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Égypte : une stratégie de choc pour relancer l’économie

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  • Égypte : une stratégie de choc pour relancer l’économie

    Après trois ans d'instabilité, l'État a engagé des réformes qui ont surpris par leur radicalité. Efficaces à défaut d'être populaires, elles ont relancé la croissance et l'emploi. Et fait revenir les investisseurs.

    On ne donnait pas très cher de l’Égypte il y a un an, au seuil de l’élection qui devait porter le maréchal Abdel Fattah al-Sissi à la présidence. Les fleurs du printemps égyptien s’étaient fanées, la violente répression qui s’abattait sur les Frères musulmans signait le retour d’une dictature militaire. Dans le domaine économique, la croissance vivotait autour de 2 %, rythme inférieur à la pression démographique et donc incapable d’endiguer l’appauvrissement général.

    Alors qu’il devait affronter un chômage massif des jeunes, un terrorisme endémique, d’énormes déficits publics et une inflation galopante, le gouvernement était privé d’une bonne partie de ses moyens, en raison de la forte baisse des recettes du canal de Suez, de la chute de la fréquentation touristique, de celle des cours des hydrocarbures, mais aussi de la suppression de l’aide militaire américaine. Les 24,8 milliards de dollars (environ 18,2 milliards d’euros) alloués depuis 2013 sous diverses formes par les pays frères du Golfe et d’Arabie saoudite évitaient un naufrage. Mais l’Égypte semblait dans l’impasse.

    Un cocktail nasséro-libéral

    Dès son élection, le 28 mai 2014, le président Sissi a tenu aux pays développés un discours très convenu : « Aidez-nous, investissez chez nous pour que nous puissions résister aux forces réactionnaires et au terrorisme. Il nous faut entre 200 et 300 milliards de dollars pour améliorer le sort des 90 millions d’Égyptiens. » Trop convenu pour qu’on y croie dans un premier temps.

    Puis, des actes sont venus prouver que le nouveau régime mettait en œuvre une stratégie hardie de développement. Dans un étonnant cocktail «nasséro-libéral » qui laisse à la fois admiratif et perplexe, il a entrepris en même temps d’assainir les finances publiques, de renforcer les capacités énergétiques du pays et de susciter une kyrielle de mégaprojets.

    Les objectifs sont clairs : redresser les comptes publics et atteindre une croissance annuelle de 6 %. Le gouvernement a donc taillé dans les subventions aux produits alimentaires et à l’énergie, qui profitaient surtout aux classes aisées et coûtaient quelque 144 milliards de livres égyptiennes (environ 14,7 milliards d’euros), soit le tiers du budget de l’État. En juillet 2014, le prix des carburants a ainsi bondi de 78 % (pour l’essence la plus consommée), et celui de l’électricité de 20 %. Les donateurs du Golfe avaient demandé cet effort.

    Le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens pour séduire les partenaires étrangers
    Une partie des sommes économisées a été réaffectée à des programmes sociaux (éducation, santé). Ce qui explique la faiblesse de l’expression du mécontentement. Laquelle a également été contenue par l’intervention de l’armée, qui a fourni des produits alimentaires à prix réduit provenant de ses magasins et a cassé les grèves de taxis avec ses propres bus.

    Le gouvernement a aussi décidé une série de hausses fiscales. Les taxes sur les cigarettes et l’alcool ont plus que doublé. Les hauts revenus se sont vu infliger 5 % de contributions supplémentaires. L’impôt foncier a été augmenté, et un impôt sur les dividendes institué. Il semble bien que l’État soit « en guerre contre les déficits », comme l’a proclamé le président Sissi, et qu’il soit parvenu à réduire d’un tiers les subventions qui grevaient les comptes publics.

    Le talon d’Achille de l’Égypte, c’est la médiocrité de sa capacité énergétique. Les coupures de courant à répétition n’ont d’ailleurs pas été totalement étrangères à la chute des Frères musulmans. La question est à ce point prégnante que, si la grande Conférence pour le développement économique de l’Égypte, réunie à Charm el-Cheikh du 13 au 15 mars, a permis d’obtenir 130 milliards de dollars de promesses d’investissements, les contrats signés à cette occasion ont porté quasi exclusivement sur la production énergétique (recherche d’hydro-carbures, photovoltaïque, éolien), aussi bien pour ceux passés avec les sociétés d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït et d’Oman (15 milliards de dollars pour la seule compagnie saoudienne Acwa) que pour ceux conclus avec les groupes occidentaux (21 milliards de dollars, dont 12 milliards pour BP). Le gouvernement n’a d’ailleurs pas lésiné sur les moyens pour séduire les partenaires étrangers, puisqu’il a promis aux courageux qui investiraient dans l’électricité un prix garanti pendant vingt-cinq ans et le rapatriement de leurs bénéfices sans restriction.

    Au-delà du volet énergétique, les mégaprojets du président Sissi auront-ils plus de succès que ceux de ses prédécesseurs, de Nasser à Moubarak ? On aura un commencement de réponse si le doublement du canal de Suez est inauguré comme prévu début août. Symboliquement, le chef de l’État a voulu que ces 72 km soient réalisés à marche forcée, sous la houlette de l’armée ou de ses filiales, et avec l’épargne des Égyptiens. Pour en tripler les recettes annuelles, qui atteindraient ainsi plus de 13 milliards de dollars.

    On se doute que ces mêmes entreprises militaires et les sociétés émiraties seront chargées de la construction de la future capitale administrative, à l’est du Caire, et de celle de la zone industrielle projetée le long du canal. Mais qui paiera les 45 milliards de dollars nécessaires à leur réalisation ? Aujourd’hui, la situation de l’économie égyptienne suscite autant de soulagement que d’interrogations. « Le pays se redresse, incontestablement ; nous prévoyons une croissance de 4 % cette année et de 4,6 % en 2016, reconnaît Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient au FMI. Les autorités ont mis en œuvre un ambitieux programme de stabilisation qui raffermit la confiance. Reste qu’il ne profite pas aux jeunes chômeurs et qu’il est urgent de créer de l’emploi. Pour cela, le climat des affaires doit être amélioré de manière significative, afin que les investisseurs étrangers se laissent séduire. »

    Tout le monde croise les doigts

    « La situation de l’Égypte s’améliore, mais elle conserve un niveau de risque relativement élevé, confirme Nourredine Fadhel, économiste chez Standard & Poor’s. Certains pays du Golfe continuent de soutenir le pays, dont la dette extérieure n’est pas très élevée et dont le président fait preuve de volonté politique. »

    Oubliées aussi, désormais, les préventions à l’encontre d’un régime réputé peu démocratique. Les États-Unis ont repris le versement de leur aide militaire. La France a vendu à l’Égypte 24 avions Rafale et sa technologie dans l’énergie solaire. Tous croisent les doigts pour que le président Sissi, qui manie astucieusement le bâton et la truelle, ne soit pas débordé par l’exaspération d’une population lassée d’attendre les fruits d’un Printemps arabe chaotique.

    jeune Afrique

  • #2
    Il s'en vante rarement mais sissi a comme conseiller ni plus ni moins que Tony Blair
    Le traitement de choc que la société égyptienne a réussie a avaler semble donner des résultats ,après il faut voir sur la longueur
    Comme tous pays l'Égypte a besoin d'une gouvernance sérieuse et responsable et la il faut du temps pour juger

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