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Le Virtualisme politique

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  • Le Virtualisme politique

    Le virtualisme…, cette malléabilité, autorise toutes les violations et manipulations du réel.

    En ingénierie politique, quand le comportement réel d’une population ne correspond pas aux prévisions du pouvoir, un lissage virtuel vient réécrire et corriger ce réel pour l’ajuster à la prévision. Ce lissage peut prendre plusieurs aspects. Le plus flagrant consiste à faire comme si on n’avait rien vu, ni rien entendu et à ne pas tenir compte des résultats du scrutin. Les peuples disent « NON » à un référendum, mais on fait comme s’ils avaient dit ‘’OUI’’. Malheureusement, une distorsion des faits aussi énorme révèle la vraie nature du pouvoir politique mis en place. Un bout de réel apparaît, la virtualisation n’est pas parfaite. Il est évidemment plus subtil de noyer le trucage et la manipulation dans des procédures juridiques.

    La réécriture d’un réel qui ne convient pas aux prévisions s’inscrit dans ce fantasme de prédictibilité et de réduction absolue de l’incertitude, fantasme de sécurisation maximum du système qui caractérise la politique quand elle est sous influence « scientifique » ou « technologique’ ». Si ce fantasme sécuritaire semble légitime dans le champ scientifique ou technologique, il conduit dans le domaine sociopolitique vers des dommages collatéraux que l’on peut qualifier comme suit : « Aspiration à un contrôle total du réel, modification générale, manipulation, transformation des sujets en objets et du vivant en non-vivant. »

    Le réel est tout ce qui échappe au contrôle …
    Le réel étant, selon la définition topologique et structurale de Jacques Lacan, « ce qui ne se contrôle pas ». L’ingénierie sociale vise donc à démolir le réel; au profit de quoi ? Au profit d’une reconstruction et redéfinition d’un « pseudo-réel » ou encore d’un « virtuel » parfaitement contrôlé. En termes topologiques, le réel n’est donc pas une chose ou une substance, mais une position.

    N’importe quel phénomène peut être en position de réel, dès lors que l’on bute et surtout qu’on ne le contrôle plus. Ainsi, même le virtuel peut être en position de réel, le « vrai » virtuel n’étant pas le contraire du réel, mais l’abolition de la distinction entre les deux. Le réel est ainsi l’autre nom de l’antagonisme originel qui fonde nos vies psychiques, la contradiction fondamentale des choses qui pose une limite à notre volonté de puissance.

    En politique, le ‘réel’ est tout ce qui est en position de contrepouvoir
    C’est aussi, tout ce qui peut constituer une menace sur la sûreté et la sécurisation de mon pouvoir. De nos jours, la mutation sécuritaire de la politique suit une logique carcérale, la réflexion du pouvoir politique se limite aujourd’hui aux moyens de sécuriser totalement le contrôle des populations, la criminologie en devient tout naturellement le nouveau paradigme théorique.

    Les élites politiques cherchent à abolir tout contre-pouvoir et toute contradiction, la surveillance permanente et l’ingénierie normative des groupes priment sur le débat d’idées contradictoires. Aux Etats-Unis, existent des lois qui criminalisent les partisans d’idées non conformes sans qu’il y ait eu délit en acte !

    L’élimination de toute contradiction, ou encore la mise en scène de pseudo-contradictions et de pseudo-luttes de pouvoir, sont des techniques utilisées pour donner l’impression de sauver le ‘réel’ politique, alors qu’en réalité on le vide de son âme et de toute sa substance. Cette sécurisation du périmètre politique par la fiction est le but exclusif poursuivi depuis environ cinq ans, par les consultants politiques et grands architectes du corps social qui passent leur temps à orienter la perception du réel et à bâtir des structures groupales en forme de pyramide, dont ils seront « l’œil qui voit tout » au sommet. La revue d’analyses stratégiques « De Defensa » a qualifié de « virtualisme » cet état, où la perception du champ politique est volontairement déconnectée du réel.

    Le règne contemporain des pseudo-antagonismes, présentant les signes extérieurs de la contradiction, mais dont les polarités apparemment engagées dans un rapport de force, sont en réalité de connivence ou sous contrôle de la hiérarchie d’au-dessus, nous fait ainsi pénétrer dans l’ère de la virtualisation sécuritaire et de l’abolition du réel en politique.

    - l'économiste Maghrébin
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