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FLN : la liberté au bout des crampons

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  • FLN : la liberté au bout des crampons

    La résistance a plusieurs facette l action armée n est qu une partie, est j ai voulue rappeler le tremblement de terre qu a vécu la France a l aube de la coupe du monde en 1958.


    La naissance d'équipes nationales de football a souvent été le prélude à l'avènement d'un Etat indépendant reconnu internationalement. Véritable ciment de l'identité nationale, le football s'est toujours révélé être un outil capable de dépasser le simple cadre du sport pour porter haut les revendications politique, culturelle ou diplomatique.

    Ancienne gloire de Saint Etienne dans les années 50 et 60, Rachid Mekhloufi se souvient de l'engouement suscité par l'équipe du FLN (ndlr, Front de Libération Nationale) dès 1958.
    "La population algérienne était derrière cette équipe". Cette année là, 1958, Clo Clo n'ayant que 19 ans, est une date charnière dans l'histoire de la guerre d'Algérie avec le retour aux commandes du général De Gaulle et la bataille d'Alger. Un durcissement et une tension croissants qui mettent à mal les belligérants des deux camps. Et un peuple qui lutte depuis déjà 4 longues années (ndrl déclenchement de la guerre de libération le 1er novembre 1954) pour arracher une indépendance confisquée en 1830 par les autorités françaises.
    C'est donc dans ce contexte que la concrétisation du projet de création de l'équipe de football du FLN aboutira. Fruit de l'imagination de Mohamed Boumezrag lors des Jeux de l'Amitié de Moscou en 1956, elle prendra forme en Avril 1958. Par un simple communiqué publié depuis Tunis, base de repli de l'armée des frontières, le FLN informera le monde entier de l'événement : " le FLN a la satisfaction d'annoncer qu'un certain nombre de sportifs professionnels algériens viennent de répondre à l'appel de l'Algérie combattante. Ils se refusent d'apporter au sport français un concours dont l'importance est universellement appréciée. En patriotes conséquents, plaçant l'indépendance de la partie au dessus de tout, nos footballeurs ont ainsi tenu à donner à la jeunesse algérienne une preuve de droiture, de courage et de désintéressement".
    Un coup de tonnerre aussi brutal qu'impromptu, notamment pour le milieu du football français qui voit là certains de ses meilleurs joueurs déserter leurs clubs. Au total et sur une période d'un peu plus de 2 ans, 1958-1960, pas moins de 30 professionnels sortent clandestinement des limites du terrain hexagonal. Certains connaîtront des fuites aux allures rocambolesques, de nuit, à travers champs.
    De son côté, Rachid Mekhloufi utilisera les ficelles d'un scénario digne d'un polar signé Jean Pierre Melville. Blessé à la tête dans un match avec Saint Etienne, il est admis le soir même à l'hôpital. Dès le lendemain, l'attaquant des Verts reçoit la visite de deux de ses compatriotes, également joueurs professionnels, Arribi et Kermali. Se faisant passer pour des membres de la famille, ils aident le joueur à sortir discrètement, ce dernier étant militaire à l'époque, engoncé dans son pardessus, casquette enfoncée jusqu'aux oreilles.


    Direction la Suisse puis Rome avant de gagner, au final, Tunis. Cette saignée, dont au moins deux joueurs, Zitouni et Mekhloufi, sont potentiellement sélectionnables pour la future coupe du monde de 1958 en Suède, a eut un gigantesque retentissement. C'était d'ailleurs l'un des objectifs recherché par les promoteurs de cette équipe. Mohamed Maouche, ancien rémois et logisticien de la 4ème et dernière vague de départ, en 1960, témoigne : " Ce qu'on voulait, c'est qu'il y ait un impact politique vis à vis des responsables gouvernementaux français et des médias qui croyaient que le FLN était une poignée de voyous. Qu'il sache que tout le monde voulait l'indépendance de l'Algérie. " Et de reconnaître le succès de l'opération : " ça a été un boum ! Tous les journaux en ont parlé. Le lendemain, tous les journalistes de France Football, l'Equipe, le Figaro, le Monde étaient à Tunis. Sans compter les radios."
    Le 14 Avril, les radios annonçaient " l'Hiroshima " sportif au monde entier.
    Fort de cet effet, la radio du FLN relayait allègrement les news et les victoires de leur équipe dans le but de soutenir psychologiquement simultanément les combattants stationnés dans le maquis et la population. Rachid Mekhloufi se rappelle de l'impact : " Après l'indépendance, beaucoup de maquisards ont avoué que leur moral était regonflé par nos victoires alors qu'eux étaient en difficulté ". Et de poursuivre : " Ils nous remerciaient pour nos résultats qui faisaient mousser la fierté algérienne. Ils nous disaient : "Ouf ! Vous nous avez remonté le moral car on était presque à bout ".
    En complément de la médiatisation engendrée par les moyens de communication traditionnels, les joueurs de cette "Algérie Combattante" étaient les médiateurs de l'idéal qu'ils défendaient. Porte étendard, ils profitaient de leurs déplacements pour faire oeuvre de pédagogie.


    Mohamed Maouche rappelle qu'ils étaient "les ambassadeurs de la révolution algérienne ". Un propos que reprend à son compte Rachid Mekhloufi : " Les populations des pays où l'on faisait nos tournées ne savaient rien de la guerre d'Algérie. Ils se demandaient d'où on venait. On a profité des capacités techniques de cette équipe pour leur expliquer ce qui se passait et l'histoire de l'Algérie ".
    Un vaste périple dans une quarantaine de pays les amènera à disputer 91 matchs en Asie, en Europe de l'Est et dans les Pays Arabes. Une tournée très controversée aux yeux des instances de la FIFA. Menacés de sanctions, certains pays tels que le Maroc ou la Tunisie acceptaient de braver l'interdit. D'autres, comme les pays de l'Est, contournaient judicieusement la fatwa en modifiant l'appellation de leur équipe en groupement de syndicats ou d'associations ouvrières. Cette équipe du FLN, exigeante dans le jeu, n'en demeurait pas moins attachée à certains principes non négociables. " On refusait de faire des matchs s'il n'y avait pas nos couleurs et l'hymne national ", précise Mohamed Maouche.
    Les dirigeants du FLN ont saisi tout l'intérêt et l'opportunité d'utiliser le football comme vecteur de communication et de sensibilisation. Un outil pédagogique facilité par les bonnes performances de cette équipe. Ainsi les autorités roumaines de l'époque ont, elles, demandé aux joueurs algériens de jouer un second match tant elles étaient subjuguées par leurs prestations. Le soutien, diplomatique et populaire, qu'ils reçurent était sincère et non dénué d'humour parfois.
    Le Général Giap, vainqueur de Dien Bien Phu, déclara ainsi à ces hôtes : "on s'excuse, on vous a cédé les parachutistes. Nous avons battu et chassé la France, vous nous avez battu, donc vous battrez la France". Et cette prophétie ne tarda pas à se réaliser
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