalement, des projets de réalisation d’établissements de formation professionnelle ont été lancés dans le cadre des différents programmes de développement, pour offrir aux jeunes Algériens une formation qualifiante, afin de participer à l’effort d’édification nationale. C’est donc depuis l’indépendance que la formation professionnelle est considérée comme un segment important dans le système éducatif national, et continue de bénéficier des avantages de la politique volontariste de l’Etat en matière d’enseignement, d’éducation et de formation. L’organisation de l’exposition des réalisations, à cette occasion, nous permettra de mettre en exergue l’évolution dans l’effort de l’Etat en réalisations d’infrastructures et autres moyens, dans le secteur de la formation professionnelle, mais aussi l’évolution qualitative à travers les politiques menées, pour enfin évaluer les résultats obtenus.
El-Djazaïr.com : Et aujourd’hui, quelles sont les réalisations les plus importantes ?
Mohamed Mebarki : Aujourd’hui, nous sommes à plus de 1100 établissements de formation, répartis à travers le pays, qui accueillent des milliers de jeunes, et qui assurent des centaines de spécialités liées au développement économique et social. Ces centres (CFPA) et instituts (INSFP) de formation, dont cinq sont destinés aux handicapés, sont accompagnés par un réseau d’ingénierie pédagogique composé d’un Institut national (INFEP) et de six instituts régionaux (IFEP), d’un Centre national de l’enseignement professionnel à distance (CNEPD), d’un Office national de développement et de promotion de la formation continue (ONDEFOC), d’un Fonds national de développement de l’apprentissage et de la formation continue (FNAC) et d’un Etablissement national des équipements technico-pédagogiques de la formation professionnelle (ENEFP). Le réseau de structures de formation totalise une capacité pédagogique de plus de 300 000 postes de formation en mode résidentiel avec 54 500 lits pour le régime d’internat, alors que le potentiel de formation par apprentissage est évalué à plus de 500 000 postes, en plus du potentiel de formation à distance dont les limites peuvent être repoussées au gré de la demande. Ce réseau de formation, déjà assez dense, ne cesse de se renforcer en infrastructures puisque, rien que cette année, douze nouveaux établissements, un Institut national supérieur de formation professionnelle (INSFP) de 450 postes pédagogiques, sept Centres de formation professionnelle d’apprentissage (CFPA) de 1900 postes pédagogiques et quatre annexes de 275 postes pédagogiques viennent d’ouvrir. De plus, pour traduire sur le terrain une des orientations du plan d’action du gouvernement, qui prévoit « l’amélioration du service public », nous comptons ouvrir au moins un CFPA ou INSFP par daïra, à la prochaine rentrée de la formation professionnelle. Ces infrastructures, qui seront dotées d’internats, participeront à rapprocher les jeunes des possibilités de formation à des métiers, pour s’insérer plus facilement dans le monde du travail.
El-Djazaïr.com : Vous avez, aussi, évoqué l’existence d’établissements spécialisés pour handicapés ?
Mohamed Mebarki : En effet, les populations à besoins spécifiques, telles que les personnes handicapées, les jeunes en danger moral et les populations en milieu carcéral, sont prises en charge en matière de formation professionnelle, ainsi que la femme rurale et la femme au foyer. C’est depuis l’indépendance que l’Algérie assure une politique d’égal accès, de toutes les catégories sociales, à la formation professionnelle. Aujourd’hui encore, le gouvernement consacre des mesures qui visent à lutter contre l’exclusion sociale et à assurer l’insertion socioprofessionnelle des catégories de populations à besoins spécifiques. Cette volonté de l’Etat s’exprime à travers la loi de 2002 qui contient plusieurs dispositions relatives à la formation professionnelle, en tant qu’outil privilégié pour l’insertion sociale et économique de cette catégorie de citoyens, pour exercer pleinement ses droits et participer à la création des richesses, notamment à travers les dispositifs Ansej, Angem, CNAC, etc.
El-Djazaïr.com : Depuis la dernière réforme, l’enseignement professionnel devait prendre une part importante dans le système éducatif national ; qu’en est-il, aujourd’hui ?
Mohamed Mebarki : En effet, l’enseignement professionnel, issu de la réforme, devait diversifier et enrichir l’espace éducatif algérien, en accueillant une partie (30 à 40 %) des élèves du cycle post-obligatoire. Il visait, en particulier à :
- sortir de l’orientation par l’échec et à valoriser la voie professionnelle,
- diversifier les voies de formation,
- réduire progressivement le nombre de jeunes qui sortent du système éducatif sans qualification et sans diplôme.
Cependant, la démarche devant développer l’enseignement professionnel ne semble pas réaliser les objectifs assignés. Pourtant, l’enseignement professionnel devrait au contraire connaître plus d’engouement, puisqu’il devait remplacer l’enseignement technique, qui n’est plus pris en charge dans les lycées du secteur de l’éducation nationale. Ce sont essentiellement la question des diplômes, la question de la graduation vers un enseignement supérieur professionnel et celle de l’orientation qui sont clairement en cause dans le manque d’intérêt pour l’enseignement professionnel, chez les jeunes. Dans la politique de réhabilitation du secteur, l’enseignement professionnel prend une place importante. En particulier, la révision du système d’orientation post-enseignement obligatoire, de façon concertée avec l’éducation nationale, devient urgente et nécessaire.
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