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La difficile mission des commissions de réconciliation en Afrique

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  • La difficile mission des commissions de réconciliation en Afrique

    Au Mali, au Togo, en Afrique du Sud ou en Côte d'Ivoire, les différentes commissions vérité et réconciliation africaines connaissent des réussites mitigées.

    Aider un pays à surmonter ses traumatismes, telle est la tâche des commissions vérité et réconciliation en Afrique. La première ayant vu le jour sur le continent est la Commission vérité et réconciliation en Afrique du Sud. Créée en 1995, elle a été chargée d'enquêter sur les crimes commis durant l'apartheid, aussi bien par le gouvernement sud-africain que par les mouvements de libération nationale. Présidée par l'archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix en 1986, elle représente toutes les tendances politiques du pays.

    Lever le voile sur des crimes non connus

    La commission sud-africaine comporte surtout une innovation : le droit d'amnistie. En échange de leur témoignage public devant les victimes ou les familles de victimes, la commission peut offrir l'amnistie aux auteurs de violences. Le but est de lever le voile sur des crimes non connus ou non résolus et d'éviter une reprise de la violence. Parfois critiquée justement pour ce système d'amnistie, la commission sud-africaine n'en est moins fréquemment citée comme un modèle à suivre, préférant le pardon à la vengeance, pour réaliser, selon les mots de Desmond Tutu, "une psychanalyse nationale".

    Le Burundi a, par exemple, créé en 2014 sa propre commission vérité et réconciliation. Alors qu'elle devait voir le jour en 2002, selon les accords d'Arusha, c'est finalement avec douze ans de retard qu'elle a été créée. Son mandat porte jusqu'en 2018 la charge d'enquêter sur les crimes interethniques perpétrés depuis 1962 dans le pays. Parmi ses attributions, on peut noter la même volonté qu'en Afrique du Sud de prôner le pardon et la réconciliation. Une partie de l'opposition tutsie s'est cependant désolidarisée de cette commission, la considérant comme une émanation du parti au pouvoir du président Pierre Nkurunziza.

    Une efficacité discutable en Côte d'Ivoire

    Autre instance, la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) de la Côte d'Ivoire. Créée le 13 mai 2011, elle commence ses travaux en septembre 2011. En décembre 2014, elle annonce avoir fini sa tâche en identifiant 74 000 victimes de la crise postélectorale de 2010-2011. Le 4 août dernier débute l'indemnisation des victimes. Elle concerne 3 500 ayants droit de personnes décédées. Chaque "victime" recevra un forfait d'un million de francs CFA (1 500 euros). Un millier de blessés doivent également voir leurs soins pris en charge. Une Commission nationale pour la réconciliation et l'indemnisation des victimes (Conariv) a été chargée de poursuivre la tâche de la première commission, jugée incomplète, en identifiant d'autres victimes.

    La CDVR a, en effet, fait l'objet de nombreux reproches. Contrairement à celles d'autres pays (Burundi, Togo, Mali...), la période sur laquelle elle enquête n'est pas clairement spécifiée. Si elle s'est concentrée sur le conflit électoral de 2010-2011 entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, elle laisse donc de côté d'autres périodes troubles, comme le coup d'État de 1999. La commission est par ailleurs accusée de mal gérer son budget. Malgré les 16 milliards de francs CFA qui lui ont été alloués, la CDVR n'a pas eu un écho suffisant auprès du public, et n'a pas pu mener à bien des actions de masse pour récupérer des témoignages de victimes. Son président, Charles Konan Banny, avait reconnu dans un entretien à Jeune Afrique que 45 % du budget avaient été consacrés au seul paiement des salaires.

    Le Mali : "une mission très délicate"

    L'expérience ivoirienne peu concluante n'a pas découragé le Mali de se lancer sur la même voie. En janvier 2014, une Commission vérité, justice et réconciliation a, à son tour, été créée dans le pays. Durée du mandat : trois ans. Chargée d'enquêter sur les violences dans le nord du Mali depuis l'indépendance en 1960, elle vient tout juste de se voir dotée d'un président, en la personne d'Ousmane Oumarou Sidibé. L'ancien ministre, professeur à la faculté des sciences juridiques et politiques de Bamako, a reconnu que la commission aurait "une mission très délicate" : l'expérience semble lui donner raison.

    le Point fr
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