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Les pays nordiques ne sont plus ce qu’ils étaient

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  • Les pays nordiques ne sont plus ce qu’ils étaient

    La droite aux commandes dans trois des quatre pays nordiques, du jamais vu depuis 70 ans. Sans compter la montée du populisme…

    La droite aux commandes dans trois des quatre pays nordiques, du jamais vu depuis 70 ans

    Trois des quatre pays nordiques – Danemark, Finlande et Norvège – sont aujourd’hui gouvernés par des forces de droite, une première depuis 1945. Les populistes (de droite) partagent le pouvoir avec la droite libérale depuis octobre 2013 en Norvège et depuis fin mai dernier en Finlande. À Helsinki, libéraux et populistes s’opposent pourtant sur la nécessité d’effectuer des coupes budgétaires comme sur la politique d’immigration et d’asile. Le gouvernement finlandais vient de décider de couper d’un quart son aide au développement, mesure qui figurait dans le programme de la formation populiste des Vrais Finlandais (PS).

    En Suède, droite et gauche de gouvernement ont signé en décembre 2014 un pacte de non-agression qui s’étend jusqu’en 2022 (deux législatures) afin de neutraliser le parti populiste des Démocrates suédois (SD). Moins de trois mois après le scrutin législatif, ces derniers avaient décidé de soutenir le budget alternatif présenté par les forces de droite libérale, ce qui avait conduit au rejet par le parlement du budget présenté par le gouvernement. Le Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven avait alors convoqué des élections anticipées pour le printemps suivant avant que gauche et droite ne décident de s’accorder sur un cordon sanitaire. L’accord stipule que le poste de Premier ministre revient au candidat de la coalition de partis recueillant le plus grand nombre de suffrages et que les partis d’opposition s’engagent à ne pas mettre le gouvernement en minorité lors du vote du budget. La Suède est dirigée par un gouvernement minoritaire. Les Démocrates suédois (12,9% des voix aux élections législatives du 14 septembre 2014) recueillent 25,2% d’intentions de vote dans le dernier sondage publié par Metro le 20 août dernier, ils ont atteint 22,1% mi-juin. Une enquête réalisée par l’institut Sverige Tycker et publiée le même jour par le quotidien Aftonbladet, les crédite de 20,8% des suffrages. On le voit, la progression des Démocrates de Suède est indéniable.

    Enfin, les populistes du Parti du peuple danois (DF) sont arrivés en deuxième position – mais à la première place des partis de droite – lors des élections législatives danoises du 18 juin dernier (21,1% des suffrages et 37 sièges). La formation a confirmé que son résultat des élections européennes de 2014 n’était pas un « accident » (elle était arrivée largement en tête avec 26,6% des suffrages) et a élargi sa base électorale en attirant de nombreux jeunes et des personnes issues de la classe moyenne.

    À l’issue du scrutin, le Parti du peuple danois a choisi de ne pas participer au gouvernement, préférant « rendre (ce dernier) totalement dépendant de nous » selon les mots du député Morten Messerschmidt. Le 28 juin, le dirigeant libéral Lars Lokke Rasmussen a donc formé un gouvernement minoritaire – « très minoritaire » a-t-il lui-même indiqué –, dont beaucoup d’analystes politiques prédisent la fin prochaine.

    Le Parti du peuple danois, formation social-démocrate alternative ?

    Le Parti du peuple danois et le Parti libéral (V) s’opposent sur deux points essentiels : l’État-providence, que les populistes veulent à tout prix préserver (leur dirigeant Kristian Thulesen Dahl a d’ailleurs fait campagne sur une augmentation de 0,8% des dépenses publiques) tandis que les libéraux sont partisans d’une stagnation des dépenses publiques, et l’Europe : la formation de Lars Lokke Rasmussen est pro-européenne quand les populistes sont favorables à une sortie du royaume scandinave de l’Union. Ils souhaitent d’ailleurs que le Danemark organise, comme le Royaume-Uni, un référendum sur ce sujet.

    Les populistes se posent en défenseurs du modèle danois. Selon eux cependant, l’État-providence doit être réservé aux seuls citoyens du royaume, condition essentielle de sa survie. Pour la première fois, le Parti du peuple danois n’a pas fait campagne sur l’immigration, se contentant d’affirmer que ses positions sur le sujet étaient connues des électeurs. De ce fait, il est apparu comme une formation modérée tandis que les autres faisaient de la surenchère sur la restriction de la politique migratoire. Les populistes ont centré leur discours sur la défense de l’État-providence, se montrant « généreux sur le plan social et préoccupés par la situation des plus défavorisés » selon les termes de la politologue Marlene Wind.

    Pour participer au gouvernement, le Parti du peuple danois a exigé la réintroduction du contrôle des frontières du Danemark, mis en place en 2010 par le gouvernement de Lars Lokke Rasmussen et supprimé l’année suivante par la social-démocrate Helle Thorning–Schmidt (SD), et l’abandon du référendum prévu sur la participation de Copenhague à 22 des 50 dispositions juridiques européennes auxquelles le pays n’a pas accès en raison de son exemption du volet Justice et Affaires intérieures (JAI) du traité de Maastricht1. Le Premier ministre a toutefois affirmé que les Danois voteraient sur ce sujet avant la fin de cette année.

    Enfin, les populistes ont demandé une politique d’asile plus stricte.

    Le Parti du peuple danois est de plus en plus considéré par les électeurs comme « une formation social-démocrate alternative », selon l’expression de l’écrivain danois Jens Christian Grondahl. Cette évolution de la formation, très libérale à ses débuts, vers un étatisme de plus en plus important est d’ailleurs commune aux populistes de droite à travers l’Europe.

    Les jours du gouvernement Rasmussen sont comptés

    S’il fallait une preuve de la dépendance des libéraux à l’égard des populistes, la décision le 1er juillet dernier du nouveau gouvernement Rasmussen de rétablir ses frontières avec ses voisins allemands et suédois suffirait. Le Premier ministre avait pourtant toujours affirmé qu’il était opposé au contrôle des frontières et que le Danemark se devait de respecter les accords de Schengen.

    Le chef du gouvernement a également annoncé la réduction de moitié de l’allocation versée aux demandeurs d’asile (celle-ci passera de 10 849 couronnes – 1 454 euros – à 5 945 couronnes – 797 euros). Une allocation de 1 500 couronnes sera versée à ceux qui parlent suffisamment bien le danois et qui répondent aux critères requis pour obtenir un emploi ou suivre une formation.

    Enfin, en moins d’un mois, Lars Lokke Rasmussen est également revenu sur ses promesses de campagne de croissance zéro pour les dépenses publiques et a annoncé une hausse de ces dernières sans toutefois donner d’indication chiffrée.

    On peut néanmoins s’interroger sur le refus des populistes danois d’entrer au gouvernement, une décision qui pourrait être mal comprise par leurs électeurs ; selon une enquête d’opinion, 69% souhaitaient les voir participer au gouvernement.

    Si les gouvernements minoritaires sont fréquents dans le royaume scandinave, il est cependant très rare que ceux-ci soient formés par un seul parti. En 1973, le libéral Poul Hartling, qui avait dirigé le Danemark avec sa seule formation, n’avait siégé que quatorze mois.

    Sans aucun doute, les jours du gouvernement Rasmussen, le plus faible du pays depuis quarante-deux ans2, sont comptés.



    Cette participation est nécessaire pour que Copenhague reste membre d’Europol, agence communautaire de police criminelle. ↩

    Le Parti libéral compte 34 sièges (sur 179) au parlement, soit trois de moins
    que le Parti du peuple danois et soit 19% du total

    contrepoints
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