Par La rédaction de "Mondafrique" - Publié le 12 Août, 2015
Le seul nom du Club des Pins évoque les mystères impénétrables du régime algérien. Cette résidence d’Etat luxueuse en bord de mer et à deux pas d'Alger abrite les plus belles villas des "décideurs" algériens.
La résidence du Club des Pins abrite les puissants décideurs algériens lors de leurs conciliabules à l’abri des regards inquisiteurs. Mais cette résidence d'Etat n’est plus une simple zone résidentielle où les dirigeants cachent familles, maitresses ou protégés. Le Club des Pins est devenu le véritable cœur battant où les rapports de forces façonnent les centres de décision en Algérie. Episodes orageux, anecdotes croustillantes, luttes clandestines, les étés à Club des Pins sont toujours sulfureux.
Naguère une simple forêt
Avant de devenir une zone résidentielle au service des plus influents commis de l’Etat algérien, la zone la plus protégée d’Algérie avec des contingents entiers de gendarmes, policiers et agents du DRS, le Club des Pins était une simple forêt de Pins ! D’où son nom de «Club des Pins». La grande forêt et le lieu de villégiature inspiraient alors la quiétude, la tranquillité et la douceur aux familles d’Alger d’avant l’indépendance.
Dans le sillage des joies interminables de l’Indépendance et la fièvre qu’elle avait procuré à toute l’Algérie, un petit village touristique fut construit en contrebas de cette forêt, en face d’une longue plage de sable fin. Des chalets, des bungalows furent construits et les familles algéroises y courraient chaque été durant les années 70 et 80 pour les louer et passer des vacances des plus inoubliables dans ce petit coin de paradis et de plaisir. Des célèbres boites de nuit ont construit la réputation de Club des Pins comme la fameuse "La Pinède" où les couples et jeunes célibataires y passaient des soirées torrides. Des restaurants, un terrain de tennis et des terrasses renforçaient d’une année à une autre le charme irrésistible de Club des Pins. Et juste à côté, il y avait la célèbre station balnéaire Moretti qui abritait bien avant l’Indépendance d’élégantes maisons coloniales propices aux évasions estivales.
Ce tableau idyllique disparait brusquement en 1992 date à laquelle les autorités algériennes décidèrent de transformer le Club des Pins en une Résidence d’Etat. En proie aux violences de la guerre civile qui avait ravagé le pays durant les années 90, ces deux stations balnéaires se transformèrent en zone hautement protégée/ Les chefs de gouvernement, les ministres, les secrétaires généraux des ministères, les présidents des commissions parlementaires, les hauts gradés du DRS et de l’Etat-Major de l’armée algérienne, les dirigeants politiques les plus influents, les familles des Moudjahidine les plus réputés et de nombreuses personnalités nationales, dont des journalistes, investissent des villas hyper-protégées.
Un Etat dans l'Etat
Des 1992, la nomenklatura algérienne se réfugiait dans ce qu’on appelle officiellement la Résidence d’Etat du Sahel au Club des Pins pour fuir les violences de la guerre civile. D’une année à une autre, des travaux sont entrepris pour «bunkériser» et sécuriser encore davantage cette bande territoriale coupée du reste de l’Algérie. Des travaux qui se sont poursuivis même après la fin de la guerre civile puisqu’en 2011, Ahmed Ouyhia, qui loge lui et sa famille dans cette résidence, en sa qualité de chef de gouvernement à l’époque avait institué un périmètre «de protection de la résidence d'Etat ». Un décret avait été promulgué pour «délimiter son contour et de fixer les règles de sûreté».
Depuis ce décret, le Club des Pins est devenu plus que jamais secret et impénétrable puisqu’il est interdit «de pratiquer des activités de pêche, de baignade, de plongée sous-marine, de sports nautiques, de survol par parachute» dans toute cette zone. Pis encore, même les activités agricoles et les cultures arboricoles «exercées ou implantées au niveau du périmètre de protection ne doivent pas constituer une menace ou une nuisance pour la résidence d'Etat du Sahel». Pour les communs des Algériens, il s’agissait là d’une privatisation outrancière qui ne dit pas son nom.
Hamid Melzi l'intouchable
La gestion des affaires quotidiennes est confiée au ténébreux Hamid Melzi. On l’appelle Le «Richelieu algérien», véritable baron du régime algérien. Les remaniements passent, les changements se suivent, mais Hamid Melzi n’a jamais été inquiété, lui qui dirige depuis toujours cette Résidence d’Etat, le club des dirigeants algériens. Cet ancien apprenti-maçon a monté les échelons de manière phénoménale. En véritable homme de réseaux, il a tissé petit à petit son influence. Et au début des années 90, il se retrouve parmi les collaborateurs les plus proches du Général Toufik, le puissant patron du DRS, les services secrets algériens. Il devient son homme de main et son confident. Il gère tout à Club des Pins et connait la moindre parcelle de la vie privée des dirigeants algériens.
Aucun secret d’alcôves n'échappe au Richelieu algérien, aucune zone d’ombre ne lui résiste. Il transmet au DRS tous les dessous de la vie privée des dirigeants hébergés à Club des Pins. De ce fait, le DRS dispose d’un incroyable moyen de pression pour soumettre tous les hauts commis de l’Etat algérien à son bon vouloir. En un véritable Richelieu, Hamid Melzi gère Club des Pins et Moretti d’une main de fer.
Il choie ses invités, il les dorlote, il les répond aux moindres de leurs caprices. Ainsi, à chaque fin d’année, il envoie lui-même des repas luxueux et des buches délicieuses à tous ses résidents. Le lendemain, racontent de nombreuses sources concordantes, on retrouvait une grande partie de cette nourriture dans les poubelles pour la simple raison que les femmes de plusieurs dirigeants algériens ignorent que la buche est le gâteau symbolique des fêtes de fin d’année…
Le seul nom du Club des Pins évoque les mystères impénétrables du régime algérien. Cette résidence d’Etat luxueuse en bord de mer et à deux pas d'Alger abrite les plus belles villas des "décideurs" algériens.
La résidence du Club des Pins abrite les puissants décideurs algériens lors de leurs conciliabules à l’abri des regards inquisiteurs. Mais cette résidence d'Etat n’est plus une simple zone résidentielle où les dirigeants cachent familles, maitresses ou protégés. Le Club des Pins est devenu le véritable cœur battant où les rapports de forces façonnent les centres de décision en Algérie. Episodes orageux, anecdotes croustillantes, luttes clandestines, les étés à Club des Pins sont toujours sulfureux.
Naguère une simple forêt
Avant de devenir une zone résidentielle au service des plus influents commis de l’Etat algérien, la zone la plus protégée d’Algérie avec des contingents entiers de gendarmes, policiers et agents du DRS, le Club des Pins était une simple forêt de Pins ! D’où son nom de «Club des Pins». La grande forêt et le lieu de villégiature inspiraient alors la quiétude, la tranquillité et la douceur aux familles d’Alger d’avant l’indépendance.
Dans le sillage des joies interminables de l’Indépendance et la fièvre qu’elle avait procuré à toute l’Algérie, un petit village touristique fut construit en contrebas de cette forêt, en face d’une longue plage de sable fin. Des chalets, des bungalows furent construits et les familles algéroises y courraient chaque été durant les années 70 et 80 pour les louer et passer des vacances des plus inoubliables dans ce petit coin de paradis et de plaisir. Des célèbres boites de nuit ont construit la réputation de Club des Pins comme la fameuse "La Pinède" où les couples et jeunes célibataires y passaient des soirées torrides. Des restaurants, un terrain de tennis et des terrasses renforçaient d’une année à une autre le charme irrésistible de Club des Pins. Et juste à côté, il y avait la célèbre station balnéaire Moretti qui abritait bien avant l’Indépendance d’élégantes maisons coloniales propices aux évasions estivales.
Ce tableau idyllique disparait brusquement en 1992 date à laquelle les autorités algériennes décidèrent de transformer le Club des Pins en une Résidence d’Etat. En proie aux violences de la guerre civile qui avait ravagé le pays durant les années 90, ces deux stations balnéaires se transformèrent en zone hautement protégée/ Les chefs de gouvernement, les ministres, les secrétaires généraux des ministères, les présidents des commissions parlementaires, les hauts gradés du DRS et de l’Etat-Major de l’armée algérienne, les dirigeants politiques les plus influents, les familles des Moudjahidine les plus réputés et de nombreuses personnalités nationales, dont des journalistes, investissent des villas hyper-protégées.
Un Etat dans l'Etat
Des 1992, la nomenklatura algérienne se réfugiait dans ce qu’on appelle officiellement la Résidence d’Etat du Sahel au Club des Pins pour fuir les violences de la guerre civile. D’une année à une autre, des travaux sont entrepris pour «bunkériser» et sécuriser encore davantage cette bande territoriale coupée du reste de l’Algérie. Des travaux qui se sont poursuivis même après la fin de la guerre civile puisqu’en 2011, Ahmed Ouyhia, qui loge lui et sa famille dans cette résidence, en sa qualité de chef de gouvernement à l’époque avait institué un périmètre «de protection de la résidence d'Etat ». Un décret avait été promulgué pour «délimiter son contour et de fixer les règles de sûreté».
Depuis ce décret, le Club des Pins est devenu plus que jamais secret et impénétrable puisqu’il est interdit «de pratiquer des activités de pêche, de baignade, de plongée sous-marine, de sports nautiques, de survol par parachute» dans toute cette zone. Pis encore, même les activités agricoles et les cultures arboricoles «exercées ou implantées au niveau du périmètre de protection ne doivent pas constituer une menace ou une nuisance pour la résidence d'Etat du Sahel». Pour les communs des Algériens, il s’agissait là d’une privatisation outrancière qui ne dit pas son nom.
Hamid Melzi l'intouchable
La gestion des affaires quotidiennes est confiée au ténébreux Hamid Melzi. On l’appelle Le «Richelieu algérien», véritable baron du régime algérien. Les remaniements passent, les changements se suivent, mais Hamid Melzi n’a jamais été inquiété, lui qui dirige depuis toujours cette Résidence d’Etat, le club des dirigeants algériens. Cet ancien apprenti-maçon a monté les échelons de manière phénoménale. En véritable homme de réseaux, il a tissé petit à petit son influence. Et au début des années 90, il se retrouve parmi les collaborateurs les plus proches du Général Toufik, le puissant patron du DRS, les services secrets algériens. Il devient son homme de main et son confident. Il gère tout à Club des Pins et connait la moindre parcelle de la vie privée des dirigeants algériens.
Aucun secret d’alcôves n'échappe au Richelieu algérien, aucune zone d’ombre ne lui résiste. Il transmet au DRS tous les dessous de la vie privée des dirigeants hébergés à Club des Pins. De ce fait, le DRS dispose d’un incroyable moyen de pression pour soumettre tous les hauts commis de l’Etat algérien à son bon vouloir. En un véritable Richelieu, Hamid Melzi gère Club des Pins et Moretti d’une main de fer.
Il choie ses invités, il les dorlote, il les répond aux moindres de leurs caprices. Ainsi, à chaque fin d’année, il envoie lui-même des repas luxueux et des buches délicieuses à tous ses résidents. Le lendemain, racontent de nombreuses sources concordantes, on retrouvait une grande partie de cette nourriture dans les poubelles pour la simple raison que les femmes de plusieurs dirigeants algériens ignorent que la buche est le gâteau symbolique des fêtes de fin d’année…
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