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De la république des plantons à celle des secrétaires particuliers

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  • De la république des plantons à celle des secrétaires particuliers

    Par Khidr Ali | 02/08/2015 | 10:32 algerie1

    On se souvient dans les années 70, pour consacrer la “politique du plein emploi” chère au défunt président Houari Boumedienne, les services de l’Etat et les sociétés nationales recrutaient à tour de bras. Et comme ces recrutements se devaient de toucher tout le monde, nécessairement des dizaines de milliers de citoyens sans niveau d’instruction ont eux aussi eu leur chance en intégrant qui la fonction publique, qui les entreprises comme SONITEX, SNTV, SONACOM, SONATRACH, SONIPEC, SONABROSSE, SONIC etc… grands pourvoyeurs d’emplois de plantons, ces hommes qui étaient plus que des vigiles, plus que des gardiens, plus que des agents de sécurité, puisque leurs champs d’action était très large, et avaient comme principale mission l’accueil.

    Un sésame qui ouvre les portes du bonheur

    Ils plastronnaient derrière un bureau sur lequel était posé un gros téléphone noir ou gris et grâce à cet outil, ils avaient accès à tous les services pour vérifier que la personne debout en face d’eux avait bien une rendez-vous, et c’est cette proximité avec les différents services qui faisaient d’eux des gens incontournables pour obtenir un avantage, un rendez-vous, un document etc … et surtout l’accès au sein d’un bureau ou d’un service quelconque. Un sorte de sésame qui ouvre les portes du bonheur.

    Avec l’introduction de la gestion socialiste des entreprises (GSE), une autre idée chère à Boumedienne, comme la réforme agraire et bien avant encore du temps de feu le président Ahmed Benbella, l’autogestion, une méthode importée de Yougoslavie, du temps de Jozip Broz Tito et nulle part ailleurs expérimentée, les plantons ont été associés à la gestion des entreprises. Ils faisaient donc partis du ghota de la société et membres à part entière du comité chargé de gérer selon les principes de la GSE.

    Des supers hommes omnipotents

    Autour des DG, très puissants à cette époque, ils officiaient en tant que…chargés des finances, oui oui, votre serviteur a vécu cette période quand il travaillait en étant étudiant pour arrondir ses fins de mois. D’autres avaient en charge…la logistique, le matériel, le personnel etc…mais face aux directeurs centraux, ils ne faisaient les pauvres qu’acquiescer. Une approche économique complètement débile dans un contexte de nationalisme exacerbé et un socialisme spécifique qui a entrainé une déconfiture spécifique. Et c’est dans ce contexte qu’est née la république toute puissante des plantons, ces supers hommes omnipotents.

    Une fois Houari Boumedienne disparu et avec lui l’industrie industrialisante, la révolution agraire, la GSE, le volontariat étudiant, les villages agricoles, les souks el fellah…, les plantons, cette caste spécifique, elle aussi, a eu encore de beaux jours du temps de feu le président Chadli Bendjeddid avant de mourir de sa plus belle mort lorsque les sociétés nationales, confrontées à la réalité économique et au choc pétrolier de 1986, ont commencé à fermer les unes après les autres alors que les survivantes ont été “restructurées” en devenant des gouffres financiers par l’incompétence de ceux qui nous ont gouvernés (cf Abdelhamid Brahimi dit Hamid la science) répétant les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs.

    Les secrétaires particuliers, ces potentats

    La caste des plantons étant morte, vive celle des secrétaires particuliers, ces potentats qui sévissent dans tous les organismes civils et militaires et même dans les partis politiques. Contrairement à nos plantons, ils sont le plus souvent d’un niveau scolaire convenable, la plupart ayant le grade de cadre moyen dans le civil et d’officiers subalternes dans le militaire. Mais ils sont très cotés sur la bourse des valeurs, puisqu’ils sont dans la proximité des patrons, et plus le patron est puissant, président, ministre, général-major, PDG, DG, secrétaire général de parti, plus leur pouvoir est proportionnel à celui de leurs chefs.

    De ce fait, ils sont craints et redoutés à cause de leur pouvoir de nuisance, adulés et encensés, ils aiment être flattés, trônent dans les réceptions, ils sont plus chouchoutés que leurs responsables, reçoivent en permanence des cadeaux, des présents, comme au temps des anciens rois. Pour acheter leurs faveurs, cette pratique d’offrir est un passage obligé parce qu’ils font la pluie et le beau temps. Malheur à celui qui n’obtempère pas à leurs ordres, malheur à celui qui n’est pas dans leurs bonnes grâces, malheur à celui qui est dans leur viseur, car dans ce cas leur courroux est terrible. Ils peuvent vous muter, vous dégager ou vous envoyer à la retraite pour un oui ou un non. Ils ont droit de vie et de mort sur vous par leur seule volonté.

    Ils habitent bien évidemment villa, possèdent la carte pour accéder à la plage du club des pins, trônent dans les hôtels huppés de la capitale ou ceux des grandes villes du pays. Ils se piffrent dans les meilleurs restaurants, occupent les meilleures tables, voyagent en première classe, vont souvent en pèlerinage, construisent des édifices, font des affaires, possèdent des biens, s’associent dans des affaires où ils ne mettent pas un seul kopeck, prennent leurs dus quand ils vous ramènent un prêt bancaire ou lorsqu’ils interviennent en votre faveur.

    Une hogra innommable

    Les plaintes sont nombreuses, innombrables dénonçant ce déni, cette hogra innommable qui touche des pères et des mères de famille et le pire c’est que leurs patrons sont souvent dans l’ignorance, à part certains, de leurs méfaits et c’est ce qui leur confère encore plus de confiance et de latitude dans leurs comportements. et c’est cet état de fait qui pousse votre serviteur à tenter d’attirer l’attention de leurs responsables sur ces prédateurs.

    Ils sévissent dans les cabinets ministériels, dans les grosses entreprises, dans les autres institutions de l’Etat, ils n’ont de compte à rendre à personne. Les exemples sont légion, mais on va se contenter d’un exemple, un seul, celui du secrétaire particulier du chef d’un service de sécurité qui a été rattaché l’année passée à l’Etat-major, un certain Oussama, un potentat qui fait et défait tout ce que bon lui semble et qui prend de plus en plus d’ampleur à l’ombre de son chef.

    « Guellek achef »

    En effet, la communication avec les subalternes se fait par l’intermédiaire de cet omnipotent secrétaire particulier qui a fini par supplanter tous les directeurs et sous-directeurs dans l’exercice de leurs attributions. Par des simples « guellek achef » il fait tout faire à sa guise.

    Les victimes d’Oussama souhaitent que Algérie1 contribue à attirer l’attention du Président Abdelaziz Bouteflika sinon celle du chef d’Etat-major sur les exactions et méfaits de ce secrétaire grisé par les pleins pouvoirs à lui laissés par son chef.

    Si rien n’est fait, Oussama continuera à briser la carrière de qui il veut. Ses victimes sont déjà légion, que dire de celles qu’il fait dans le reste de l’institution !

    La sensibilité de la muette va-t-elle continuer à justifier que l’on taise ce qui s’y passe ? Doit- elle devenir une jungle où les forts dévorent les faibles ? Doit- elle rester un vase clos où règne le non droit ? Les hommes prêts à donner leur vie pour nous défendre n’auront dans ce cas personne pour les défendre. Si rien n’est fait, les Oussama de cette institution et de l’Algérie ont un bel avenir devant eux, tant pis pour les opprimés.
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