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Depuis neuf mois, des centaines de membres de l’État islamique en Irak et en Syrie ont été éliminés lors de frappes violentes de chasseurs canadiens. Mais certains observateurs commencent à remettre en question cette stratégie militaire, a appris notre Bureau d’enquête.
Pourquoi? Parce que les chasseurs CF-18 canadiens n’ont attaqué que les militants de l’ÉI et leurs positions de combat et de préparation, sans s’en prendre aux moyens financiers du puissant groupe terroriste: le trafic du pétrole.
Chaque jour, l’État islamique vole du pétrole dans la zone de conflit puis le transporte par camions en Irak et en Syrie avant de le revendre au marché noir.
Les terroristes se mettent plusieurs millions de dollars en argent liquide dans les poches chaque semaine avec cette activité. Cela permet au groupe de financer ses opérations militaires, ses achats d’armes et de munitions, et de recruter de nouveaux combattants terroristes sur le web, selon nos informations.
Depuis novembre dernier, six chasseurs CF-18 canadiens, appuyés par une équipe de 600 militaires au sol au Koweït, ont fait 870 sorties en Irak et en Syrie.
Ils ont effectué plus de 100 frappes mortelles sur des combattants et des véhicules de l’ÉI. Au total, l’opération coûtera près de 500 M$ aux contribuables canadiens d’ici la fin de l’année.
CIBLE APPROUVÉE ?
Lors d’un entretien avec le Bureau d’enquête en direct du Koweït, la brigadière-générale Lise Bourgon, commandante des Forces armées canadiennes dans l’Opération Impact, confirme qu’aucune frappe canadienne n’a atteint un camion de transport de pétrole. Toutefois, elle refuse de dire pourquoi.
«Pour des raisons de sécurité opérationnelle, je ne peux pas dire ce qui est une cible approuvée ou non approuvée. Nous ne pouvons pas aller là», dit-elle.
Christine Duhaime, avocate experte dans les mesu*res pour contrer le financement du terrorisme, reconnaît que le Canada participe à une coalition dirigée par les États-Unis. Notre pays ne décide donc pas néces*sairement quelles sont ses cibles.
Me Duhaime croit que la décision de ne pas cibler les camions pétroliers n’est pas une stratégie gagnante.
«C’est la façon la plus économique de détruire la mena*ce terroriste dans le désert. En ne le faisant pas, nous laissons le financement du terrorisme continuer», explique Me Duhaime.
PAS AFFAIBLI
Les services de renseignement américains ont récemment conclu qu’après 3,5 milliards de dollars dépensés et près de 10 000 combattants extrémistes tués, l’État islamique a perdu du terrain. L’organisation terroriste n’est cependant pas plus faible qu’elle ne l’était lorsque la campagne de bombardement a commencé, il y a un an.
Bien financé, le groupe reconstitue ses rangs avec des djihadistes étrangers recrutés aussi rapidement que les chasseurs de la coalition sont en mesure de les tuer, avancent-ils.
RENSEIGNEMENTS PRÉCIS
Le fait que les soldats canadiens ne soient pas directement sur le terrain en Irak et en Syrie rend la tâche plus difficile, affirme Phil Gurski, un espion récemment retraité du Service canadien du renseignement de sécurité.
«Est-ce que nos renseignements sont assez précis pour faire la distinction entre un camion pétrolier de l’État islamique et un camion con*duit par un petit camionneur turc ou kurde qui essaie de gagner sa vie?» demande-t-il.
«Admettons-le: si les chasseurs canadiens font une erreur et que des civils sont tués par accident, nos adversaires vont en faire tout un plat.»
Plusieurs membres du Congrès américain se demandent aussi pourquoi la coalition des pays qui attaquent l’État isla*mique ne cible pas plus de camions de transport de pétrole dans la zone de conflit.
La question a provoqué des échanges houleux en novem*bre dernier entre un haut fonctionnaire, d’autres élus et Steve Pearce, un législateur républicain vétéran qui représente l’État du Nouveau-Mexi*que et qui a près de 600 heures de vols de combat au Vietnam à son actif.
ÉCHANGES CROUSTILLANTS
Lors d’une audience publique au Congrès sur le financement de l’État islamique, M. Pearce a posé plusieurs questions pointues à David S. Cohen, le sous-secrétaire au Trésor américain responsable du terrorisme et du renseignement financier. «Les résidents de mon État sont alarmés par le fait que les terroristes s’autofinan*cent avec des revenus du pétrole», a dit M. Pearce, un ex-propriétaire de PME dans le secteur pétrolier.
«Transporter 30 000 barils de pétrole, ça prend 250 camions. Ce sont ces camions qui transportent le pétrole aux marchés. Vous avez accès à ça. Des satellites vous indiquent chaque mouvement, chaque autoroute, chaque champ pétrolier. Vous savez lesquels sont sous leur con*trôle», a dit M. Pearce à M. Cohen.
«Je me demande pourquoi vous n’arrêtez pas le pétrole aujour*d’hui, puisque vous pouvez le faire.»
Visiblement ébranlé, M. Cohen (qui est devenu un directeur adjoint de la CIA en février) a répondu: «Je ne suis pas un cibleur militaire.»
FONCTIONNAIRES SANS RÉPONSES
L’administration Obama nie l’accusation selon laquelle ses militaires n’attaquent pas assez souvent les infrastructures pétrolières de l’ÉI. Une porte-parole du secrétaire de la Défense américaine a dit que ses chasseurs ont à ce jour frappé 196 «infrastructures pétrolières». Ce chiffre inclut des lieux de collection du pétrole et de petites raffineries mobiles, mais aucun camion de transport.
Les militaires canadiens qui effectuent les frappes en Irak et en Syrie sont là pour «protéger» et aider les forces de sécu*rité irakiennes sur le terrain, souligne la commandante *canadienne Lise Bourgon.
«Les cibles qui sont choisies, en Irak ou en Syrie, sont sélectionnées en coor*dination avec nos partenaires de la coalition. Le but est de dégrader la capacité de l’État islamique», dit cette pilote d’hélicoptère de Gatineau qui est la commandante de l’Opération Impact.
«Trouver et développer des cibles est une activité exigeante quant à la quantité de renseignements militaires et la reconnaissance requise», explique-t-elle.
PAS DE DOMMAGES COLLATÉRAUX
Les soldats et les agents du renseignement militaire investissent parfois des centaines d’heures de travail sur une seule cible. Et la prudence s’impose, ajoute la commandante.
Son groupe au Koweït utilise deux avions de patrouille Aurora pour faire de la reconnaissance et de la surveillance aérienne appuyant les chasseurs canadiens et ceux de la coalition.
«On ne veut pas des dommages collatéraux et on ne veut pas tuer des civils en relation avec les cibles que nous choisissons», assure-t-elle.
Identifier et couper les sources de revenus du groupe n’est pas une activité militaire, selon elle: des spécialistes civils s’en occupent.
Des chasseurs et des drones américains ont détruit ou lourdement endommagé des milliers de cibles de l’État islamique depuis le début de leurs frappes en août 2014:
Chars d’assaut: 119
Infrastructures pétrolières: 196
Véhicules militaires «humvees»: 340
Zones de préparation: 510
Positions de combat: 2577
Édifices: 3262
Autres cibles: 3680
TOTAL: 10 684
SOURCE: Forces armées, États-Unis, en date du 7 août
le journal de Quebec
Pourquoi? Parce que les chasseurs CF-18 canadiens n’ont attaqué que les militants de l’ÉI et leurs positions de combat et de préparation, sans s’en prendre aux moyens financiers du puissant groupe terroriste: le trafic du pétrole.
Chaque jour, l’État islamique vole du pétrole dans la zone de conflit puis le transporte par camions en Irak et en Syrie avant de le revendre au marché noir.
Les terroristes se mettent plusieurs millions de dollars en argent liquide dans les poches chaque semaine avec cette activité. Cela permet au groupe de financer ses opérations militaires, ses achats d’armes et de munitions, et de recruter de nouveaux combattants terroristes sur le web, selon nos informations.
Depuis novembre dernier, six chasseurs CF-18 canadiens, appuyés par une équipe de 600 militaires au sol au Koweït, ont fait 870 sorties en Irak et en Syrie.
Ils ont effectué plus de 100 frappes mortelles sur des combattants et des véhicules de l’ÉI. Au total, l’opération coûtera près de 500 M$ aux contribuables canadiens d’ici la fin de l’année.
CIBLE APPROUVÉE ?
Lors d’un entretien avec le Bureau d’enquête en direct du Koweït, la brigadière-générale Lise Bourgon, commandante des Forces armées canadiennes dans l’Opération Impact, confirme qu’aucune frappe canadienne n’a atteint un camion de transport de pétrole. Toutefois, elle refuse de dire pourquoi.
«Pour des raisons de sécurité opérationnelle, je ne peux pas dire ce qui est une cible approuvée ou non approuvée. Nous ne pouvons pas aller là», dit-elle.
Christine Duhaime, avocate experte dans les mesu*res pour contrer le financement du terrorisme, reconnaît que le Canada participe à une coalition dirigée par les États-Unis. Notre pays ne décide donc pas néces*sairement quelles sont ses cibles.
Me Duhaime croit que la décision de ne pas cibler les camions pétroliers n’est pas une stratégie gagnante.
«C’est la façon la plus économique de détruire la mena*ce terroriste dans le désert. En ne le faisant pas, nous laissons le financement du terrorisme continuer», explique Me Duhaime.
PAS AFFAIBLI
Les services de renseignement américains ont récemment conclu qu’après 3,5 milliards de dollars dépensés et près de 10 000 combattants extrémistes tués, l’État islamique a perdu du terrain. L’organisation terroriste n’est cependant pas plus faible qu’elle ne l’était lorsque la campagne de bombardement a commencé, il y a un an.
Bien financé, le groupe reconstitue ses rangs avec des djihadistes étrangers recrutés aussi rapidement que les chasseurs de la coalition sont en mesure de les tuer, avancent-ils.
RENSEIGNEMENTS PRÉCIS
Le fait que les soldats canadiens ne soient pas directement sur le terrain en Irak et en Syrie rend la tâche plus difficile, affirme Phil Gurski, un espion récemment retraité du Service canadien du renseignement de sécurité.
«Est-ce que nos renseignements sont assez précis pour faire la distinction entre un camion pétrolier de l’État islamique et un camion con*duit par un petit camionneur turc ou kurde qui essaie de gagner sa vie?» demande-t-il.
«Admettons-le: si les chasseurs canadiens font une erreur et que des civils sont tués par accident, nos adversaires vont en faire tout un plat.»
Plusieurs membres du Congrès américain se demandent aussi pourquoi la coalition des pays qui attaquent l’État isla*mique ne cible pas plus de camions de transport de pétrole dans la zone de conflit.
La question a provoqué des échanges houleux en novem*bre dernier entre un haut fonctionnaire, d’autres élus et Steve Pearce, un législateur républicain vétéran qui représente l’État du Nouveau-Mexi*que et qui a près de 600 heures de vols de combat au Vietnam à son actif.
ÉCHANGES CROUSTILLANTS
Lors d’une audience publique au Congrès sur le financement de l’État islamique, M. Pearce a posé plusieurs questions pointues à David S. Cohen, le sous-secrétaire au Trésor américain responsable du terrorisme et du renseignement financier. «Les résidents de mon État sont alarmés par le fait que les terroristes s’autofinan*cent avec des revenus du pétrole», a dit M. Pearce, un ex-propriétaire de PME dans le secteur pétrolier.
«Transporter 30 000 barils de pétrole, ça prend 250 camions. Ce sont ces camions qui transportent le pétrole aux marchés. Vous avez accès à ça. Des satellites vous indiquent chaque mouvement, chaque autoroute, chaque champ pétrolier. Vous savez lesquels sont sous leur con*trôle», a dit M. Pearce à M. Cohen.
«Je me demande pourquoi vous n’arrêtez pas le pétrole aujour*d’hui, puisque vous pouvez le faire.»
Visiblement ébranlé, M. Cohen (qui est devenu un directeur adjoint de la CIA en février) a répondu: «Je ne suis pas un cibleur militaire.»
FONCTIONNAIRES SANS RÉPONSES
L’administration Obama nie l’accusation selon laquelle ses militaires n’attaquent pas assez souvent les infrastructures pétrolières de l’ÉI. Une porte-parole du secrétaire de la Défense américaine a dit que ses chasseurs ont à ce jour frappé 196 «infrastructures pétrolières». Ce chiffre inclut des lieux de collection du pétrole et de petites raffineries mobiles, mais aucun camion de transport.
Les militaires canadiens qui effectuent les frappes en Irak et en Syrie sont là pour «protéger» et aider les forces de sécu*rité irakiennes sur le terrain, souligne la commandante *canadienne Lise Bourgon.
«Les cibles qui sont choisies, en Irak ou en Syrie, sont sélectionnées en coor*dination avec nos partenaires de la coalition. Le but est de dégrader la capacité de l’État islamique», dit cette pilote d’hélicoptère de Gatineau qui est la commandante de l’Opération Impact.
«Trouver et développer des cibles est une activité exigeante quant à la quantité de renseignements militaires et la reconnaissance requise», explique-t-elle.
PAS DE DOMMAGES COLLATÉRAUX
Les soldats et les agents du renseignement militaire investissent parfois des centaines d’heures de travail sur une seule cible. Et la prudence s’impose, ajoute la commandante.
Son groupe au Koweït utilise deux avions de patrouille Aurora pour faire de la reconnaissance et de la surveillance aérienne appuyant les chasseurs canadiens et ceux de la coalition.
«On ne veut pas des dommages collatéraux et on ne veut pas tuer des civils en relation avec les cibles que nous choisissons», assure-t-elle.
Identifier et couper les sources de revenus du groupe n’est pas une activité militaire, selon elle: des spécialistes civils s’en occupent.
Des chasseurs et des drones américains ont détruit ou lourdement endommagé des milliers de cibles de l’État islamique depuis le début de leurs frappes en août 2014:
Chars d’assaut: 119
Infrastructures pétrolières: 196
Véhicules militaires «humvees»: 340
Zones de préparation: 510
Positions de combat: 2577
Édifices: 3262
Autres cibles: 3680
TOTAL: 10 684
SOURCE: Forces armées, États-Unis, en date du 7 août
le journal de Quebec
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