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L'origine de l'humanité plus ancienne que prévue

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  • L'origine de l'humanité plus ancienne que prévue

    L’apparition du genre Homo recule de 400 000 ans et celle des premiers outils de… 700 000 ans. Ces deux découvertes majeures, annoncées au printemps 2015, éclairent d’un jour nouveau le scénario de nos origines.
    La corne de l’Afrique est une région tourmentée qui fait l’actualité pour de tristes raisons. En Somalie, les shebab tentent d’imposer un État islamique. Ils ont semé la terreur au Kenya, avec cet attentat à l’université de Garissa qui a tué des dizaines d’étudiants. L’Érythrée prend des allures de bagne, d’où cherchent à fuir des migrants qui s’entassent sur des bateaux pour rejoindre l’Europe, dans l’espoir d’un monde meilleur (1).

    Les paléoanthropologues connaissent cette région pour d’autres raisons : elle fut l’un des berceaux de l’humanité, abritant il y a 3 millions d’années plusieurs types d’australopithèques (dont la célèbre Lucy). Un million d’années plus tard y sont apparus les premiers humains (Homo habilis, Homo erectus), puis sans doute les premiers Homo sapiens, il y a 200 000 ans environ. C’est ici aussi qu’ont été découverts les plus vieux outils du monde.

    Des dents et des outils pour preuves

    Deux découvertes majeures viennent d’être faites dans la région. Elles contribuent à reculer singulièrement la date de nos origines et redistribuent du même coup les cartes concernant les scénarios de naissance de l’humanité.
    Jusqu’ici les plus vieux fossiles humains connus appartenaient à l’espèce Homo habilis, datés de 2,4 millions d’années environ. Or, en décembre 2013, Brian Villmoare, de l’université du Nevada, annonçait la découverte du « plus ancien fossile du genre Homo ». Son équipe a retrouvé un bout de mandibule daté de 2,8 millions d’années sur le site de Ledi-Geraru, dans l’Afar (Éthiopie). Les paléoanthropologues savent faire parler une mandibule. La dentition et la forme de la mâchoire ont la petite taille de celles des humains ; en revanche, le menton est typique des australopithèques (2). Ces traits à la fois modernes (Homo) et anciens (australopithèque) en font donc un candidat idéal pour la transition entre les deux groupes. Et donc pour comprendre l’origine du genre Homo.

    En reculant ainsi les origines des humains de 400 000 ans, on aurait pu se rapprocher de la date des plus vieux outils de pierre connus, trouvés dans la même région. On pourrait en conclure que l’apparition du genre Homo et l’invention des outils sont contemporaines. Sauf qu’une autre découverte majeure, annoncée en mai 2015, vient remettre en cause ce bel agencement. À quelques centaines de kilomètres plus au sud, au Kenya, l’équipe dirigée par Sonia Harmand a mis au jour des outils datant de 3,3 millions d’années, soit 700 000 ans plus vieux que les plus anciens outils trouvés à ce jour et 500 000 ans avant notre plus vieil humain ! 3,3 millions d’années : c’est l’époque des australopithèques. Cela confirme que la fabrication de ces outils n’est sans doute pas le fait du genre Homo.

    Qui étaient ces gens ?

    Des australopithèques qui ont vécu entre 5 et 3 millions d’années en Afrique, on connaît bien la petite Lucy (en fait un nouvel examen de son squelette a montré que Lucy était… un mâle). Plusieurs types d’australopithèques ont coexisté vers 3,3 d’années comme Amanensis, Afarensis, Africanus, etc. Certains ont évolué vers les paranthropes (une forme robuste d’hominidé, éteinte sans descendance). Un autre rameau a sans doute évolué vers la lignée humaine. C’est du moins ce que l’on pensait avant la découverte de Kenyathropus platyops (homme à face plate du Kenya), un genre d’hominidé distinct des australopithèques et qui a vécu à la même époque, dont le fossile a été retrouvé en 1999 au bord lac Turkana (Kenya). À moins encore que l’ancêtre du genre Homo soit ce nouvel australopithèque

    (Australopithecus deyiremeda) dont la découverte en Éthiopie a été annoncée le 1er juin 2015 (3). Un autre ancêtre possible des humains est Little foot, un australopithèque d’Afrique du Sud : les récentes analyses démontrent qu’il est plus vieux qu’on le croyait. Il remonterait en effet à 3,67 millions d’années, plus loin que Lucy.

    Dans le petit monde des paléoanthropologues, chaque équipe pense tenir son « chaînon manquant » entre les australopithèques et les humains (4). Cette profusion de types d’anciens humains est le signe d’une « évolution buissonnante », d’une grande variabilité, peu compatible avec l’idée d’une ligne directrice unique d’un ancêtre à l’autre. Il est donc peu probable que l’on découvre un jour « le » bon candidat pour la transition vers le genre Homo.

    Les premiers outils

    Que sait-on de ces premiers outils, retrouvés récemment en Éthiopie ? Parmi la centaine de pierres taillées retrouvées sur le site, les plus grosses sont de lourds blocs de lave d’où ont été détachés des éclats tranchants. Ils sont issus d’une technique de fabrication « sur enclume », un procédé qui mobilise trois objets : l’enclume (qui sert de support), le bloc de pierre (qui va être cassé pour former l’outil) et le percuteur (qui vient frapper le bloc). Des éclats coupants sont ainsi séparés et serviront de lame tranchante, de hachoir ou de racloir (5).

    Ces outils étaient probablement utilisés par des australopithèques. Certains parlent déjà d’une industrie « Lomekwi », du nom du site de découverte. Une chose est sûre, ces outils n’appartiennent pas à l’industrie d’Oldoway (dite des choppers ou « galets aménagés ») associée jusque-là aux plus anciens outils. Ils sont plus anciens.

    Quelles sont les capacités mentales ?

    Quelles sont les capacités cognitives nécessaires pour fabriquer ces objets ?

    Avouons-le : les chercheurs ne savent pas répondre précisément à cette question, faute d’une théorie sur l’essor de l’intelligence au cours de l’évolution. Ce que l’on a appris ces dernières années de recherche tient en quelques grandes lignes. L’usage d’outils n’est le pas le seul fait des humains (les chimpanzés utilisent des enclumes et des percuteurs pour casser des noix). Mais fabriquer des outils (avec un bord tranchant qui servira à désosser une carcasse) est une autre affaire. Cela suppose un certain niveau cognitif. Les chercheurs s’accordent sur le fait qu’il faut, par exemple, une capacité d’anticipation : il faut planifier une activité à moyen terme, puis la décomposer en une suite d’actions. Cette suite d’actions, que le préhistorien André Leroi-Gourhan nommait « chaîne opératoire », fait appel aux fonctions exécutives situées dans le lobe frontal.

    Pour Dietrich Stout, chercheur à l’Emory University (Atlanta, États-Unis), la découverte des plus vieux outils fournit en tout cas un nouvel élément pour modéliser l’intelligence des anciens hominidés. Avec la découverte de Lomekwi, on sait désormais qu’il a existé, il y a 3,3 millions d’années, un type d’hominidé qui n’était pas encore un humain, mais dont l’intelligence dépassait de loin celle du chimpanzé. À ce titre, il fait tout de même partie de notre lointaine histoire.

    NOTES
    1. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer et Franck Gouéry, Érythrée. Un naufrage totalitaire, Puf, 2015.
    2. Précisément la symphyse mentonnière, point de jonction entre les deux branches dentaires.
    3. Voir Laurent Sacco, « Origine de l’homme : découverte d’une nouvelle espèce d’australopithèque ». www.futura-sciences.com/
    4. Richard Delisle, « La quête illusoire du chaînon manquant », La Recherche, n° 479, août 2013.
    5. Une autre technique (dite « sur percuteur dormant »), consiste à cogner directement le bloc à tailler sur l’enclume.

    SH

  • #2
    les pauvres singes ! ils voulaient en faire coute que coute des cousins lointain ..! :22:

    Commentaire

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