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Chantage contre le roi du Maroc : un "biscuit" à deux millions pour les journalistes

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  • Chantage contre le roi du Maroc : un "biscuit" à deux millions pour les journalistes

    Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes mis en examen hier pour "chantage et extorsion de fonds". Le roi du Maroc est partie civile. Les avocats d’Éric Laurent et de Catherine Graciet crient au "traquenard".

    Un très mauvais polar. Deux journalistes arrêtés dans un palace en flagrant délit. Dans leurs poches, une enveloppe de 40 000 euros… "en petites coupures de 100 euros", à leur demande. Dans leur poche encore, une lettre manuscrite à l'encre pas encore sèche scellant un "accord" pour "ne plus rien écrire sur le royaume du Maroc", en "contrepartie du versement de la somme de deux millions d'euros". Le JDD a eu accès aux enregistrements de rendez-vous clandestins. En trois séances avec un avocat marocain, les journalistes Éric Laurent et Catherine Graciet (elle n'était là qu'au dernier rendez-vous) ont scellé ce "pacte" qui leur vaut aujourd'hui d'être mis en examen pour "chantage et extorsion de fonds" et placés sous contrôle judiciaire. Récit d'une folle entreprise.

    Deux journalistes qui connaissent bien le Maroc

    Éric Laurent et Catherine *Graciet connaissent bien le Maroc. Le premier, âgé de 68 ans, a déjà écrit un livre d'entretiens, hagiographique, avec l'ancien roi, Hassan II. Catherine Graciet, plus jeune, a travaillé au sein d'un hebdo marocain d'opposition, Le Journal hebdomadaire. En 2012, les deux journalistes cosignent au Seuil Le Roi prédateur, un livre d'enquête à charge sur Mohammed VI. Avec le même éditeur, une "suite" est prévue pour le début de l'année 2016… "On n'est au courant de rien d'autre", confie au JDD l'avocat de la maison d'édition, Me Bénédicte Amblard. Et pour cause, la suite est restée cachée jusqu'à cette semaine.

    Le 23 juillet, Éric Laurent appelle Rabat et demande à parler à Mounir M., le directeur du cabinet royal. Le 27, il rappelle. Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d'aller aux nouvelles. L'avocat contacte Éric Laurent et convient d'un rendez-vous à Paris le 11 août. Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Monceau. L'avocat a dans sa poche un iPhone en mode enregistrement. Éric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consœur, "qui est mordante"… La bande est entre les mains de la police, qui a dû en booster le son…

    "Vous voulez quoi?" demande l'avocat.
    – Je veux trois.
    – Trois quoi, Trois mille?, interroge l'avocat.
    – Non, trois millions.
    – Trois millions de dirhams?
    – Non, trois millions d'euros."

    L'enregistrement décrypté, l'avocat marocain rentre à Rabat. "Cela paraissait énorme comme demande, et au départ, nous avons même envisagé un piège tendu… Il a donc été décidé au plus haut niveau de déposer plainte à Paris", confie un avocat français du dossier. "Cela semblait d'entrée hallucinant, avec tous les ingrédients du chantage et de l'extorsion de fonds", tonne Me Éric Dupond-Moretti, un des défenseurs du Maroc.

    Des policiers en planque pour le deuxième rendez-vous

    Le 20 août, la plainte est sur le bureau du procureur de Paris, François Molins, qui découvre "une affaire d'État", avec un dossier de "chantage, extorsion de fonds, et association de malfaiteurs". Le procureur saisit sur-le-champ la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Il y a urgence. Le lendemain, l'avocat marocain a un deuxième rendez-vous avec Éric Laurent au bar du Royal Monceau.

    Cette fois-ci, les policiers sont en planque autour de la table, et disposent même d'images prises par les caméras de surveillance de l'hôtel. "Le parquet a préféré, puisqu'il s'agissait d'écouter un journaliste, que ce soit l'avocat qui enregistre, et pas la police", indique une source judiciaire. L'avocat, cette fois-ci, place son iPhone sur la table. Du coup, la conversation est "nette"… Après les préliminaires sur la météo, les liaisons aériennes avec le Maroc, et la Normandie où Éric Laurent a une maison, l'avocat récapitule leur précédente conversation, telle qu'il en a rendu compte, dit-il, à Rabat : "Vous avez des informations très importantes, très sensibles, et qui peuvent avoir un impact important sur le Maroc et sont de nature à déstabiliser le régime de Sa Majesté […] et [dit] que vous étiez, vous et madame Graciet, disposés à renoncer à la publication de cet ouvrage, et de façon plus générale, [que] les informations sensibles que vous avez, vous étiez disposés à prendre l'engagement de les oublier", résume l'avocat. Réponse d'Éric Laurent sur la bande : "Définitivement, exactement." Le marché est clair. "Personne ne veut, ne souhaite qu'un deuxième livre paraisse", embraye l'avocat. Il réclame ensuite des "garanties" de "Mme Graciet". "Vous pouvez les avoir", lui répond son interlocuteur. L'avocat sollicite alors "un biscuit", c'est-à-dire des éléments un peu concrets sur la nature des "infos" gênantes que pourraient avoir les journalistes. La conversation s'éternise sur des sujets plus ou moins sensibles liés au Maroc, les relations de François Hollande avec le régime, l'affaire HSBC… Rien de très "explosif". Les deux hommes tournent autour du pot. L'objectif de l'avocat, ce jour-là, est de cerner l'implication de la coauteure d'Éric Laurent. Il insiste : "Elle sait qu'on se voit?", "Elle est au courant des détails", assure le journaliste, qui confirme aussi qu'elle sait pour "les trois millions". "J'ai besoin de savoir ce qu'elle a en tête, réclame l'avocat, dans quel état d'esprit elle est, et avoir la certitude que si on accepte les termes de votre proposition…" Éric Laurent enchaîne : "C'est très clair, elle vous dira elle-même…" L'avocat insiste ensuite pour "juger sur pièces", et pour que les "choses aillent vite", il réaffirme qu'il n'a "pas le mandat" pour discuter du "montant aujourd'hui" : "Je l'aurai quand vous m'aurez remis les éléments que je pourrai partager soit physiquement soit verbalement." En clair, il veut voir des documents, "pas nécessairement repartir avec"… "Ensuite, on parlera de vos chiffres", dit-il. Éric Laurent promet qu'en cas d'accord, sa coauteure, qui a pour "passion l'équitation", "se consacrera à l'équitation en même temps qu'elle écrira une biographie historique. […] On en a discuté, elle a dit que si vous arrivez à un accord elle arrête tout, le livre, les articles, les interventions publiques"… Éric Laurent glisse même en partant qu'il peut tout aussi bien faire "Le Roi prédateur ou 'Une affaire de famille' tous les deux ou trois ans…" Une phrase lourde de sous-entendus.

    Une avance contre une garantie

    Sur la base de cet enregistrement et du rapport des policiers, le procureur ouvre le 26 août une information judiciaire et trois juges d'instruction sont désignés, dont Isabelle Rich-Flament. Elle va coordonner l'opération de flagrant délit du jeudi 27 août.

    Le rendez-vous a été pris à 11 heures avec Catherine Graciet, Éric Laurent au Peninsula, un hôtel de luxe de l'avenue *Kleber, où l'avocat marocain a une chambre. Les trois se retrouvent au bar. Puis Catherine Graciet, après avoir refusé que le rendez-vous ait lieu dans la chambre de l'avocat, propose de changer d'endroit et d'aller plutôt au Raphael, l'hôtel en face. Prudente. Discrètement, les policiers en planque suivent. Une fois au nouveau bar, l'avocat place une nouvelle fois son iPhone sur la table. La jeune femme lui demandera de le ranger. Prudente encore. Il s'exécute, et place l'appareil dans sa poche. Du coup, la conversation est moins "nette"… Elle va pourtant durer jusqu'à 16 heures. Par étapes. Dans un premier temps, les journalistes ont imaginé la création d'un trust à l'étranger pour toucher les fonds. La journaliste confie qu'elle dispose d'un rapport de la DGSE, les services secrets français, sur Mohammed VI, "lors de ses venues en France". De son côté, l'avocat réclame "une garantie", c'est-à-dire un papier signé de leur main. Eux, veulent "une avance". L'avocat leur propose "un million et demi d'euros", et ils transigent finalement "à deux", "un chacun", après avoir mis en avant l'à-valoir important qu'ils devront rembourser à leur éditeur…
    L'avocat s'absente cinquante minutes pour, dit-il, "discuter avec son client", et retourne dans sa chambre du Peninsula. Selon nos sources, c'est avec les policiers et la juge, informés de l'avancement des discussions, que se décide la suite de ce mauvais polar. Pour leur "avance", les deux journalistes ont exigé des "petites coupures, pas de billets de 500 euros". La juge donne son feu vert. Quand il revient au bar du Raphael, qui est resté sous surveillance discrète de la police, l'avocat a deux enveloppes de 40.000 euros chacune.


    Dans une lettre que s'est procurée le JDD, les deux journalistes s'engagent à "ne plus rien écrire" sur le roi du Maroc, "en contrepartie du versement de la somme de deux millions d'euros".

    Le protocole recopié en trois exemplaires

    De son côté, Catherine Graciet a recopié, à la main, en trois exemplaires, un protocole dont le JDD a une copie : les deux journalistes prennent l'engagement de "ne plus rien écrire" sur le royaume du Maroc, "directement ou indirectement"… et de ne "partager en aucune façon les documents et informations" en leur possession. "La somme de deux millions d'euros leur sera versée" selon "des modalités que nous fixerons", signent-ils. Catherine Graciet précise même qu'elle a travaillé à un documentaire pour France 3… qui sera diffusé "après le présent accord", pour s'assurer que sa diffusion postérieure ne le rendra pas caduc. Prudente encore. Les signataires admettent avoir touché, ce jour, une "avance de 80 000 euros". "Ma cliente est allée au rendez-vous pour voir, en tant que journaliste", confie son avocat Me Éric Moutet, qui dément "tous chantage et extorsion de fonds"… Ce jeudi, il est presque 16 heures. L'avocat marocain ressort seul du Raphael. Les deux journalistes, pendant quelques minutes, finiront leurs verres, et… se croiront riches. Une fortune bien éphémère. À leur sortie du Raphael, ce n'est pas une limousine qui les attendait, mais des voitures de police.

  • #2
    Qui est Hicham Naciri, l'avocat qui a "piégé" les deux journalistes

    Au Maroc, une nouvelle génération a pris les devants sur des chantiers d'avenir. Jeune Afrique a dressé le portrait de 20 femmes et hommes amenés à jouer, demain, un rôle déterminant dans le royaume. Hicham Naciri, avocat d'affaires, en fait partie.

    Fusions, acquisitions, levées de fonds à l’international… Tous les grands deals qui se négocient dans le milieu des affaires au Maroc passent par Hicham Naciri, 45 ans. Fils du célèbre bâtonnier et ancien ministre de la Justice Mohamed Taïeb Naciri, ce diplômé en droit des affaires de l’université de Montpellier (France) est devenu en quelques années l’interlocuteur incontournable des magnats marocains.

    Quand le célèbre cabinet londonien Allen & Overy décide, en 2011, de mettre un pied en Afrique, c’est tout naturellement avec lui qu’il choisit de s’associer. Depuis, son influence s’étend petit à petit sur tout le continent, où il conseille de grands groupes internationaux dans leurs opérations d’expansion panafricaine. Hicham Naciri est aussi l’avocat attitré du Palais et des hommes de pouvoir.



    Source : Jeune Afrique

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    • #3
      Tout en reconnaissant l’existence de la transaction, Eric Laurent assure au contraire qu’elle lui a été « proposée » par un émissaire de Mohammed VI, et qu’il l’a acceptée à la fois pour des raisons personnelles, et pour ne pas « déstabiliser le Maroc ». Il assure aujourd’hui avoir l’intention de terminer et de publier l’ouvrage. Le monde
      Essahra Sahrawiya w'el Moghrib Djoumhouria

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      • #4
        Catherine Graciet affirme « être tombée dans un piège », « c’est le Palais qui propose », « qui corrompt », affirme-t-elle dans une interview au Parisien, lundi 31 août. Mais je me suis fait la promesse que notre livre sortira. Le monde
        Essahra Sahrawiya w'el Moghrib Djoumhouria

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        • #5


          Essahra Sahrawiya w'el Moghrib Djoumhouria

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          • #6
            Le JDD révèle des enregistrements clandestins

            Aucune valeur juridique même s'ils ont été l'oeuvre d'un avocat. Irrecevable devant toute juridiction.

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            • #7
              Aucune valeur juridique même s'ils ont été l'oeuvre d'un avocat. Irrecevable devant toute juridiction.
              Les enregistrements ont été autorisés par le parquet et faits sous la supervision de la police

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              • #8
                Les enregistrements ont été autorisés par le parquet
                Faux !!!

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                • #9
                  Enregistrement ou pas leur lettre est claire et ne laisse aucun doute sur les intentions des ces deux personnages. Eric Laurent avoue avoir appelé le cabinet royal et proposer ce qu'il appel "un deal" contre la publication de son livre. Dans le droit ça se nomme du chantage...

                  L'appatage a été autorisé par un juge... Et la BRDP n'avait plus qu'a les cueillir.

                  Pour info:

                  Le 31 janvier 2012, la Chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé que « les enregistrements audio obtenus à l’insu d’une personne sont recevables en justice en tant que preuve afin de porter plainte contre cette personne au titre d’infractions pénales dont elle se serait rendue coupable et sans que le droit au respect de la vie privée ni même la violation du secret professionnel puisse valablement constituer une limite ».
                  Dernière modification par iridium, 31 août 2015, 15h57.

                  Commentaire


                  • #10
                    @iridium


                    Pour le moment , ils sont libre

                    ils pensent comment éditer leur livre ...

                    c est ça la revanche qui va détruire le roitelet
                    A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

                    Commentaire


                    • #11
                      @spoutnik

                      clandestin , ça veut dire : sauvage sans autorisation

                      Le JDD révèle des enregistrements clandestins accablants pour les deux journalistes
                      .

                      enregistrement sauvage ..

                      Laurent Fabius avait dit son mot :

                      "Mauvais film "

                      aussi !!

                      Par le JJD :

                      L'enregistrement de ces entretiens constitue un "contournement de procédure", s'est insurgé dimanche l'avocat de Catherine Graciet.

                      "Quand on demande à un avocat de faire des écoutes sauvages à la place de la police, il y a un problème", a affirmé Me Éric Moutet .
                      - L'avocat se "réserve donc la possibilité de déposer toute requête en nullité de la procédure relative à ces écoutes sauvages".
                      A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

                      Commentaire


                      • #12
                        Ils peuvent faire ce qu'ils veulent leur crédibilité est entachée a jamais.

                        Commentaire


                        • #13
                          Ils peuvent faire ce qu'ils veulent leur crédibilité est entachée a jamais.
                          .

                          Difficile d humilier des journalistes écrivains d investigations

                          La revanche , le livre sortira
                          A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

                          Commentaire


                          • #14
                            Citation:
                            Les enregistrements ont été autorisés par le parquet
                            Faux !!


                            Jawzia
                            Faux quoi ??

                            Elles n'ont pas seulement été autorisées mais supervisées par la police et le procureur de la république française qui a pris note de la plainte du Maroc et qui a diligenté l’enquête...


                            "Le 20 août, la plainte est sur le bureau du procureur de Paris, François Molins, qui découvre « une affaire d’État », avec un dossier de « chantage, extorsion de fonds, et association de malfaiteurs ». Le procureur saisit sur-le-champ la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP)..
                            La France n'est pas une république bananière comme chez certains et les autorités marocaines ne sont pas si naïves que ça pour commettre un défaut de procédure et tout foirer..

                            Allah ya3fou !!

                            Commentaire


                            • #15
                              Nom d'une pipe, lisez au moins ce que vous postez. Voici la séquence :
                              • Le palais décide de confier à un avocat marocain le soin d'aller aux nouvelles.

                              • L'avocat contacte Éric Laurent et convient d'un rendez-vous à Paris le 11 août.

                              • Cette première rencontre a lieu au bar du Royal Monceau.

                              • L'avocat a dans sa poche un iPhone en mode enregistrement.

                              • Éric Laurent explique son projet de livre, avec sa jeune consœur, "qui est mordante"

                              • L'enregistrement décrypté, l'avocat marocain rentre à Rabat.

                              • IL a donc été décidé au plus haut niveau de déposer plainte à Paris"

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